vendredi, septembre 20, 2024
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Vote du 28 septembre 1958 : un compagnon de l’indépendance dit tout sur l’acquisition de la souveraineté nationale

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La date du 28 septembre en Guinée rappelle un jour important dans l’histoire du pays. Il s’agit d’une période qui a marqué le vote pour le NON, contre la soumission à la France, dirigée à l’époque par le Général Charles De Gaulle. Les enjeux dudit vote, son importance entre autres, ont été détaillés par un ancien haut fonctionnaire de la première République et membre du PDG, avec à sa tête, feu Ahmed Sékou Touré, au micro de Laguinee.info à travers une de ses journalistes.

Le 28 septembre, a été le jour retenu par le Général Charles De Gaulle ancien président français pour consulter ses colonies. En 1939, la France et la Grande Bretagne, ont tous les deux déclaré la guerre à l’Allemagne. Six ans de combats, les allemands étaient à quelques kilomètres de Paris. La France a capitulé. C’est le général De Gaulle qui s’est rebellé. Il était dans le gouvernement qui menait la résistance à l’Allemagne. Quand le gouvernement a décidé de capituler, il (De Gaulle) s’est opposé. Et il a préféré démissionner. Parti à Londres où il s’est réfugié, De Gaulle a fait le fameux appel qu’on a qualifié d’appel du 18 juin, à l’Afrique à se joindre à lui pour libérer la France. Les anglais lui ont donné le bateau pour venir en Afrique. A Dakar, ils ont tiré sur son bateau mais il contourné et l’Afrique centrale l’a bien reçu. Ils ont réuni les jeunes pour former une armée. Selon notre interlocuteur, au moins 17 mille hommes ont été réunis, un peu partout (Afrique Centrale, Afrique du Nord, Afrique du Sud), où on a réuni les gens pour le secours de la France. Hitler l’a reconnu, que sans la détermination des africains, la France n’allait jamais se libérer.

Elhadj Mamadi Sanassy Keita, président d’honneur du PDG

« Après des années, De Gaulle a décidé de consulter les africains, sur leur coopération avec la France. Il a fixé la date du 28 septembre, pour faire une tournée dans les anciennes colonies. En août 1958, il a commencé par Madagascar, puis Abidjan, etc. Conakry n’était pas prévu. Mais les renseignements généraux lui ont fait comprendre que s’il ne vient pas à Conakry, il y a un jeune là, qui risque de chambouler les choses. Mais si De Gaulle vient (à Conakry), peut-être qu’il pourrait le faire fléchir. C’est dans ce cadre qu’il est venu dans la capitale guinéenne le 25 août 1958. Ce jour, une pluie diluvienne est tombée sur Conakry. Mais toute la population est restée débout pour recevoir le général De Gaulle. Personne n’a bougé. Tout le monde brandissait la photo de l’éléphant. Pour le président français d’alors, cet accueil était réservé pour lui, pourtant c’était une œuvre du PDG. On l’a très bien accueilli. Il a dit lui-même, qu’il n’a jamais été reçu dans un milieu comme à Conakry. Après ils se sont réunis à l’assemblée territoriale (actuel siège de la Haute Autorité de la Communication – HAC). Le président de l’assemblée nationale à l’époque, Saifoulaye Diallo, a planté le décor. Il a donné tous les mérites de De Gaulle d’abord. Il était très content. C’est ainsi qu’ils ont donné la parole au président Ahmed Sékou Touré. Quand il a dit, ‘’nous avons un vif et impératif besoin, c’est celui de notre dignité. Or il n’y a pas de dignité sans liberté. Nous choisissons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage’’ Là, De Gaulle a enlevé son képi, il a l’a posé sur la table où il l’a d’ailleurs oublié en partant. C’est le journaliste Émile Tom papa qui a pris le képi pour le lui donner. Il ne s’attendait pas à une telle désobéissance venant d’une colonie. Dépassé qu’il était, il a refusé de manger en Guinée ce jour », a longuement expliqué Elhadj Mamadi Sanassy Keita, président d’honneur du PDG et ancien gouverneur de la région fédération pilote de Kankan, sous le régime de Sékou Touré.

Le 14 septembre, le PDG a réuni l’ensemble de la classe politique et toutes les représentations, précise Sanassy. « Je précise aussi que toutes les formations politiques de l’opposition ont rejoint le PDG pour voter Non. Donc, le vote du 28 septembre a été unanime. C’est toute la Guinée qui a voté. 95% de la population ont voté Non. Donc l’indépendance, c’est le fait de tout le peuple de Guinée », a-t-il fait savoir.

Parlant du jeudi 2 octobre 1958, le compagnon de l’indépendance souligne : « A 10 heures 30, on a proclamé l’indépendance, à l’assemblée territoriale. Le jeudi suivant, Général Charles De Gaulle a présidé une réunion d’états majors à l’Elysée, pour dire, je veux Sékou Touré à terre devant moi. Son chef d’état-major a proposé que la Guinée soit attaquée frontalement, en passant par leurs complices collaborateurs pour pouvoir renverser Sékou Touré », rappelle-t-il.

Elhadj Mamadi Sanassy Keita, président d’honneur du PDG

Toutes les tentatives contre Ahmed Sékou Touré ont échoué, selon ce compagnon de l’indépendance : « La date du 28 septembre 1958, on a dit NON à la colonisation et OUI à l’indépendance. Nous avons posé un certain nombre de jalons dans cette première indépendance, nous avons créé des écoles, nous avons formé des jeunes, et on a notre monnaie, c’est le problème aujourd’hui qu’a la CEDEAO. Ont dit que tu fais le coup d’Etat, on dit il faut le sanctionner, il faut le bloquer économiquement, etc. Mais la Guinée, on ne peut pas, on a notre monnaie », a conclu Elhadj Mamadi Sanassy Keita.

Sirani Diabaté pour Laguinee.info

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