Les mariages précoces constituent de nos jours un phénomène social qui affecte psychologiquement et physiquement les jeunes filles. Interrogés par une un journaliste de Laguinee.info sur le sujet, des citoyens du quartier Nongo dans la commune de Ratoma ont donné leurs avis.
En Guinée, une grande majorité des jeunes filles sont données en mariage avant l’âge de 18 ans. Pour certains, ce fait l’indique par la pauvreté des parents et le faible degré d’instruction des jeunes filles concernées, comme l’affirme Kadiatou Diallo, étudiante à l’université Kofi Annan de Guinée. « La base des mariages précoces est souvent causée par la pauvreté des parents. Certains parents se précipitent pour donner leurs enfants en mariage aux vieillards qui dépassent ces filles en âge juste pour de la richesse. Il y a certaines filles qui ne sont pas lettrées et ne connaissent pas les dangers liés à cette pratique. Donc je ne suis pas pour les mariages précoces », soutient-elle.
Sociologiquement, cette pratique engendre de multiples conséquences chez la jeune fille. Lamine Camara enseignant chercheur en sociologie dans une université de Conakry explique les effets de ce facteur. « C’est un sujet qui fait couler assez d’encre et de salive. La précocité du mariage est liée à l’âge. En notion anthropologique, l’âge est à la fois biologique et peut être influencé de façon sociale. 15 ans en France n’est pas 15 ans en Guinée et 18 ans en Guinée n’est pas 18 ans en France. La plupart, ce sont les filles qui deviennent mère avant l’âge et n’ont pas toutes les possibilités de mener une vie de famille normale. Ça affecte la scolarisation de la jeune fille ainsi la précarité des conditions de vie des parents et la fille devient une sorte de marchandise ou un colis à livrer pour s’en débarrasser. A cause des réseaux sociaux, certaines mineures communément appelées des mineures émancipées qui imitent des influenceuses et se comportent comme des filles majeures, il faudrait créer un centre de socialisation pour elles pour ne pas tomber dans la déviance avec ce cortège de malheur », dit-il.
Le mariage précoce est souvent source de divorce dans les foyers et provoque des conditions difficiles d’accouchement. Fadima Bah commerçante témoigne. « J’ai été mariée précocement dans mon village natal en 2004 quand j’avais 15 ans. J’ai accouché en 2005, mon enfant était très gros et mon organisme n’était pas apte à avoir l’enfant normalement, finalement j’ai perdu mon bébé à 16 ans avec une terrible souffrance, pire, je n’aimais pas le monsieur et la relation n’a pas pu être continuelle parce que j’ai fui pour venir en ville. C’est comme ça j’ai divorcé avec le monsieur. A toutes mes sœurs, je leur demande de ne pas accepter d’être mariées précocement car cela n’engendre que le regret », lance-t-elle.
Il faut noter que la Guinée est un pays signataire de la convention relative aux droits des enfants, cependant le constat révèle que la plupart des jeunes filles mineures sont victimes des mariages précoces.
Aminata Bah pour Laguinee.info