Dans la soirée du mardi 18 juillet 2023, la présidence guinéenne a officiellement annoncé la suspension de la participation de la Guinée, à l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS).
Dans son communiqué, la présidence a motivé cette décision de retrait par le fait que les intérêts de la Guinée ne sont pas défendus au sein de cette organisation.
Ce mercredi 19 juillet 2023, le Premier ministre chef du gouvernement de la transition, Dr Bernard Goumou, en commentant cette décision chez notre confrère d’Espace Fm, est d’abord revenu sur l’historique des retraits de la Guinée de cette organisation, rapporte Laguinee.info à travers un de ses reporters.
« Il faut connaître l’intérêt que la Guinée a toujours porté pour la promotion du panafricanisme. Notre pays est membre fondateur de cette organisation. Et à sa création, c’était l’organisation des États riverains du fleuve Sénégal (OERS) et cela a été créé en mars 1966. Nous nous sommes retirés de cette organisation pour des raisons purement politiques en 1971. Et le 11 mars 1972, les Républiques du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal ont mis en place, I’OMVS à laquelle la Guinée adhère le 2 juillet 2005. Il faut d’abord rappeler que le fleuve Sénégal prend sa source en Guinée. Il est important de noter que le mode de gouvernance de cette organisation, comme dans la majorité des organisations internationales, elle possède une instance dirigeante qui est la conférence des chefs d’État et de gouvernements dont la 19ème session s’est tenue ce mardi, 18 juillet 2023. Au-delà de cette instance qui, depuis la création de l’organisation jusqu’à maintenant, la Guinée n’a assuré la présidence qu’entre 2015 et 2017, l’OMVS a également un conseil des ministres qui est l’organe de conception et de contrôle de l’organisation. Il y a également un poste de haut Commissaire qui est mis en place dès la création de I’OMVS et le haut commissaire là se fait à tour de rôle. Ce haut commissaire applique également les décisions du conseil des ministres et lui rend directement compte. Il faut noter également qu’au-delà du poste de haut commissaire, il y a aussi un secrétariat général qui est assuré aujourd’hui par le Sénégal, parce que le siège de l’organisation s’y trouve. Mais en 2013, en raison d’une compétition entre la Guinée et le Mali pour le siège du haut commissaire, un poste de haut commissaire adjoint avait été créé en plus de ceux existant déjà. La Guinée avait été représentée par l’ancien Premier ministre Kabinet Komara au poste de haut commissaire jusqu’en 2017», a-t-il rappelé.
Poursuivant, le locataire du palais de la colombe indique « aujourd’hui, quand vous prenez l’OMVS, elle a quatre sociétés. Nous avons la société de gestion de l’énergie de Manantani, la société de gestion d’exploitation du barrage de Diamon, la société de gestion d’exploitation de navigation et la société de gestion des ouvrages. Dans toutes ces quatre sociétés, normalement, il y a des secrétaires généraux. Figurez-vous qu’au sein de ces quatre sociétés, il n’y a aucun Guinéen. La deuxième remarque, c’est que la Guinée a demandé à participer dans ces sociétés. Et depuis la requête de la Guinée jusqu’à nos jours, la Guinée n’a pas pu participer à ces sociétés de gestion. C’est que sur le fleuve Sénégal, il y a trois barrages, deux au Mali et un au Sénégal, mais le plus grand barrage qui devrait se construire c’est effectivement le barrage de Koukoutamba. Et, de nos jours, cette organisation a dû mal à boucler le financement. Les raisons sont simples. Premièrement, le fleuve Sénégal prend sa source en Guinée ; deuxièmement, le plus grand barrage devrait se construire sur ce fleuve mais ce n’est pas fait ; troisièmement, c’est que dans ces quatre sociétés de gestion, la Guinée n’a pas de place et la même chose dans les plus hautes instances de décision de cette organisation. Dans toutes les instances de cette organisation, les travailleurs sont au nombre d’une centaine, mais comprenez que la Guinée n’a que six (6) employés. Nous avons un Directeur, deux chefs de division et deux coordinateurs de projet. Et aujourd’hui, la Guinée pense que cette organisation ne fait pas assez pour nous. Nous contribuons à cette organisation au même niveau que tous les autres pays, nous ne pouvons pas comprendre que la Guinée où le fleuve prend sa source, où on devrait construire le plus grand barrage alors que tous les intérêts de ce pays stratégiques ne sont pas pris en compte »,a-t-il lancé.
Félix Béavogui pour Laguinee.info