Le président tchadien Mahamat Idriss Deby, qui avait initialement promis de rendre le pouvoir aux civils à l’issue des élections, a suscité une grande surprise en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 6 mai prochain. Cette décision, dévoilée samedi dernier, a jeté un éclairage nouveau sur les intentions politiques du fils du défunt président Idriss Deby.
Alors qu’il avait précédemment assuré qu’il ne se présenterait pas, Mahamat Idriss Déby a déclaré qu’il avait été convaincu par la mobilisation en sa faveur. Cette volte-face a cependant provoqué des réactions mitigées au sein de l’opposition tchadienne.
L’ancien ministre Neatobei Bidi Valentin, membre du Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), a vivement critiqué cette décision, dénonçant une fausse promesse de la part du président Deby. Selon lui, cette déclaration confirme que Mahamat Deby est venu au pouvoir non pour partir, mais pour rester : « Je dénonce fermement la fausse promesse, la parole qui n’est pas respectée. »
Cette déclaration a également soulevé des interrogations sur la crédibilité des engagements pris par Mahamat Idriss Deby lors de son accession au pouvoir en avril 2021. L’opposition estime que la promesse de céder le pouvoir aux civils était un leurre, une stratégie pour consolider son emprise sur le pays «On dit que lorsqu’un militaire, un officier, promet quelque chose, c’est solennel, cela doit être respecté. Mais personnellement, je ne m’étais pas leurré sur ses intentions. Mahamat Deby est venu au pouvoir non pour partir, mais pour rester », a ajouté l’opposant.
Malgré les critiques, une coalition composée de 211 partis politiques et d’un millier d’organisations de la société civile, ainsi que le parti MPS de son père, soutiennent la candidature d’Idriss Deby à l’élection présidentielle. Cependant, le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine avait exhorté les dirigeants de la transition à ne pas participer à cette élection, soulevant ainsi des questions sur la légitimité de la candidature de Mahamat Déby.
Cette annonce marque un tournant majeur dans la transition politique au Tchad et soulève des inquiétudes quant à la consolidation du pouvoir au sein de la famille Deby. Les prochaines étapes de ce processus électoral seront cruciales pour l’avenir démocratique du pays, alors que les Tchadiens se préparent à se rendre aux urnes dans un climat de tensions et d’incertitudes.
Mariama Dalanda Bah, pour Laguinee.info
