Est-ce un manque de civisme ou d’emplacement dans les différents marchés de la capitale qui justifie l’envahissement des ponts par des marchands qui étalent leurs marchandises jusqu’à bloquer le passage aux piétons ? D’une réponse à une autre, ces marchands ne manquent pas d’arguments en tout cas pour justifier leur présence sur ces ponts.
Rencontrée sur la passerelle métallique de Koloma dans la commune de Ratoma ce mardi 08 août 2023 par un journaliste de Laguinee.info, Fatoumata Camara affirme ne pas être capable de trouver un magasin. Cependant, elle dit être tout de même consciente que le pont n’est pas un lieu de négoce.
« Nous ne supportons pas le prix des magasins et boutiques qui sont dans le marché. Comment est ce qu’il faut prendre une boutique à 250, 300 jusqu’à 500.000 francs guinéens et un magasin à 1.000.000 voir 1.500.000 de francs guinéens pendant qu’on n’a même pas un fonds de roulement de 2.000.0000 au complet et de l’autre côté, personnellement je n’ai pas un emplacement dans le marché, c’est pourquoi nous sommes ici. Nous sommes conscients quand même que nous occupons le passage construit pour les piétons mais je demande qu’ils acceptent, c’est une façon pour nous de chercher de quoi vivre. Nous demandons aussi l’implication des autorités afin qu’on trouve des endroits adéquats », a-t-elle laissé entendre.
Mmah Soumah, également rencontrée au même endroit par Laguinee.info, abonde dans le même sens et laisse entendre que c’est l’endroit idéal qui s’offre à elle pour écouler facilement sa marchandise.
« Personnellement, je suis celle qui supporte la charge de la famille. Et, comme vous le voyez, mon enfant n’a même pas six mois. En principe, il doit pas être là, et de l’autre côté, mon mari ne travaille pas. Donc, je suis obligée de sortir pour trouver la nourriture des enfants. Certes, le pont n’est pas fait pour étaler des articles mais vu que nous ne pouvons pas prendre une boutique. Alors, que les autorités nous acceptent ici, c’est ici qu’on peut vendre facilement nos marchandises », a-t-elle confié.
Théophile Sakouvogui, cet autre citoyen rencontré par notre journaliste, fustige pour sa part, le comportement des marchands mais soutient que les autorités n’assument pas pleinement leur responsabilité.
« Il faut rappeler que c’est le rôle des autorités à tous les niveaux de trouver à ces bonnes dame, un endroit approprié pour étaler leurs marchandises. Mais ici, nous disons elles (les autorités, ndlr) ont failli à leur mission si toute fois qu’elles n’ont pas fourni d’effort. Étant bien conscientes de leur comportement, ces marchandes ne regardent que ce qui les arrange. Donc, c’est aux autorités de mettre de l’ordre dans la société pour éviter à ce que les uns briment le droit des autres.
Sinon, personne ne peut apprécier ce qui se passe ici à Koloma et d’ailleurs, sur les tous les ponts à travers la ville. Partez à Madina, vous avez tous les problèmes du monde à vous frayer un chemin. Donc, nous demandons ardemment l’implication des autorités puisque les ponts sont faits pour la fluidité de la circulation mais aussi réduire drastiquement le nombre des accidents », a-t-il fait savoir.
Rencontré pour le besoin de la cause, Mamadou Yacine Diallo, administrateur du marché Koloma 2 balai d’un revers de la main, les accusations des marchands portées contre lui. Selon lui, les dispositions sont prises par le bureau du marché pour éviter de tel comportement mais qui se sont toujours soldés par un échec.
« Mais c’est très simple, où étaient ces marchandes avant la mise en place de ce pont, puisque le pont ne date pas de longtemps. Donc, ça prouve à suffisance qu’elles font des accusations fallacieuses. C’est juste parce que chacun pense qu’il faut être en bordure de route pour écouler sa marchandise, sinon les places ne manquent pas dans le marché. À mon arrivée ici en tant qu’administrateur, mon premier projet était de doter le marché des hangars pour faciliter à ces femmes, l’écoulement de leurs marchandises. Et chose que Dieu nous donne le pouvoir de réaliser le premier est de 500 places et le deuxième hangars 263 places plus des conteneurs. Tout cela n’était que pour accompagner ces femmes en tant qu’administrateur puisque nous sommes conscients qu’elles ne sont pas toutes capables de prendre un magasin en location. Mais les conteneurs et les tables peuvent être quand même supportables puisque les conteneurs sont à 1.00.000 voir 1.500.000 francs guinéens alors que les tables, c’est juste le droit de marché qui est à 1000 francs guinéens par jour qu’elles payent. Mais comme elles ne paient aucun francs, voilà pourquoi elles sont là-bas sur le pont. Maintenant, au sujet de ce qu’elles qualifient de favoritisme retenez que c’est loin de la réalité sinon nous n’allons pas saisir leurs marchandises sur ce pont. Chaque fois, nous agissons et des fois même elles signent des engagements pour ne plus retourner là-bas mais comme vous le savez avec le social, elles nous plaident avec parfois même, des propos qui retiennent l’attention et finalement nous libérons la marchandises saisie. Donc, c’est un problème de civisme si non à chaque fois avec le conseil de discipline comme nous n’avons pas une police, nous agissons pour qu’elles quittent mais hélas », a-t-il regretté.
Au autorités communales notamment, l’administrateur demande de « trouver une solution adéquate pour libérer le pont puisqu’il n’est pas fait pour étaler des articles ».
Aliou Maci Diallo pour Laguinee.info