Depuis quelques mois, les ondes de quelques médias privés de la Guinée sont victime de perturbation. Ce qui complique sérieusement la réception des différents programmes chez les auditeurs et téléspectateurs. Face à cette situation qui ne fait que perdurer, le président de l’Union des Radios et Télévisions libres de Guinée (URTELGUI) après un long moment de constat, est sorti de son silence. Très en colère, Aboubacar Camara menace de mobiliser toutes les directions des radios et télévisions privées du pays pour se rendre à la Haut Autorité de la Communication.
Interrogé dans l’émission Les « Grandes Gueules » d’Espace, ce lundi, 27 novembre 2023, il est d’abord revenu sur le constat fait sur brouillage des fréquences : « Nous avons remarqué que depuis plus de trois quatre mois, de manière régulière, également de façon intermittente, vous avez des médias qui sont brouillés, notamment la radio Espace FM, FIM FM, Djoma FM, à l’intérieur du pays vous avez Fasso FM, Milo FM, ainsi de suite. Donc, nous recevons ces rapports et l’URTLEGUI en tant que la faîtière de l’audiovisuel en République de Guinée, nous avons tenté d’entrer en contact avec les autorités. La première autorité en termes de gestion des fréquences en Guinée, c’est l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), nous avons reçu que c’est une panne technique en provenance de ces radios. Selon les informations de l’ARPT, ces problèmes ne viennent pas d’eux. Donc, nous avons tenté de pousser nos enquêtes pour comprendre ce qui est en train de se passer au niveau de ces radios », explique-t-il.
Pour comprendre le fond du problème, M. Camara dit avoir approfondi les enquêtes : « Nous avons fait faire l’expérience avec deux médias, c’est-à-dire vous prenez une fréquence bien déterminée d’un média qui est brouillée à l’instant T. L’émetteur avec toute l’installation au niveau de la radio, au niveau de la régie et tout, mais ça ne passe pas à la réception. Nous changeons juste la fréquence, de l’autre côté, vous avez déjà une autre radio qui est calée sur cette nouvelle fréquence. Vous mettez sur cette fréquence et automatiquement, la radio parle(fonctionne, ndlr). Nous avons remonté l’information. Il y a du brouillage qui est en train de se faire sur cette fréquence. »
Des moyens sophistiqués
Concernant le pouvoir technique et technologique de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications, M. Aboubacar Camara pense que l’institution ne manque pas de moyens sophistiqués. « Si vous avez aujourd’hui une radio clandestine qui émet dans un coin de la Guinée, l’ARPT a les moyens techniques et technologiques pour dénicher cette radio à travers l’émission de ses ondes . Lorsque des situations comme se posent que le gestionnaire, celui même qui te met à disposition la fréquence, regorge en son sein des équipements de dernière génération pour pouvoir pallier ce problème. » et de refuser d’admettre l’idée selon laquelle l’ARPT n’est pas au courant de ces perturbations des fréquences. « Aujourd’hui, on ne peut pas nous dire que l’ARPT ne sait pas ce qui est en train de se passer sur les différentes fréquences que je viens de citer. Nous savons que tout récemment, les émetteurs de grande capacité ont été acheminés un peu partout à travers le pays et à Conakry ».
Des avertissements
Le premier responsable de l’URTELGUI dit avoir averti les autorités : «Nous avons tiré sur la sonnette d’alarme pour interpeller les gouvernants pour dire que ce qui est en train de se passer, ce n’est pas normal. Nous ne pouvons pas l’accepter et nous avons vu que le problème est en train d’aller crescendo. Cela fait 48 heures maintenant c’était sur FIM FM, et ce matin, le temps pour moi de venir constater de visu la situation au niveau de FIM, Djoma FM a été brouillé. Dimanche surpassé, c’était Espace FM ».
M. Camara accorde une chance aux autorités avant de mettre en exécution sa menace : « Nous donnons cette journée, le bénéfice du doute aux autorité , au Président de la transition à qui nous pensons qu’il est de bonne foi, pour nous jusqu’à preuve de contraire et nous pensons qu’il est parfaitement au courant de ce qui est en train de se passer [pour régler cette situation, ndlr]».
L’ARPT pointée du doigt
Plus loin, il pointe du doigt le responsable des perturbations dont sont victimes les médias sus-cités : « Je veux dire que ce qui est en train de se passer, c’est l’œuvre de l’ARPT. Nous le savons. Et quand on dit l’ARPT, il y a le ministère des Télécommunications et de l’Economique numérique derrière parce que c’est une direction qui relève de ce ministère. Il appartient aux autorités à tous les niveaux, au Président de la transition de prendre les responsabilités. Les médias ne sont pas comme les autres entités. On ne peut pas écraser la presse, on ne peut pas museler la presse dans un pays », accuse-t-il.
Si rien n’est fait d’ici la fin de l’ultimatum donné, Monsieur Camara sait déjà ce qu’il va faire : « A partir de demain, si rien n’est fait aujourd’hui, nous allons faire ce qu’on appelle de désobéissance civile médiatique. L’URTELGUI va donner l’ordre à partir de demain. L’ensemble des différentes directions des radios et télévisions privées sur le territoire, ceux de Kankan ont déjà commencé à rallier Conakry, on va se transporter au niveau de la HAC(Haute Autorité de la Communication) ».
Laguinee.info