La décision de la junte militaire du Comité national pour le redressement et le développement (CNRD) d’installer des délégations spéciales à la tête des communes rurales et urbaines de Guinée continue de susciter de vives réactions au sein de la classe politique du pays. L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a exprimé son opposition lors de son assemblée générale hebdomadaire ce samedi 27 janvier 2024, qualifiant cette initiative de la junte militaire de “second coup d’État” rapporte un reporter de Laguinee.info qui était sur place.
Cellou Baldé, proche collaborateur de Cellou Dalein Diallo et coordinateur des fédérations intérieures de l’UFDG, a vigoureusement condamné cette décision, la qualifiant de “bêtise de trop”. Il a également accusé les autorités de la Transition de chercher à s’emparer des ressources des collectivités locales.
« Il y a un second coup d’État qui est en train d’être perpétré par le CNRD au niveau de nos collectivités locales. Le code rédigé en République de Guinée conformément à la charte de la transition, c’est une loi qui est toujours en vigueur, elle produit son effet, les collectivités sont organisées, administrées, sur la base de ce code local rédigée. Le principe sacré et fondamental de la décentralisation, c’est la libre administration des collectivités. Si on enlève ça, la décentralisation n’a plus sa raison d’être, les collectivités locales n’ont plus leurs raisons d’être, l’élection des conseils communaux n’ont plus leurs raisons d’être. On peut nommer des sous-préfets, des préfets, des gouverneurs, mais on ne peut pas nommer des maires. Donc, comme l’ont dit les forces vives de Guinée, c’est une bêtise de trop qu’on ne doit pas accepter. » a-t-il martelé
Poursuivant son allocution, cet ancien député uninominal de Labé apporte des précisions sur les dispositions de l’article 80 du code de collectivité locale avant de dénoncer quelques marché gré à gré que les autorités ont signé avec des particuliers.
« En aucun cas, sauf en application des dispositions de l’article 80, un conseil d’une collectivité ne peut être dissous. L’article 80 revient et dit que pour dissoudre un conseil d’une collectivité locale, il faudrait au moins que le tiers des membres soient reconnus coupables de délit par un tribunal… Alors, c’est un autre coup d’État, c’est la force qu’ils veulent utiliser pour enlever les élus, ceux-là que les populations ont choisis, pour mettre d’autres personnes qui obéissent à leurs ordres, comme ils l’ont fait au niveau des circonscriptions territoriales les gouvernorats, les Préfectures, les Sous-préfectures, et même dans une certaine mesure au niveau du CNT… Après avoir partagé des milliards au sommet de l’État avec la SONAP, la rénovation du domicile de Premier ministre à coup de milliards par des marchés de gré à gré, la rénovation annoncée au niveau du ministère des Postes et télécommunications avec des dizaines de milliards de marché gré à gré, il faut mettre main basse sur les maigres ressources des collectivités locales… Le CNRD doit comprendre que trop c’est trop, il doit savoir que le peuple de Guinée n’est pas dupe, il ne peut pas abuser de notre temps… Exigeons le respect du calendrier dynamique des 24 mois. Après le 31 Décembre 2024, que le CNRD ne fasse pas 30 secondes de plus [au pouvoir] », a conclu Cellou Baldé.
Barry Diop, pour Laguinee.info