Début d’une nouvelle aventure pour notre confrère Thierno Amadou Camara communément appelé M’Bonet (le nom de son village d’origine). Connu pour ses analyses pertinentes et ses commentaires sans passion et sa maitrise des sujets d’actualité, l’administrateur général du site d’informations Guinee114.com vient d’intégrer l’équipe de Djoma Médias où il sera chroniqueur dans l’émission On refait le monde. Une collaboration que le journaliste entame cette semaine avec l’espoir, selon lui, de répondre aux attentes du groupe de médias et des auditeurs et téléspectateurs. Il a évoqué ce sujet et plusieurs autres dans un entretien que nous vous proposons de lire ci-dessous.
Guinee114.com : En tant que président du REMIGUI (Réseau des médias sur internet en Guinée), vous êtes membre de la commission de partage de la subvention accordée par l’Etat aux médias privés. Qu’attendez vous pour payer les entreprises de presse ?
M’Bonet : Non, je pense qu’on pourrait poser la question autrement. Nous ne payons pas. Les milliards sont dans le compte de la Haute Autorité de la Communication (HAC), c’est elle qui émet les chèques. Nous, présidents d’associations professionnelles, notre travail consiste à procéder au partage selon des critères préétablis et de déposer le rapport à la HAC. Ce travail, nous l’avons déjà fait. C’est possible que la HAC annonce la disponibilité des chèques cette semaine.
Vous venez d’intégrer l’équipe de Djoma Médias notamment l’émission phare ‘’On refait le monde’’, dites-nous, pourquoi le choix de ce groupe ?
Je pense que là aussi, on pourrait poser la question autrement en demandant à l’administration de Djoma pourquoi Thierno Amadou Camara. Mais l’un dans l’autre, ce qui reste clair, c’est que ce grand groupe de médias et moi avons décidé de faire une aventure ensemble. J’y intervenais déjà comme je le faisais ailleurs notamment sur Espace TV et à Fim Fm. Depuis des années j’interviens dans les médias audiovisuels dans des émissions de débat. Beaucoup m’ont entendu sur Djigui Fm, Espace FM, Chérie Fm/TA TV, City FM… mais la différence est que là, j’ai un contrat comme ce fût le cas dans le passé avec la radio Kora FM du Grand frère Cheick Souaré. J’ose espérer que je serai à la hauteur de la confiance et que je parviendrai à apporter une plus-value. Autrement, notre collaboration n’aurait aucun sens. J’aime les nouveaux défis et j’ai toujours peur de décevoir.
Quelles sont les limites de cette collaboration ? Est-ce que vous cessez d’écrire pour Guinee114.com et d’intervenir dans les autres médias ?
Cessez d’écrire pour Guinee114.com ? Ah non ! Il n’en n’est pas question. Pour le moment, je ne peux m’engager dans aucune collaboration qui impliquerait que je cesse d’écrire pour Guinee114.com. Par contre, et c’est d’ailleurs une question de bon sens, je ne crois pas pouvoir continuer à être partout alors que j’ai désormais des engagements contractuels. J’ai une obligation de résultat avec mon employeur, je me dois de recentrer et organiser mes énergies et mon inspiration de manière à remplir pleinement cette obligation. Aussi, je ne crois pas qu’il soit possible d’être payé par Djoma et faire des prestations similaires dans des médias concurrents.
Vous avez été le rapporteur de la commission de rédaction du Code de bonne conduite des journalistes. La semaine dernière, la Haute Autorité de la Communication a sanctionné deux journalistes en citant entre autres des violations de ladite charte. Pour vous, est-ce la preuve que ladite charte n’est pas respectée de nos jours ?
C’est tout à fait un honneur pour moi et pour tous les autres membres de la commission qui a travaillé sur ce document, de savoir que l’institution de régulation tient au respect des dispositions que nous y avons mentionnées.
C’est vrai que cette charte devrait être suffisamment vulgarisée et respectée sur le terrain, dans nos rédactions et dans nos émissions. Elle rappelle quelques valeurs du journalisme, des interdits et des règles de bonne conduite. C’est par exemple le principe de confraternité, la protection de la source et l’intégrité de l’information que nous donnons.
