La sculpture en Guinée est confrontée à des difficultés de reconnaissance et de valorisation, selon les dires de Gassimou Condé, un sculpteur établi à Yimbaya, commune de Matoto. Malgré son rôle crucial dans la culture guinéenne, cet art ancestral semble ne pas bénéficier de l’appréciation adéquate, rapporte Laguinee.info à travers un de ses reporters.
Pour Condé, la pratique de la sculpture est un héritage culturel essentiel, mais elle est aujourd’hui principalement bénéfique pour éviter la délinquance. Il exprime : « Ce métier est comme un héritage pour nous, mais actuellement nous avons beaucoup d’avantages en faisant cette activité, seulement que ça nous permet d’éviter la délinquance, on ne tombe pas dans le banditisme et un peu de notre quotidien quand même, c’est seulement ça, parce que maintenant», dira-t-il.
Cependant, les sculpteurs comme Condé se retrouvent confrontés à un manque de reconnaissance, de clients pour leurs œuvres et d’apprentis pour perpétuer cet art. Les produits sculptés peinent à trouver des acheteurs, et les rares revendeurs se plaignent du manque de demande, obligeant ainsi les artisans à brader leurs créations :«Nous ne gagnons pas assez de clients actuellement. C’est seulement quelques revendeurs qui viennent prendre les produits. Et ceux -là aussi quand ils viennent en pleurant qu’il n’y a pas de demande. Nous leur donnons les différents produits à bas prix. Parfois ça ne reflète même pas le prix exact de l’objet mais pour ne pas rester sans rien avoir on est obligé à faire avec ce peu-là. C’est comme nous travaillons avec les quelques clients qui viennent».
En outre, le manque d’apprentis constitue un défi majeur pour la pérennité de la sculpture en Guinée. Condé explique que les jeunes hésitent à se lancer dans cette voie par peur de ne pas trouver suffisamment de travail ou de ne pas attirer les touristes, contrairement à d’autres pays où la sculpture est un véritable attrait touristique : « Les apprentis ne viennent pas, parce que même nous les grands maîtres, on ne gagne pas d’argent, il n’y a pas beaucoup de travail. Et beaucoup ne veulent pas se retrouver comme ça après avoir appris le métier. Donc, ils préfèrent de ne pas apprendre la sculpture. Et pourtant, dans les autres pays ce métier attire beaucoup les touristes».
Face à cette situation, Gassimou Condé lance un appel au ministère de la Culture pour une meilleure valorisation de la sculpture guinéenne. Il demande leur implication dans des expositions nationales et internationales afin de promouvoir cet art et de donner aux artisans la reconnaissance et les opportunités nécessaires pour prospérer : « Nous demandons aux autorités de nous assister pour promouvoir la sculpture en Guinée. Mais si le ministre de la culture ne nous associe pas aux différentes activités, tout ce que nous faisons ici ne sera pas vu en Guinée et à l’étranger. Nous lui demandons de nous associer quand il y a des foires nationales et internationales. Cela nous encouragerait à continuer de bien faire notre art et nous permettra de gagner un peu en retour, mais les situations dans lesquelles nous sommes, n’encouragent pas tellement ».
La disparition progressive de diverses activités représentant le patrimoine culturel national doit, selon lui, interpeller les autorités culturelles guinéennes pour préserver ces traditions.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info