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Affaire 28 septembre 2009 : Rétrospective du procès de la semaine du 9 janvier 2023

Capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la transition (2008-2009)

Moussa Dadis Camara refuse de demander pardon pour des gens qui ont commis des actes crapuleux, selon lui.

Une bonne partie de l’opinion le réclame souvent. Des avocats aussi ne s’empêchent pas de poser la question au capitaine Moussa Dadis Camara : Pourquoi ne demande-t-il pas pardon au peuple de Guinée, en tant que président de la transition au moment où les évènements du 28 septembre survenaient ? L’ancien chef de la junte guinéenne (CNDD), ne compte pas du tout se soumettre à cet exercice. Il répond qu’il n’est pas question pour lui de demander pardon à qui que ce soit, parce qu’il estime que les véritables auteurs du massacre refusent de reconnaître les faits. « Je ne demande pas pardon pour des gens qui ont commis des actes crapuleux », a-t-il tranché.

 

Il menace d’intenter des actions judiciaires contre son ancien aide de camp après le procès des événements du 28 septembre 2009, pour avoir attenté à sa vie et tué Makambo.

Cette volonté d’enclencher une procédure judiciaire contre le commandant Toumba Diakité a été exprimée suite à une question d’un avocat de la partie civile. Pourquoi étiez-vous allé personnellement chercher Toumba au camp Koundara ? L’accusé y répond à travers une longue tirade. « Maître, je ne veux plus revenir sur cette situation. La façon dont Joseph Makambo a été sauvagement achevé et moi je suis aujourd’hui devant le tribunal. Je ne veux pas en parler, je ne peux que remercier Dieu. Et, ça ne fait pas partie des faits pour lesquels je suis là. Après ce procès, mes avocats essayeront de faire quelque chose sur cette affaire. C’est une autre procédure », a réagi le capitaine Moussa Dadis Camara.

 

Dadis, au camp Koundara le 3 décembre 2009 : ce n’était pas pour arrêter Toumba Diakité, jure-t-il.

Affirmatif ! En effet, Ibrahim Kalil Diallo, le capitaine Moussa Dadis Camara a fait cette déclaration lorsqu’il a commencé à répondre aux questions des avocats de la défense. Il a indiqué qu’il était animé de bonne foi quand il s’est rendu, le 3 décembre 2009, au Camp Koundara, actuel camp Makambo. Il était allé simplement chercher son ancien aide de camp, mais pas dans l’intention de le faire arrêter. Selon Dadis, il dormait quand il a été informé par le chef d’état-major de la gendarmerie que son petit dieu était en train de tirer à la gendarmerie. Estimant que tout le monde avait peur de Toumba, il s’est donc rendu au camp Koundara pour l’inviter au camp Alpha Yaya Diallo. Ce dernier a finalement tiré sur lui par balle, le blessant grièvement à la tête.

 

Mardi, des avocats de la partie civile comme Me Halimatou sont parvenus à sortir Dadis de sa réserve. L’accusé s’est particulièrement fâché quand l’avocate a estimé qu’il n’a pas été conséquent dans la mise en place des commissions d’enquêtes internes pour pouvoir situer les responsabilités après les événements du 28 septembre 2009.

Me Halimatou Camara a insisté sur la nécessité pour Dadis de dire la vérité, car est arrivée l’heure de la vérité, a-t-elle estimé. « Mme Posez votre question. Il faut que la question soit précise pour que je puisse répondre. L’heure de la vérité, vous n’avez pas besoin de me l’apprendre.  Si je suis devant le tribunal criminel, ce n’est pas vous qui m’avez fait venir ici. Posez clairement vos questions », rétorque Moussa Dadis. « Je suis désolée, je pose clairement mes questions » rétorque l’avocate. Le juge s’interfère, Me Halimatou demande à l’accusé de se calmer, lui aussi répond par la même consigne. « Moi je ne suis pas à la barre », réagit l’avocate. « Même si vous n’êtes pas à la barre, mais chacun a ses droits. Vous n’avez pas le commandement de la barre. Vous n’êtes qu’avocate. Je ne suis pas votre sujet », persiste Moussa Dadis Camara. L’avocate proteste, le ton monte, le juge prend la parole et départage les deux. Et l’interrogatoire peut se poursuivre.

 

Pendant que son interrogatoire se poursuivait le mercredi, Dadis a refusé de répondre à la plupart des questions de Me Lancinè Sylla.

Il oppose aux questions de cet avocat de Toumba Diakité, des réponses comme : « Je n’ai pas de réponse à cette question. J’ai déjà répondu à cette question, je ne saurais le dire ou je ne sais pas ». La plupart des questions de l’avocat étaient relatives aux liens qui ont existé entre l’accusé, son ancien aide de camp et tous les autres membres du CNDD, ses engagements forts lors de la prise du pouvoir et les contours du massacre. Cependant, l’une des rares questions qu’il a bien voulu commenter était relative à la gestion du régiment commandos. Dadis réitère que c’était Toumba le commandant de ce régiment. En guise de preuve, il a cité un document qui a permis à son ancien aide de camp de donner le grade de caporal à 26 recrues. Ce qui selon lui, n’a jamais existé dans aucune armée au monde. Me Lanciné Sylla rétorque et lui demande si ce document est un décret de nomination. Ce n’est pas un décret, a répondu l’ancien chef de la junte suite à l’insistance du juge. L’avocat de Toumba déroule son questionnaire. Il titille Dadis davantage et lui reproche de vouloir nier les faits. « Je ne suis pas quelqu’un qui nie. C’est vous qui niez. Je respecte cette robe. Soyez courtois dans votre langage », a invectivé l’accusé. Me Lanciné Sylla a demandé à ce que cette courtoisie soit réciproque. Le ton monte encore entre les deux. Le juge calme le jeu et rappelle que les parties se doivent courtoisie.

