vendredi, novembre 22, 2024
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Sculpture à Kindia : « Je suis obligé de faire le moto-taxi parce que, mon métier de sculpteur ne marche pas»

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La sculpture, pierre angulaire de la culture guinéenne, se retrouve confrontée à des difficultés considérables dans la ville de Kindia. Les sculpteurs locaux déclarent que cette pratique artisanale ne génère plus de bénéfices depuis plusieurs années, principalement en raison d’une clientèle en déclin, a rapporté le correspondant régional de Laguinee.info basé à Kindia.

Sékou Soumah, Sculpteur à Kindia
Sékou Soumah, Sculpteur à Kindia

Sekou Soumah, sculpteur résidant dans le quartier de la Gare, exprime son désarroi face à cette situation préoccupante : « Le travail actuel ne marche pas. On le fait malgré. D’abord, la première des choses pour trouver le bois brut du village jusqu’ici, ça nous coûte cher. Il n’y a pas de tourisme en Guinée actuellement et cela fait au moins 5 à 6 ans. Avec ces gros bois, on a essayé de vendre mais rien n’a marché. Actuellement, on ne fait que des petites pièces pour nous, les Africains qui peuvent payer au moins 10 à 15 000FG pour nourrir notre famille. Aujourd’hui, quelques 5% des sculpteurs guinéens sont devenus des moto-taxi pour subvenir à leurs besoins, tout comme moi, je fais aujourd’hui le taxi-moto. Je travaille, mais après quelque temps, j’irai circuler, car notre travail ne marche pas et l’État nous a abandonnés. »

Amadou Camara, Sculpteur à Kindia
Amadou Camara, Sculpteur à Kindia

Amadou Camara, un autre sculpteur, partage son expérience : « Pour obtenir le bois, nous devons voyager loin dans les villages pour les acheter. Même une fois les bois trouvés, nous devons encore louer des véhicules pour les transporter jusqu’à nos ateliers. Malgré tout ça, rien ne marche. Le pire, c’est que les statues que vous voyez là sont sur commande, mais depuis plusieurs années, nous ne voyons même pas ces clients qui les ont demandées. Certains de ces statues ont été là pendant près de 6 ans. Les sculptures que vous voyez bien emballées jusqu’à présent ont été envoyées en Europe mais rien n’a marché. Le chef d’ici avait pris un conteneur à lui seul, a géré les frais et les formalités pour ça. Les statues sont parties et revenues sans être achetées. Même 10 millions, il n’a pas gagné. Avant son départ, il avait contracté un crédit à la banque dans l’espoir de le rembourser après la vente de ces statues en Europe. Mais malheureusement, elles n’ont pas été achetées. Il a donc dû revendre ses véhicules pour rembourser ses dettes », explique-t-il.

L’un des sculpteurs exprime : « En Guinée, 85% des sculpteurs n’ont pas pu prospérer. Moi, père de 8 enfants, je suis obligé de faire le taxi parce que, mon métier de sculpteur ne marche pas. »

La situation de la sculpture à Kindia illustre une crise économique et une absence de soutien de la part de l’État envers cette industrie artisanale. Malgré la renommée artistique de la Guinée en matière d’art, la réalité économique des sculpteurs semble très précaire, les contraignant à chercher d’autres moyens de subsistance.

Joël Francis Kolié 33.10

 

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