Depuis le retrait du contrat avec Orabank, le processus d’obtention des cartes biométriques est de nos jours un véritable parcours de titan pour la population de N’Zérékoré. Pour cause, l’agence bancaire First Bank qui a décroché le contrat n’a pas de représentation dans la région forestière. Une réalité qui crée de l’amertume chez des citoyens qui, de nos jours dépensent jusqu’à 250.000 francs guinéens pour se procurer de ces documents biométriques, a constaté Laguinee.info à travers son correspondant basé sur place.
Sur le visage des citoyens à la quête de ces documents biométriques recommandés aujourd’hui par le gouvernement actuel, l’inquiétude se lit clairement. Ils ont du mal à procéder au versement des frais de dossiers.
« Depuis la semaine dernière, ils m’ont promis de venir trois jours après. Ça c’était le vendredi passé, que je pourrai avoir la carte. A l’heure où je vous parle, j’ai maintenant le reçu de la carte donc j’attends mon extrait biométrique pour aller au commissariat engager la procédure de la carte. Mais les difficultés auxquelles nous sommes confrontés : on n’a pas où verser les frais de l’obtention de la carte biométrique parce que la banque qui doit enregistrer le paiement des cartes n’existe même pas en région forestière. Au-delà de ça, les frais sont augmentés aussi, puisque la banque n’a pas ses locaux à N’Zérékoré. On est obligé à accepter tout ce qu’ils nous demandent. Moi par exemple j’ai payé 250.000 francs guinéens alors qu’avec Orabank, les frais étaient seulement à 160.000 francs guinéens », déplore Fangamou Doré.
Au regard de cette situation « déplorable », Fangamou Doré plaide auprès des autorités de la transition de revoir ce calvaire que traversent les populations guinéennes.
« J’attire l’attention des autorités, du gouvernement qu’on ne peut pas confier une telle situation à une banque qui ne couvre pas tout le pays. C’est vraiment dommage, ça fatigue la population. Au moins si c’était une banque qui est représentée dans toutes les régions, on pouvait accepter. Mais comme ça là, l’Etat doit prendre toutes les dispositions pour satisfaire les citoyens si vraiment il se bat pour ce peuple », lance-t-il.
Pour cet autre citoyen rencontré sur place, le transfert de la procédure de l’obtention des cartes biométriques d’Orabank à First Bank, n’a rien changé, d’ailleurs ça a augmenté les difficultés.
« Avant avec Orabank, les difficultés étaient liées à la non validation des reçus qu’on nous donnait à Orabank pour la mairie. C’est-à- dire que la mairie rejetait des fois les reçus. Et ça tu pouvais aller chercher un autre reçu sans payer même un franc. Mais pour aujourd’hui c’est pire parce qu’on nous a envoyé dans une Bank qui n’existe même pas à N’Zérékoré. Donc il nous faut chercher les gens à Conakry ou à Kankan pour faire le versement, et ils scannent le reçu avant qu’on ait la carte. Des fois dans ce long processus, on est confronté aux problèmes de connexion et aussi la personne qui doit t’envoyer le reçu. C’est ce qu’il nous oblige à faire de doubles dépenses. C’est pourquoi nous disons que si on pouvait avoir un site de versement ça pourrait nous arranger », soutient Kèdjan Konaté.
A la question de savoir quel est le motif de ce changement de Banque, l’officier délégué de l’état civil précise : « Pendant la prise des reçus à Orabank, il y avait beaucoup de difficultés : soit le numéro ne passait pas dû au retard de l’activation des numéros des reçus. Or si la Bank engage l’enregistrement il faut 72 heures avant que ça ne soit activé. Mais en ce moment il y avait assez de monde. Donc si un t’envoie son reçu et que ça ne passe pas, au lieu de garder sa patience, il va aller s’attaquer directement à la Bank. Cela s’est répété plusieurs fois. Et à chaque fois que ça se reproduisait, les agents de la Bank nous accusaient pourtant l’erreur provenait du retard d’activation des numéros. Vu la recrudescence de ces polémiques, Orabank a arrêté le contrat avec l’Etat. C’est ainsi que FBN Bank a commencé à livrer les reçus mais voilà que cette Bank n’a pas ses locaux à N’Zérékoré, il faut désormais passer par les voisins de Kankan, Kamsar ou à Conakry », explique Pierre Dramou de la société civile de la commune urbaine de N’Zérékoré.
Il est important de souligner que l’Etat est interpelé par les habitants de la Guinée forestière sur cette situation qui préoccupe tous les citoyens guinéens car, selon eux, ce document est indispensable dans l’administration de la junte militaire au pourvoir.
De N’Zérékoré, Foromo Béavogui pour Laguinee.info