Depuis trois semaines, les citoyens guinéens font face à des restrictions sur les réseaux sociaux, une mesure attribuée par la Haute Autorité de la Communication (HAC) à des impératifs de sécurité nationale. Cependant, cette décision a entraîné des difficultés considérables pour les étudiants, notamment ceux de l’Institut supérieur de Formation à Distance (ISFAD) de Conakry et des régions, dans le suivi de leurs cours dispensés en ligne, rapporte Laguinee.info à travers une de ses reporters.
Une semaine après la reprise des cours, les étudiants de l’ISFAD expriment leur mécontentement face aux obstacles rencontrés pour accéder aux classes virtuelles. Mariama Dalanda Barry, étudiante en Licence 2 Développement communautaire à l’ISFAD Kindia, a témoigné de sa frustration à ce sujet, ne cachant pas sa colère :
“Nous avons vraiment des difficultés à nous connecter non seulement on utilise le VPN avec grande facturation j’ai payé un forfait de 1 GO hier et ce matin, j’ai reçu une notification qui me dit qu’il ne me reste 400 Mo. Donc c’est une surfacturation et le pire même avec ce VPN on n’arrive pas à accéder à la plateforme. Par exemple, hier j’ai ratée complètement le cour faute de connexion. J’ai toutes les difficultés du monde. Parfois, il faut me déplacer et des fois, redémarrer le téléphone et parfois même je suis obligé d’activer la connexion 3G pour faciliter l’accès. Vraiment, j’ai toutes les difficultés du monde et cette année ces cours sont trop intenses et chaque professeur est venu avec une décision ferme. Si la connexion n’est pas bonne, comment nous on va faire ? », s’interroge cette étudiante.
Mohamed Camara, s’inscrit dans la même lancée et exhorte l’Etat à lever cette restriction. “Vraiment nous souffrons avec cette restriction de l’internet et pourtant L’ISFAD est une institution de formation en ligne, nos cours se passent en visioconférence. Nous demandons à l’État un retour à l’internet pour mieux suivre les cours », a-t-il sollicité.
Les répercussions de cette situation ne se limitent pas au seul mécontentement des étudiants. Les encadreurs eux-mêmes ressentent de plein fouet les défis auxquels sont confrontés leurs élèves. Témoignant de cette réalité, Mohamed Kairaba Sylla, encadreur à L’ISFAD, exprime ses observations et préoccupations.
“Nous rencontrons d’énormes difficultés de connexion parce que, nous nous faisons des cours en ligne, se connecter devient un casse-tête pour nos étudiants et nos professeurs pour donner les cours. Il n’est pas facile d’accéder même à la plateforme parce que l’internet ne marche pas bien, des fois on peut rester à donner le cours, il y a interruption d’internet. Ça impacte beaucoup notre formation et ça nous fait des soucis vraiment c’est un désagrément que notre institution subit, nos étudiants et le personnel de L’ISFAD [aussi])
L’enseignant énumère les conséquences de la restriction du la connexion internet sur, non seulement leur institut mais aussi, l’administration en passant par la vie socioéconomique.
« Aujourd’hui, tout le monde travaille avec l’internet. On utilise ce moyen pour travailler à distance communiquer, donc, le fait que l’internet ne marche pas, ça impacte même la vie socioéconomique du pays car, ce n’est pas ISFAD seulement qui est impacté, même l’administration. Tout le monde utilise l’internet pour communiquer suivre des cours, et travailler. Par exemple avec les embouteillages à Conakry, les gens préfèrent vraiment travailler à distance mais s’il n y’a pas de connexion tout est au ralenti », détaille-t-il. Et d’exhorter les autorités à reconsidérer leur décision : « Nous demandons aux autorités de revenir sur cette décision si ce sont elles qui l’ont prise, pour que ceux qui font la formation et ceux qui font aussi le travail à distance puissent bien travailler. Et si ce n’est pas elles, de mettre la pression sur les sociétés de distribution d’internet afin qu’elles puissent rétablir correctement l’internet parce que l’internet est un outil indispensable à la vie d’une nation », plaide-t-il.
Cette année le ministère de l’Enseignement supérieur a procédé en 2023 à l’orientation des centaines de bacheliers dans les instituts de formation à distance du pays.
Mariama Dalanda Bah, pour Laguinee.info.