Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, toute la presqu’île de Kaloum a ressenti les secousses assourdissantes causées par l’explosion de l’un des plus grands, sinon le plus grand dépôt d’hydrocarbures du pays. A travers la toile et par médias interposés, l’information fut véhiculée dans tous les sens et c’est la nation entière qui fut saisie de peur, voire de stupeur face à la menace de destruction massive que peut constituer un tel accident.
Un incendie au cœur d’une agglomération, vous savez certainement ce que c’est. L’explosion d’un dépôt de carburant d’une capacité de plus de 100 000 mètres cubes situé en pleine ville et en juxtaposition directe avec les habitations et les centres d’affaires, c’est le genre de calamités qui, sous d’autres cieux, ont autrefois consumé des villes entières et décimé des trésors inestimables, sans compter les pertes en vies humaines.
Pour exemple, il suffit de se référer aux récentes explosions au port de Beyrouth en 2020 qui avaient toutes les similitudes avec le cas guinéen. En effet, à Beyrouth tout comme à Conakry, les hommes vivent et travaillent dans les sillages d’un port immense qui abrite en son sein des dépôts de produits explosifs. Dans le cas de Beyrouth, ce fut une succession de deux explosions qui ont provoqué des pertes en vies humaines qui se comptaient par centaines et des blessés graves qui s’estimaient en milliers, sans oublier les pertes matérielles énormes atteignant des milliards de dollars américains. Et depuis lors, ce pays ne s’est toujours pas relevé. Très malheureusement.
Ce tableau qui donne la chair de poule, ce rappel qui fait froid dans le dos est pourtant ce que nous avons effleuré ici à Conakry. Le dépôt de Kaloum situé non loin des principaux centres d’affaires et de l’Administration publique ayant pris feu aux environs de minuit, les risques d’une seconde explosion, celle du dépôt très voisin de Coronthie, était imminent.
Mais Dieu merci, ce pays ne brulera pas en présence de ses fils et filles. Ce pays qui s’est relevé patiemment et obstinément après les péripéties de plus d’un demi-siècle de colonisation, ce peuple de Kissi Kaba, d’Alpha Yaya, de Bokar Biro, de Dinah Salifou, de Zegbela Togba, de Samory, bref, de toutes les imminences que nous connaissons et de tous les martyrs que nous ne connaissons ou ne reconnaissons malheureusement pas, ce pays qui n’a pas sombré suite à l’agression impérialiste sanglante et barbare du 22 novembre 1970, ce peuple vaillant ne laissera pas son si beau pays sombrer.
Notre mère patrie ne sombrera pas devant ses fils et filles à commencer par l’Homme du 5 septembre et ses compagnons d’arme, tous des guerriers intrépides, patriotes dans la chair et dans l’âme, qui ont donné le ton depuis la première explosion.
Tenez-vous bien! Dès la première détonation qui a réveillé toute la ville, le Président de la République en personne et ses jeunes Sofas ont pris d’assaut les lieux pour affronter le feu dans sa fureur. Les spécialistes du feu ont trouvé les lieux investis par les forces spéciales qui n’ont pas reculé d’un iota face aux crépitements des braises de feu que l’incendie crachait. Avec les moyens de bord, tout fut mis en œuvre pour contenir le feu.
De minuit à cinq heures du matin, il n’y eut aucun répit. Les hommes en uniformes, à leur tête Mon Colonel Mamadi Doumbouya, ont discuté et mis en œuvre les meilleures stratégies militaires pour d’abord arrêter l’évolution de l’incendie pour ensuite mettre en place, en collaboration avec l’équipe gouvernementale, un schéma optimal de prise en charge des victimes et blessés mais aussi d’évacuation des civils vivant dans les parages.
Tous les Ministres à tous les niveaux se sont levés comme un seul homme pour impliquer leurs équipes stratégiques et opérationnelles non seulement dans le design des plans de contingences à moyen à court et long terme, mais aussi dans l’apport de solution d’urgence de prise en main immédiate de la situation.
Le Ministre de l’Energie et ses homologues de la Sécurité, de la Santé, des affaires sociales, de l’Administration du territoire, de l’Habitat, bref, tous les ministres du Gouvernement sous la coordination de SEM le Premier ministre se sont donné la main pour faire une étude diagnostique sérieuse de la situation et adopter des mesures palliatives dont entre autres celles d’évacuation des populations riveraines affectées ou non, la mise en place d’un plan d’urgence sanitaire, les mesures contre la spéculation sur les produits pétroliers, etc.
Lorsqu’on parle d’incendie de large envergure dans une capitale, il est difficile pour un historien, ou pour un fanatique des faits historiques, de ne pas se remémorer de l’incendie de Londres qui a paradoxalement commencé un dimanche comme dans notre cas et pris fin un 5 septembre 1666 tout comme le Fils de Hadja Mandjoula avait mis fin à la déroute de notre Etat 355 ans plus tard ce 5 septembre 2021.
Cette nuit du feu, tout portait à croire que nous nous acheminions vers une hécatombe du déjà vu sous d’autres cieux.
Aujourd’hui on peut dire Dieu merci. Les prières et sacrifices des sages des quatre coins du pays ont été exaucées. La crise a été tellement bien gérée que les plus sceptiques commencent aujourd’hui à nier son existence. Moi j’ai lu et écouté hier, des propos négationnistes de la véracité de l’avènement même de l’incendie, sortant carrément de la première théorie d’une agression qui serait venue d’ailleurs, à celle d’un semblant d’incendie occasionné à dessein. On peut dire merci au Gouvernement pour sa promptitude. C’est incontestablement ce qu’on appelle réussir à maitriser un désastre.
En réalité, penser qu’un incendie d’une telle envergure ne pouvait pas être maîtrisé avec autant de savoir et de savoir-faire, c’est mal connaitre le Parrain et c’est sous-estimer son engagement. Aujourd’hui la vie reprend à Conakry de plus belle. Les stigmates de l’accident demeurent certes perceptibles à travers les casses des portes et fenêtres vitrées des immeubles de Kaloum. De toute évidence, les séquelles de la crise continuent à affecter l’économie du pays non seulement à cause de la perturbation de la chaine d’approvisionnement en produits pétroliers, mais aussi à cause de la psychose qui a atteint une grande frange de la population.
Malgré tout, c’est encore une fois le Peuple de Guinée qui vient de montrer et démontrer à la face du monde, sa capacité incontestable à surmonter toutes les infortunes et faire face à tous les obstacles qui se draineront devant son chemin vers son plein épanouissement. Comme le disait Mon Colonel, Son Excellence Monsieur le Président de la République dans son allocution de fin d’année, aucun Guinée, aucune Guinéenne ne de devrait douter de la résilience extraordinaire de ce peuple et de la capacité des fils et filles de ce pays à construire une nation forte et prospère.
Dieu bénisse notre pays.
Oumar Barry, Administrateur Civil
Ingénieur Civil, Economiste du Développement