Après une longue période d’observation, Abdourahamane Sano, ancien coordinateur du FNDC s’est exprimé ce jeudi 04 janvier 2024, devant un parterre de journalistes, au siège du CPR (Citoyens Pour la République), à Kipé, une organisation qu’il dirige actuellement. A cette occasion, l’activiste a fustigé ce qu’il a appelé une gestion unilatérale de la transition par le CNRD, avec à la tête le colonel Mamadi Doumbouya, rapporte une journaliste de Laguinee.info qui était sur place.
Abdourahmane Sano a fait cette déclaration, sous forme d’une lettre ouverte au président de la transition. En s’adressant ainsi au colonel Mamadi Doumbouya, l’activiste a rappelé que le 05 septembre 2021, nombreux étaient les Guinéens qui ont accueilli avec bonheur et espoir son avènement au pouvoir.
« Ils y voyaient, la fin d’un système politique avilissant et l’opportunité de rupture pour renforcer les fondements de notre nation et offrir à notre Peuple de meilleures perspectives et conditions de vie. Le changement intervenu et l’adhésion populaire manifestée étaient le fruit du farouche combat mené par le Peuple, contre le 3eme mandat et pour l’ancrage de la démocratie, sous la houlette du FNDC. Les Guinéens ont aussi salué l’accélération des projets d’infrastructures routières initiés par le régime précédent. Ils ont loué votre intention de moraliser la gestion des affaires publiques et de lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite. D’autres initiatives annoncées ou en cours, comme le procès des événements du 28 septembre 2009, ont donné espoir, quant à un changement de fond dans la gouvernance globale du pays.
À un an de la fin de la durée que vous vous êtes librement accordée pour conduire la Transition et mettre en œuvre le programme que vous avez établi unilatéralement, et au regard des développements qu’on observe, il y a lieu de vous exprimer mes profondes inquiétudes, quant au respect des engagements du CNRD et à une issue apaisée de la Transition actuelle », indique Abdourahmane Sano, coordinateur par intérim du CPR.
Monsieur le Président, poursuit-il, « une bonne Transition se veut un moment de communion et une opportunité de réflexions et d’engagement de tous les acteurs du pays, autour des causes qui l’ont provoquée. Un moment pour s’accorder, en toutes responsabilités et sérénité, sur les solutions viables et sur les mécanismes efficaces et transparents de mise en œuvre, dans l’intérêt exclusif de la nation. Or, le constat d’aujourd’hui révèle l’absence d’un cadre de dialogue paisible et inclusif, permettant de créer les bases d’un consensus national sur la gouvernance le chronogramme et la durée de la Transition. Une telle démarche aurait permis de garantir à la Transition actuelle une légitimité forte et une plus grande chance de succès, se traduisant par des élections transparentes, libres et apaisées, dont les résultats ne feraient l’objet d’aucune contestation crédible ».
Abdourahmane Sano déplore ensuite ce qu’il a qualifié de l’égocentrisme, les calculs politiciens, les vieilles rancœurs, les ambitions démesurées, l’opportunisme et la passion, stimulés par la corruption et la quête effrénée de statut de l’élite, qui ont pris le dessus sur la raison, sur le sens de responsabilité et sur l’intérêt de la nation.
Il ajoute que cet état de fait a conduit à des positions inconciliables qui compromettent aujourd’hui la recherche de solutions endogènes appropriées, devant permettre de redresser nos errements démocratiques.
« Dans ce pathétique affrontement, le CNRD n’a pas su s’élever en arbitre impartial, en privilégiant les retombées bénéfiques et durables pour le Peuple, d’une Transition répondant aux espérances de nos populations, en cette phase cruciale de notre histoire », a-t-il conclu.
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info