Ce vendredi, 15 décembre 2023, la rédaction de Laguinee.info à travers une de ses journalistes s’est intéressée à l’insalubrité dans le marché central de Coyah. Notre reporter y a passé 90 minutes. Lisez son récit!
Il est 11h2, le marché central de Coyah s’anime déjà dans un tourbillon d’activités. La vitalité économique de cette plaque tournante commerciale, qui propulse cette préfecture vers l’intérieur du pays, se mêle étrangement à une détérioration environnementale frappante. À notre arrivée, le constat est saisissant : le terre-plein central du marché est jonché d’ordures, une toile visuelle alarmante au cœur de cet épicentre du négoce.
Les bruits du marché, une symphonie discordante mais vive, envahissent les oreilles des visiteurs. Des conversations animées des marchands aux appels stridents des vendeurs ambulants, chaque son s’entremêle dans une cacophonie caractéristique de ce lieu grouillant d’activité. Le brouhaha incessant des négociations, les roues grinçantes des charrettes sur le sol inégal et les échos des klaxons des véhicules tentant de se frayer un chemin à travers la cohue, créent une atmosphère trépidante.
Quant aux odeurs, elles dévoilent un mélange âcre de parfums émanant des étals de fruits frais et de poissons, s’entremêlant aux effluves putrides des détritus amoncelés. La puanteur qui flotte dans l’air est indéniable, mêlée à la poussière soulevée par l’incessante activité humaine.
Des vendeurs ambulants, empreints d’une détermination palpable à faire des affaires, s’activent parmi ce décor saisissant. Leurs voix retentissent dans un élan continu pour attirer les rares acheteurs potentiels, leur énergie en contraste frappant avec l’environnement délabré qui les entoure.
La reporter de Laguinee.info, s’immisçant habilement à travers ce dédale d’activités, est témoin de la congestion des lieux. Les embouteillages, un spectacle habituel, sont exacerbés par un stationnement anarchique, transformant les voies déjà étroites en un chaos presque inextricable.
Le marché central de Coyah offre en cette matinée du vendredi, 15 décembre 2023, une image saisissante. D’un côté, l’effervescence du commerce, l’ardeur des transactions et de l’autre, une détérioration manifeste de l’environnement urbain, une dualité frappante entre la vitalité économique et l’urgence de revoir les conditions sanitaires et la gestion des infrastructures.
Assis avec prestance sur son moto-taxi, Mamadou Saliou Baldé, conducteur expérimenté, incarne la vigueur de son métier. Ses traits marqués racontent l’histoire d’un homme ayant traversé maintes péripéties dans cet environnement exigeant. À ses côtés, un taxi jaune, vestige d’une époque révolue, offre un contraste temporel saisissant.
Interrogé sur les conditions, Mamadou exprime avec passion ses inquiétudes concernant sa santé, ses yeux reflétant une détermination inébranlable face aux défis du quotidien.
« Ces ordures nous dérangent vraiment » a-t-il déploré car, «Une personne avant tout c’est la santé, si tu es en bonne santé tu peux tout faire, mais si tu es malade tu ne pourras rien faire aussi », s’est il indigné.
Sur sa moto rugissante, le jeune motard fend avec assurance l’air urbain, dissimulant son visage derrière un casque profilé. Revêtu d’une combinaison de cuir noir, il maintient fermement le guidon de sa monture. À ses côtés, le terre-plein central dégradé par des détritus contraste avec sa vision de la route. Ces rebuts urbains heurtent sa passion pour une conduite sans encombre, pour un environnement propre et net.
Visiblement contrarié, le conducteur exprime avec vigueur son indignation face à l’abandon flagrant de l’État dans ce marché envahi par le chaos des déchets. Entre deux soupirs agacés, il dénonce l’inaction gouvernementale devant cette scène de négligence, où les ordures semblent régner en maîtres. Pointant du doigt l’ironie cinglante, il souligne le paradoxe amer des citoyens, contributeurs assidus de taxes pour l’assainissement d’un marché toujours aussi délabré.
«Vraiment, ceci prouve que l’Etat n’a pas pris sa responsabilité. Nous nous acquittons de nos taxes régulièrement et si on le fait, c’est pour qu’on dégage ces ordures et on la rend la ville propre. Avant un ticket était vendu à 1500 francs guinéens et à partir de ce matin, on nous revend à 2000 GNF. Mais nous ne trouvons aucun intérêt de payer ces tickets. Car, si on stationne ici, nous sommes exposés à tout poussière … Comme vous le voyez, je suis muni d’un masque pour me protéger, normalement. Je ne devais pas porter ça en pleine ville à cause de la poussière. Mais nous sommes obligés de porter pour nous épargner des maladies et même ça, nous ne sommes pas protégés à 100% contre ces ordures », explique-t-il très fâché.