 

L’ancien président du CNDD est aussi revenu sur sa prise du pouvoir au lendemain du décès du feu Général Lansana Conté.

La question lui a été posée par Me Gilbert, un avocat de la partie civile. En répondant aux questions de ce dernier, le capitaine Moussa Dadis Camara a d’abord reconnu que les évènements du 28 septembre 2009 sont bel et bien liés à son pouvoir. C’est ainsi que Me Gilbert l’a interrogé sur comment est-il arrivé au pouvoir après le décès de Lansana Conté parmi tant de colonels et de généraux ? L’accusé n’a pas voulu donner trop de détails. « Je vous ai dit que je suis un officier d’état-major. Donc les cours que j’ai suivis ne me permettent pas de rentrer dans les détails sur la prise du pouvoir », a répondu Dadis. Est-ce qu’on peut dire que le capitaine Moussa Dadis Camara avait préparé ce pouvoir bien avant la mort du feu général Lansana Conté ?, insiste davantage l’avocat. « Mon avènement au pouvoir ne dépendait pas de ma force. Je n’étais pas le meilleur officier, encore moins le plus intelligent. C’est Dieu et je rends grâce au feu général Lansana Conté. C’est tout ce que je peux dire », a coupé court, l’ancien commandant en chef des forces armées.

 

Dadis a justifié ses velléités de vouloir ôter la tenue pour briguer la magistrature suprême

Pourquoi a-t-il voulu ôter la tenue pour se présenter à l’élection présidentielle ? l’a interrogé Me Amadou Kamano. L’ancien chef de la junte a répondu qu’il réagissait face au comportement de certains leaders politiques d’alors qui avaient commencé à détester son pouvoir. Selon lui, ce n’était pas une réaction méchante. Il voulait simplement montrer, dit-il, que personne n’est née militaire ou magistrat, en les invitant ainsi à se calmer et à mettre de l’eau dans leur vin. Par rapport aux mouvements de soutien comme : « Dadis doit rester ou Dadis ou la mort », l’accusé estime qu’ils ont été mis en place pour lui créer des ennuis. Il cite en exemple les sorties du général Sékouba Konaté à Fria et à Macenta. « Le cas de Fria tout près où le général Sékouba Konaté est parti dans le cadre de l’usine de cette préfecture. Il a profité de l’occasion pour dire que le président Dadis Camara est candidat. Même à Macenta. C’était une façon de m’opposer aux leaders politiques et à la population », a-t-il déclaré.

 

Toumba en Bazins, Dadis pense que c’est le fruit du complot dont il a été victime

Dadis l’a dit en répondant aux questions de Me David Béavogui. Cet avocat de Marcel Guilavogui cherchait à établir la théorie du complot souvent évoquée par Dadis. Il a donc lu une partie d’un article du site lerevelateur.com en rapport avec une prime de 9 milliards que Toumba devait recevoir de l’ancien président Alpha Condé. « Revenant sur l’attaque perpétrée contre le capitaine Dadis, Toumba Diakité, bien que l’opération ait échoué réclamait 9 milliards GNF au président Alpha Condé représentant ainsi le prix. En effet, il avait conclu un marché avec les instigateurs pour monter un guet-apens contre Dadis afin de finir avec lui. Toumba étant son aide de camp d’alors, constituait le bouc-émissaire le plus prompt. La raison principale de ce plan machiavélique était de freiner Dadis dans ses intentions de témoignage pouvant les accabler devant les enquêteurs de la CPI », a-t-il rapporté. Après avoir rapporté un autre passage d’un autre article cette fois du site sénégalais ‘’senenews’’, l’avocat demande a Dadis s’il ne pense pas qu’effectivement Toumba a reçu le prix de sa vie ?  « Tout à fait. C’est ce qui fait d’ailleurs vous le voyez tout le temps en Bazin », a répondu Dadis Camara. Sa vie a subitement changé alors qu’il n’a aucun salaire, a soutenu l’accusé.

 

Au fil de la journée de mercredi, Me Paul Yomba Kourouma a demandé le renvoi du dossier sans succès.

Quand Me Lanciné Sylla a épuisé son questionnaire, Me Paul Yomba Kourouma devait continuer à interroger le capitaine Moussa Dadis Camara. Cet autre avocat du commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba a plutôt demandé un renvoi du dossier avec pour motif, le réaménagement de leur stratégie de défense lui et son collègue. Cette demande est inopportune et sans objet, a réagi le ministère public. Abdoulaye Babadi Camara, substitut du procureur a par conséquent sollicité son rejet pur et simple. Les avocats de la partie civile se sont inscrits dans la même logique. Ceux de la défense du capitaine Moussa Dadis Camara comme Me Pépé Antoine Lamah se sont moqués de lui, en disant que la montagne a accouché d’une souris, parce que Me Paul Yomba avait promis de finir avec leur client quand son tour d’interrogatoire arriverait. Le juge a finalement rejeté la demande. Me Paul Yomba Kourouma a été invité à remettre le micro à un autre avocat de la défense pour la suite de l’interrogatoire du capitaine Moussa Dadis Camara. Le procès reprend le 16 janvier prochain pour la suite de l’interrogatoire du capitaine Moussa Dadis Camara.

Sékou Diateya Camara 

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