A la barre du tribunal de première instance de Dixinn délocalisé dans un bâtiment ad-hoc à la Cour d’appel ce mardi 4 avril 2023, un nouveau membre de la partie civile comparait pour donner sa version des évènements du 28 septembre 2009, au stade de Conakry.
Dans son récit introductif, la victime Alpha Amadou Baldé a affirmé avoir « été arrêté et conduit au camp Alpha Yaya Diallo » en marge de la manifestation du 28 septembre 2009, à l’appel des Forces Vives de Guinée, rapporte un journaliste que Laguinee.info a dépêché sur place.
Quand il est arrivé au stade aux environs de 10 heures ce jour, soutient-il, 30 minutes ne se sont pas écoulées avant que « les tirs ne commencent à retentir ». « Il y avait tous les corps là-bas mais les bérets verts étaient beaucoup plus nombreux. On a cherché à se faufiler. C’est dans cette débandade qu’on m’a arrêté pour m’a envoyé au camp Alpha Yaya Diallo avec d’autres manifestants. Un béret rouge de la garde présidentielle a dit au président de venir voir les ennemis du pouvoir. Lorsque j’ai voulu soulever la tête pour voir si le président était là, on m’a donné des coups, je pensais avoir perdu ma tête », a-t-il dit d’entrée.
Poursuivant, Alpha Amadou Baldé soutient que c’est dans ce contexte qu’on les a gardés chez le colonel Moussa Tiégboro où ils « ont passé quatre jours ».
« Pendant ces quatre jours, on m’a tellement bastonné que j’ai perdu 4 dents. Depuis notre arrestation, on n’a ni mangé ni bu. Ça sentait mauvais là-bas parce que les gens étaient blessés », a-t-il lancé.
Le deuxième jour, poursuit la victime, un militaire a permis à cette partie civile « d’appeler sa famille » pour leur dire qu’il est en prison. « Quand les familles ont su qu’on était emprisonné là-bas, on envoyait le manger mais ça ne rentrait pas dedans. On nous a proposé de dire que c’est Cellou Dalein Diallo qui nous a donné l’argent et que c’est nous qui sommes allés caillasser le commissariat de police de belle vue. C’est ainsi que la garde présidentielle est venue, on nous a demandé de sortir un à un, on nous a envoyé au PM3, on a dit que la cellule là-bas est pleine mais qu’on allait se débrouiller. C’est ainsi qu’on nous a enfermé là-bas. Nous sommes restés là-bas quelques jours, on mangeait et la visite était permise », a-t-il dit.
Dans le but de l’aider à sortir, Alpha Amadou Baldé affirme que son grand frère a trouvé une connaissance pour l’aider à sortir « sans caution ».
Il ajoutera qu’au cours de leur arrestation, leurs téléphones leur avaient été retirés. « C’est avec nos téléphones qu’ils menaçaient nos familles pour leur dire que s’ils ne paient pas l’argent, ils vont nous tuer va nous tuer. Certains parmi les militaires qui décrochaient nos téléphones, disaient à nos parents qui appelaient que nous sommes morts », a-t-il dit.
Mamadou Hassimiou Diallo est sur place pour Laguinee.info