Au cœur de l’effervescence du marché, Mamadou Bobo Sall se démarque par sa présence dévouée. Affichant le titre d’étalagiste, il affronte sans relâche un soleil cuisant, dissimulant son visage sous un chapeau protecteur. Malgré son ardeur à vendre ses marchandises, ses efforts sont entravés par des effluves nauséabonds qui s’échappent des détritus alentour. Témoin de la défection de sa clientèle face à cette situation, il s’érige avec résolution, prenant la parole avec détermination. Ses mots, chargés de frustration, résonnent dans l’espace, dénonçant vigoureusement la persistance des ordures dans cet espace de commerce. D’une voix ferme, il interpelle les responsables en charge de cet environnement malsain, exprimant ainsi le désarroi généralisé des commerçants. «Nous souffrons vraiment ici. Il y a des clients qui désistent d’acheter à cause de ces odeurs nauséabondes qui se dégagent ici. Nous souffrons vraiment ! Les responsables du marché doivent prendre des dispositions et chercher un endroit idéal pour déposer ces déchets », dit-il.
Sur le banc, assis avec une concentration palpable, se trouve un homme, ses lunettes reposant sur son front, observant attentivement le tumulte de la scène urbaine qui s’étale devant lui. Ses yeux scrutent avec minutie le désordre des véhicules en stationnement anarchique, créant un enchevêtrement chaotique obstruant la voie, tandis qu’un amas de détritus s’accumule à proximité. Sa préoccupation flagrante pour l’environnement citadin transparaît à travers ses expressions animées, plaidant avec passion pour une action immédiate des autorités municipales. Dans un discours articulé, il implore la commune d’intervenir promptement pour dégager cette artère embouteillée de ses déchets qui obstruent la circulation. Sa posture déterminée et ses paroles teintées d’urgence révèlent un citoyen résolu à restaurer l’ordre et la propreté dans ce quartier assailli par le chaos urbain.
« Les véhicules stationnent ici n’importe comment alors que la route est restreinte. Nous avons dénoncé sans suite favorable. Nous les conducteurs de taxi motos, les policiers exigent à ce qu’on stationne à l’extrémité, mais les véhicules ne respectent jamais ça, c’est du n’importent quoi. Donc, la commune n’a qu’à revoir ça pour trouver une solution mais aussi pour dégager ces ordures au beau milieu de la route car, ça nous empêche même d’exercer bien notre métier”, se plaint Mamadou Cissé, conducteur de moto.
Mamadou Saliou Baldé, un conducteur de moto évoluant dans les rues animées de Coyah, se présente comme le porte-parole intrépide d’une communauté fatiguée. Sa moto, bien plus qu’un simple engin de déplacement, revêt le statut de témoin silencieux des multiples négligences persistantes. Au cœur même de l’effervescence urbaine, debout et engagé, il lance avec une passion indéniable un appel pressant pour remédier à une situation ignorée depuis bien trop longtemps. Son regard, à la fois concentré et empreint de frustration, témoigne de la réalité quotidienne vécue par les habitants, alliant détermination et désir ardent de changement.
« Le maire passe ici tous les jours mais ne réagit pas. D’ailleurs tout le gouvernement y passe, mais puisqu’ils sont dans leur confort, ils ne pensent pas à la souffrance des citoyens lambda. On ne les accuse pas, mais c’est ça la réalité… », exprime-t-il avec une pointe d’amertume.
Accroché fermement à son guidon, le conducteur laisse échapper un soupir exaspéré devant le paysage désolant des rues encombrées de déchets. Son visage, marqué par la fatigue, traduit la réalité quotidienne des chauffeurs confrontés à cette situation alarmante. Sa voix empreinte d’émotion révèle la frustration grandissante face à la prolifération croissante des ordures qui jonchent son chemin. Au cœur de cette scène déplorable, il exprime avec véhémence le ras-le-bol palpable de ceux qui naviguent au milieu de ce chaos urbain. « Les autorités doivent faire face à cette situation, car, ça ternit leur image.», s’exclame-t-il, tandis que son regard, empreint de détermination, scrute les alentours jonchés de détritus. La frustration se mêle à un appel à l’action, soulignant que la simple présence de ces immondices risque d’altérer l’image même de la capitale. «Nous déjà, on fait ce qu’on peut.», ajoute-t-il avec résolution, soulignant les efforts financiers consentis quotidiennement, déboursant 2000 gnf par jour pour maintenir leur espace de travail, soit 60 mille gnf mensuellement, un fardeau économique non négligeable.
Il est 12h30 lorsque nous quittons marché animé, enveloppé d’une odeur âcre d’ordures en décomposition. Parmi la foule, des citoyens expriment leur frustration, soulignant l’absence notoire de poubelles publiques dans ce vaste marché. Ils décrivent un environnement dépourvu de tout endroit pour déposer leurs déchets, laissant les ordures s’accumuler jusqu’à l’arrivée hebdomadaire des agents de ramassage. Avant de quitter ces lieux empreints de négligence, leurs visages expriment un mélange de résignation et d’inconfort face à cette situation persistante.
Mariama Dalanda Bah, pour Laguinee.info