Huit (8) mois après la nomination du ministre Charles Wright à la tête du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, nous implorons de graves manquements dans le fonctionnement de l’institution. Cela n’est pas une surprise pour les professionnels du droit, mais pour la population guinéenne.
Ce qui est d’abord plus grave, c’est le manque de budget de fonctionnement pour les juridictions. Cela fait bientôt un an que les magistrats, greffiers et autres auxiliaires de justice sont en train de se lamenter dans le silence pour plusieurs faits déplorables et déshonorables qui secoue l’institution judiciaire. Pourquoi cette souffrance ?
Or, le serment que vous avez tous prêté de servir un même idéal : que la justice soit rendue pour chaque justiciable selon les principes de l’Etat de droit de la République, ces principes exigent que chaque justiciable soit véritablement écouté et qu’il bénéficie d’une audience respectueuse des principes du procès équitable par des magistrats disponibles, indépendants et impartiaux; que les jugements soient rendus dans des délais raisonnables, conformément au code de procédure pénale. Que les voies de recours puissent s’exercer avec des procédures qui permettent un accès simple et rapide au juge.
Dans le discours de prise de fonction du ministre Charles Wright, il nous avait promis 67 projets qui ne sont devenus qu’un rêve. À la fin du même discours, il disait ceci : « A présent, je donne la parole aux actes et vous invite au travail ». Du 12 juillet 2022 à nos jours, le ministre Charles Wright a distribué 120 injonctions aux fins de poursuites avec zéro injection qui a abouti à un procès. Le seul « distributeur automatique d’injonctions aux fins de poursuites judiciaires » est à la fois le procureur de la République, le procureur général et le porte-parole du ministère de la Justice.
Pourtant, le 18 août 2022, le ministre Charles Wright a pris un arrêté en nommant un porte-parole au ministère de la justice et des Droits de l’Homme. Malheureusement, Monsieur Yaya Kairaba Kaba n’a jamais exercé la fonction de porte-parole du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme.
Actuellement, c’est le ministre Charles Wright est seul qui joue la fonction de l’inspecteur Général des services Judiciaires et Pénitentiaires et porte-parole du ministère de la Justice.
L’autre acte de violation de la loi commise par le garde des sceaux, remonte à sa sortie médiatique quand il déclarait : « Toutefois, afin d’éviter la propagation d’information parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l’ordre public, le procureur de la République peut, d’office ou à la demande de la juridiction d’instruction ou des parties, rendre public des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause». Article 8, alinéa 3, du code de procédure pénale.
Aussi, on se rappelle du discours de prise de pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya le 05 septembre 2021, qui disait ceci : « la justice sera la boussole qui orientera chaque citoyen ». Aujourd’hui, à la justice, l’heure est plus grave que le temps de l’ancien président Alpha Condé. Des détentions arbitraires parfois prolongées sans aucun procès reviennent au-devant de la scène.
C’est le cas notamment des acteurs sociopolitiques qui sont en prison sans jugement depuis plus de 07 mois. Certains sont placés sous contrôle judiciaire empêchés de voyager et d’autres forcés à l’exil.
Par ailleurs, la liberté de la presse est plus que jamais menacée dans notre pays. Alors qu’au temps du ministre Moriba Alain Koné, la Guinée avait gagné 25 places en matière de la liberté de la presse, selon le rapport de Reporters Sans Frontières. Il y a donc une nécessité de faire la comparaison entre la gestion du ministre Alain et celle de l’actuel ministre. Vous réaliserez que notre liberté est menacée, que la justice est en danger. C’est le vrai visage actuel de la justice sous le leadership du ministre Charles Wright. La boussole est devenue un désespoir, un désenchantement, une désolation et un mécontentement.
Comme le dit un proverbe : « La victoire a des pères par centaines, mais la défaite est orpheline ». Monsieur le Président, si vous ne prenez pas garde, vous serez le seul responsable devant l’histoire. Le rappel profite au croyant. Le Président doit limoger mon sacré Charli show avant qu’il soit trop tard.
Nankouman KEITA
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