Les acteurs sociopolitiques continuent de dénoncer l’acte de brouillage des ondes des radios Fim, Djoma et Espace Fm, ainsi que le retrait du bouquet Canal+, de Djoma TV et Espace TV. A travers un entretien accordé à une journaliste de notre rédaction, Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, président de l’UDRP, a, à cet effet, exprimé un vif regret, avant de dénoncer la stratégie de la Haute Autorité de la Communication (HAC), qu’il qualifie d’être complice des autorités en place. C’était à l’occasion d’une interview accordée à Laguinee.info à travers une de ses journalistes ce vendredi, 15 décembre 2023.
Dr Édouard Zoutomou estime que, restreindre les médias, est un acte qui démontre une sorte de dictature de la part des autorités.
Plusieurs acteurs sociopolitiques ont réitéré leur condamnation concernant les récentes actions de brouillage des ondes des radios Fim, Djoma et Espace Fm, ainsi que le retrait des chaînes Djoma TV et Espace TV du bouquet Canal+. Lors d’une entrevue avec l’une de nos journalistes, Dr Édouard Zotomou Kpogomou, président de l’UDRP, a exprimé ses vifs regrets face à ces événements. Il a également critiqué la stratégie de la Haute Autorité de la Communication (HAC), la qualifiant de complice des autorités en place.
Le Dr Édouard Zoutomou estime que restreindre l’accès des médias reflète une forme de dictature de la part des autorités.
« Nous avons regretté les actes qui ont été posés par la HAC que nous soupçonnons d’être aux ordres de l’exécutif, pour pouvoir non seulement brouiller certaines émissions, mais surtout pour avoir retiré le droit de certains médias pour pouvoir effectivement faire leur travail. Le brouillage des ondes est une mesure qui s’apparente beaucoup aux dictatures. On a l’impression que le CNRD n’est pas confortable avec la façon dont les choses évoluent et pour ne pas que l’opinion soit informée de ce qui se passe, ils sont obligés de prendre des mesures drastiques, parce que généralement, quand on fait une bonne chose on n’a pas besoin de les cacher, mais si c’est des mauvaises choses louches, on ne veut pas que le monde entier s’en rende compte. On est obligé de les cacher. Ceci est une entorse à l’expression du droit à l’information. Et nous pensons que cette période est révolue. Il faut vraiment qu’on donne la chance aux médias de faire leur travail », exprime le vice-président de l’ANAD.
L’acteur politique a exprimé que la présence de problèmes de sécurité a été signalée dans les régions de Haute-Guinée et de Guinée forestière, faisant mention de la présence de terroristes, mais précisant qu’ils ne représentaient pas une menace. Cependant, cette communication était perçue comme une tentative de préparation à des événements actuels. Il a souligné que la restriction de la presse était un moyen de conditionner l’opinion publique à ces circonstances. Selon lui, l’argument de la sécurité nationale pour justifier de telles actions n’est pas convaincant. Il a ajouté que restreindre la liberté d’expression, que ce soit par la censure des médias ou la coupure d’Internet, équivaut à violer ce droit fondamental, car ces plateformes sont des canaux pour exprimer véritablement ses pensées. Il a en outre souligné que la liberté d’expression est un pilier essentiel de la démocratie et que supprimer le fonctionnement des médias constitue une atteinte à ce principe démocratique.
Notre interlocuteur estime aussi qu’avec ces actes, l’espoir est perdu avec l’arrivée du CNRD: « Au départ, le CNRD a été salué de façon enthousiaste. Il faut quand même avoir le courage de dire qu’à la longue, la gouvernance s’est avérée être une véritable déception, parce que rien de ce qui a été promis pendant le discours prononcé par le colonel à la prise du pouvoir ne s’est matérialisé. D’abord, on a cherché à éliminer les partis politiques en réduisant leur nombre dans la représentation au niveau du CNT. Ensuite, on nous fait comprendre que la charte devait être conçue avec les propositions faites par les partis politiques et ces propositions ont été complètement ignorées. »
Il rappelle enfin que les acteurs politiques qui composent l’ANAD, ont tout de même apporté leur soutien aux médias qui font face à ces restrictions :« Nous avons fait le tour des médias pour leur demandé de ne pas baisser les bras, parce que si les médias qui semblent être les porte-voix, on les intimide et eux aussi, ils se recroquevillent, et se mettent en retrait, cela veut dire qu’on va marcher sur eux et sur nous. Nous n’avons pas d’armes et nous ne pouvons rien imposer mais nous demandons à ce que les gens travaillent en synergie pour pouvoir faire face à cette menace. »
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info