Mais ce qui est en train de se passer, c’est qu’il est difficile parfois de comprendre les sanctions de la HAC, surtout en ce qui concerne la suspension de notre confrère Abdoul Latif Diallo et de son média pour trente jours pour des faits qu’il n’a pas reconnus et sans confrontation entre lui et ses accusateurs.
Nous avons l’obligation de protéger la HAC en respectant ses décisions afin d’encourager les usagers à plutôt choisir cet organe de régulation que de saisir des juges qui, parfois, méconnaissent la pratique et les lois de notre métier. Mais en même temps, nous devons exiger de la HAC qu’elle continue de s’ouvrir à nous, notamment aux présidents des associations professionnelles. Nous sommes des corps intermédiaires. Nous n’oublions pas tous les efforts des commissaires et l’investissement personnel du Président Boubacar Yacine Diallo dans la résolution de certains conflits concernant des journalistes que nous défendons, mais ils ne doivent jamais se fatiguer de composer avec nous et d’être jaloux de leur indépendance.
Vous êtes aussi membre de la Commission de délivrance de la Carte de presse. Où en sommes-nous ?
Je voudrais sur cette question, ne pas être bavard puisque notre commission a un président avec qui je n’ai pas échangé avant de vous donner cette interview. Il s’agit de M. Amadou Touré, commissaire à la HAC. Ce que je peux vous dire, c’est que là aussi, nous travaillons pour la corporation. L’un des défis est de réussir à faire en sorte que n’obtiennent la Carte de presse que ceux qui le méritent. Il faut qu’on assainisse notre milieu afin de redonner au journalisme toute sa noblesse. Heureusement que la HAC s’est dotée d’équipements lui permettant d’imprimer elle-même les cartes de presse jadis imprimées par un prestataire externe.
Il faut que la HAC puisse se doter d’un fichier propre de l’ensemble des journalistes et qu’elle procède au retrait de la carte dès que quelqu’un perd sa qualité de journaliste. Ce sont là des éléments qui pourraient contribuer à valoriser la Carte de presse.
Vous avez été récemment élu Vice-président du Conseil d’administration de la Maison de la presse de Guinée. Comment se porte cette maison de nos jours ?
Là, je suis pressé de vous que si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons du jour au lendemain, nous retrouver sans Maison de la presse. L’Administration de la Maison de la presse est confrontée à beaucoup de difficultés notamment le manque de recettes et de sources de financements. Elle souffre également d’un handicap au niveau de son fonctionnement et de sa capacité à transformer les opportunités qui ne finissent pas.
Le président de la transition nous avait promis la construction d’une Maison de la presse. Nous attendons cela avec beaucoup d’impatience parce que la villa qui a été mise à notre disposition ne nous appartient pas, selon la direction du patrimoine bâti public. Mais je vous dis, j’ai fait la démonstration aux autres collègues du Conseil d’administration, nous pouvons bel et bien unir nos forces pour nous construire notre Maison de la presse. Ce sont des discussions internes que je ne voudrais pas étaler ici le contenu de cette proposition, mais c’est bien possible. J’espère que notre président et tous les autres adhèreront à cette idée.
Auriez-vous un dernier message ?
Je voudrais, profiter pour remercier tous mes formateurs, tous mes soutiens et mes collaborateurs. Je pense que nous sommes en train d’écrire une belle page de l’histoire de la presse guinéenne. Je voudrai reconnaitre ici les efforts que tout le monde fait notamment les associations professionnelles de presse, le syndicat de la presse publique, le SPPG du camarade Pendessa et de ses collègues…tout le monde. Je rappelle que nous avons une obligation de confraternité, de qualification de l’offre médiatique pour le bonheur de nos concitoyens et de nos dirigeants. Nous avons surtout l’obligation de défendre la liberté de la presse. Personne ne doit y renoncer !
avec Guinee114.com