Les doutes s’intensifient sur l’évolution de la transition guinéenne. Déjà 2 années se sont écoulées mais aucun projet de constitution n’est jusque-là pas présenté par le pouvoir en place, ni la situation du chronogramme n’est en train d’être évoquée. Une journaliste de Laguinee.info a interrogé Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou sur ce sujet ainsi que sur d’autres liés à la gestion du pays par les militaires.
Le président de l’UDRP visiblement pessimiste, a mis l’accent tout d’abord sur l’apport des grandes puissances pour soutenir la transition guinéenne, notamment l’aide technique évoquée par les États-Unis récemment.
« L’implication des puissances, le Groupe du G5 par exemple, dans l’accompagnement du processus de transition en Guinée. Mais vous savez, c’était à l’époque. Nous avions tout le temps, et cela demandait que tout le monde se retrouve autour d’un cadre réel de dialogue au cours duquel on débattrait de toutes ces questions sans tabou. Maintenant, nous sommes à un moment où la Cédéao a concocté un accord tripartite avec le CNRD, qui était d’ailleurs un véritable marché de dupe, dans lesquels les uns avaient des intérêts concrètement divergents. Au moment où la Cédéao s’acharnait justement pour avoir entériner la durée des 24 mois, en ce moment, le CNRD était focalisé sur le passage de ces 10 points au chronogramme », explique Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou.
Poursuivant, cet acteur politique membre de l’ANAD a souligné que « nous sommes maintenant à 13 mois, si c’est en ce moment qu’on doit faire une nouvelle constitution, à faire tout le battage qui doit y avoir pour faire un référendum avant d’organiser des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel, je doute », soutient-il.
Pour le président de l’UDRP, les gens ne comprennent pas l’enjeux ajoute-t-il : « C’est ce qu’il faut peut-être leur exprimer. On n’a jamais dit qu’on ne peut pas avoir une nouvelle constitution. Mais on a toujours dit que la nouvelle constitution aurait dû venir avec une équipe élue. Ce qui est certain, c’est que, la mise en place de la nouvelle constitution n’est pas la condition sine qua non pour un retour à l’ordre constitutionnel. Il y a des pays qui l’ont fait, mais ils n’ont pas fait de nouvelle constitution et ils n’ont pas fait de recensement général comme on le suggère ici », a fait savoir l’acteur politique.
Pour finir, Dr Édouard Zotomou Kpogomou averti : « Mais nous, nous avons dit que si l’objectif est de retourner rapidement à l’ordre constitutionnel, il y a des voies. On n’a pas besoin de réinventer la roue. Parce que tout ce qui est en train d’être fait, c’est effectivement stratagème simplement pour prolonger la transition. Or, plus une transition dure, plus elle se créer des problèmes. Je crois que nous sommes à la croisée des chemins, parce qu’on est en train de voir des problèmes qui se soulèvent par ci par là », dit-il.
Sirani Diabaté pour Laguinee.info