A l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale le 02 octobre 1958, sa politique étrangère ne pouvait qu’épouser les réalités du contexte international d’alors, fort empreint de l’existence de deux blocs antagoniques. En conséquence, la diplomatie du jeune Etat guinéen a été influée par leurs luttes idéologiques. Bien qu’officiellement énoncée neutre, la défense sporadique des intérêts vitaux contraignait cette neutralité à confluer.
En 1984, les nouvelles autorités militaires ont opéré un virage diplomatique qui laissait entrevoir une place de choix accordée à la diplomatie économique. Selon certains observateurs, ce choix s’inscrivait en droit ligne de l’option libérale pour laquelle le nouveau pouvoir penchait déjà. Il aurait également été avantagé par les prémisses de la suffocation du bloc socialiste matérialisé plus-tard par la démolition du mur de Berlin (1989) et l’effondrement de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (1991).
Mais à la faveur de cette autre transition, force est de reconnaitre que l’approche holistique imprimée à la politique étrangère guinéenne, lui confère un allant de révolution diplomatique, tant les résultats enregistrés à plein pot dégagent l’unanimité. Il est manifeste que pour les guinéens établis à l’étranger, la politique étrangère n’a jamais autant impacté. C’est une approche qui rappelle par ailleurs, la finalité de toutes les missions d’un Etat sérieux. Celles qui visent à assurer le bien-être au sens large de ses citoyens d’où qu’ils soient.
Nul embarras que son auteur qui n’est d’autre que le ministre Morissanda Kouyaté, a vite découvert la pièce manquante du puzzle. C’est-à-dire, construire un pont humain entre les guinéens établis à l’étranger et leur Etat, pour qu’ils se sentent appartenir à la fois à un pays et à une nation. Cette frange indissoluble de la nation guinéenne n’en demandait pas plus que d’être rassurée et protégée par son Etat. Elle n’en exigeait pas plus que d’avoir son Etat comme rempart pendant qu’elle défie les difficultés ou goutte au bonheur, deux sièges qu’offre l’habitacle du véhicule de l’aventure.
Il ne serait donc pas anodin, d’illustrer ce besoin ici par ces propos pathétiques fidèlement repris du père du jeune guinéen abattu par la police à Angoulême (France).«…Quand on voit tout ce que le président et le Monsieur le ministre ici présent, sont en train de faire depuis le décès de mon fils, je suis fier et content…» Fin de citation. Il les a tenus face au corps de son fils réceptionné à l’aéroport international AST, en présence du ministre Morissanda. Lorsque de tels propos viennent d’un homme en ces moments de consternation, il est aisé de déduire l’état d’âme et d’esprit des guinéens en détresse, qui ont été rapatriés de Tunisie, du Soudan et ceux qui ont reçu récemment les 31.418 passeports de leur patrie.
Le prix Nelson Mandela a aussi intégré qu’un pays comme le sien, aux ressources limitées, avec moins de missions diplomatiques dans le monde que, le rayonnement de sa diplomatie peut passer par des prises de positions et de décisions qui forcent le respect de sa souveraineté. Grâce à cette alternative, la diplomatie guinéenne propage tellement d’ondes positives sur la politique globale du gouvernement, qu’on se croirait dans un régime normal. Les conventions, traités sont ratifiés, les crédits accordés et les invitations à tous les grands sommets internationaux des autorités de la transition sont lancées ou confirmées. Comme pour dire que la diplomatie est un art qui réussit à qui sait le manier.
Bella KAMANO