dimanche, septembre 22, 2024
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Procès du 28 septembre 2009 : voici les temps forts de la 11ème comparution du capitaine Dadis Camara 

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Le procès des événements du 28 septembre s’est poursuivi cette semaine au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Dadis continue de réfuter les faits pour lesquels il est poursuivi.

On l’a dit depuis les premières heures de sa comparution. Le capitaine Moussa Dadis Camara est poursuivi pour des chefs de complicité des crimes de meurtre, d’assassinat, de viols, de pillages, d’incendies volontaires, de vol à main armée, de coups et blessures volontaires, d’outrage à agent de la force publique, de torture, d’enlèvement et de séquestration, de non-assistance à personne en dangers, de violence sexuelle, d’attentats à la pudeur et de détention illégale de matériels de guerre de première catégorie. Il était en train de répondre aux questions de ses propres avocats comme Me Almamy Samory Traoré, quand il a encore martelé qu’il n’a jamais demandé à quelqu’un d’aller tuer au stade. Il dit n’avoir non plus fourni d’armes pour tuer des citoyens. Pour lui, les ordres militaires, notamment celui de tuer, est fait par écrit.  Il n’a assisté à un quelconque assassinat encore moins à une quelconque séquestration ou torture, selon lui. Pour étayer ses arguments, il déclare que jusqu’ici, on ne lui a pas identifié une personne à qui il a donné l’ordre d’aller tuer au stade du 28 septembre en 2009, comme pour réfuter sa responsabilité d’avoir donné des ordres.

Dadis répond à Me Paul Yomba Kourouma qui l’accuse d’avoir lui-même géré les corps en enfouissant les uns dans des fosses communes, et en jetant d’autres dans l’océan.

Me Paul Yomba Kourouma a demandé au capitaine d’indiquer où il a enseveli les corps. Cet avocat de Toumba Diakité pose cette question parce qu’il dit être convaincu que c’est l’ancien président du CNDD qui a bien coordonné la gestion des corps. Selon lui, les corps étaient devant l’état-major de l’armée de terre de 10h30 à 19h30. A 2h 30, a-t-il poursuivi, Dadis a demandé de les faire disparaître. Il ajoute que les uns ont été transportés dans des camions de 12 roues, d’autres dans des chalands. Ces affirmations ont été balayées d’un revers de main par l’accusé, qui précise qu’il ne peut pas inventer un autre rapport contrairement à celui du ministre de la santé. Il ajoute qu’à partir du moment où il a déclaré les 57 corps restitués à leurs familles, il ne s’empêcherait pas de dire, s’il y en a d’autres dont il a connaissance. Selon lui, cette histoire de fosses communes s’apparente à une invention.

L’avocat de Toumba insiste que Dadis était au stade le 28 septembre 2009, ce que dément catégoriquement l’accusé.

L’avocat de Toumba a affirmé que le capitaine Moussa Dadis Camara était au stade le 28 septembre 2009. Une déclaration qui a surpris plus d’un. Selon Me Paul Yomba Kourouma, l’ancien président du CNDD était suivi par les services militaires et civiles. Dadis coordonnait les opérations à partir, dit-il, de Marocana à côté de la piscine. C’est de là-bas, poursuit l’avocat, que Moussa Tiegboro l’a appelé pour dire que lui et son équipe sont submergés. Ainsi un renfort composé de Marcel et son équipe, est déployé sur le terrain, affirme Me Paul Yomba Kourouma. L’ancien commandant en chef des forces armées guinéennes répond et qualifie l’affirmation de l’avocat de son ancien aide de camp de rêve. Il persiste et signe qu’il était bel et bien au camp Alpha Yaya Diallo dans son bureau le 28 septembre 2009. D’ailleurs, a-t-il ajouté, il ne pouvait pas sortir sans cortège. Mercredi, il est revenu sur le même sujet, mais il était dans tous ces états. « Je ne suis pas un fou. Si je commets quelque chose, je l’assume. Je ne peux pas compromettre mes enfants et ma progéniture, monsieur le Président. Je jure sur mes progénitures, si l’affaire de Marocana est vraie que Dieu me détruise, que Dieu maudisse toute ma génération, que le Seigneur Jésus Christ maudisse toute ma génération » a vigoureusement assené Dadis Camara à la barre.

Avant le fond du dossier, le duel a commencé par des joutes verbales et des mises au point entre Me Paul Yomba et Moussa Dadis.

Me Paul Yomba Kourouma a attaqué en premier. Il déclare que Dadis a joué le rôle de juge dans ses Dadis shows quand il était au pouvoir. Puisqu’aujourd’hui il est devant un tribunal criminel dont les magistrats peinent à remuer la tête, quelle comparaison fait-il entre les deux, a interrogé l’avocat. « Je n’ai pas de réponses à cette question », a répondu le capitaine Moussa Dadis Camara. L’avocat l’informe ensuite qu’il lui parlera en français courant ou s’il veut d’un interprète, qu’il pourra exprimer le besoin auprès du tribunal. Dadis observe un long silence. Le juge répond à sa place. « Monsieur Camara n’a jamais demandé d’interprète. Il n’a pas dit qu’il ne comprend pas vos questions. Allez-y d’abord », a invité Ibrahima Sory 2 Tounkara. Me Paul Yomba Kourouma déroule son questionnaire, il demande aussi qui est Foromo, donné pour son féticheur ? Dadis affirme qu’il ne le connaît pas. Les joutes verbales n’ont pas cessé aussitôt. « Si c’est parce que je ne vous ai pas nommé ministre que vous êtes hargneux contre moi, je ne l’accepterai pas à cette barre » a averti Dadis. Il a ajouté que Me Paul Yomba a passé tout son temps à le dénigrer dans la presse nationale et internationale. En répondant à une autre question de l’avocat, l’accusé informe qu’il appartient à la 21ème promotion de l’université guinéenne. Me Paul Yomba Kourouma dit que lui appartient à la 19ème promotion. Comme pour dire qu’il n’appartient pas à la même promotion que l’ancien président du CNDD, comme le croiraient certaines personnes. Selon l’avocat, s’il a donc voulu être ministre, il le serait sous le feu général Lansana Conté.

Dadis accuse aussi des organisations des droits de l’homme comme l’OGDH et la FIDH de complot

L’OGDH, la FIDH, et L’AVIPA sont accusés de s’être opposées à une procédure judiciaire contre le général Sékouba Konaté, ancien ministre de la défense sous le CNDD. Puisque ces organisations ont adopté cette position, elles sont dans ce procès non pas pour chercher la vérité, mais pour régler des comptes au capitaine Moussa Dadis Camara, confirme l’accusé après avoir été interrogé sur le sujet par un de ses avocats. Dadis va jusqu’à dire que tous ceux qui se sont opposés à la procédure contre son ancien ministre de la défense sont complices du complot ourdi contre lui. En plus, l’ancien président du CNDD dit être curieux que les leaders du RPG ne soient pas blessés au stade du 28 septembre et que Toumba ne soit interpellé que 7 ans après sa tentative d’assassinat contre sa personne, alors qu’il était juste à Dakar. Son avocat, Me Pépé Antoine Lamah, est ensuite revenu sur des audio de Kiridi Bangoura, ancien secrétaire général à la présidence sous Alpha Condé et de Sidya Touré, président de l’UFR. Ils font état du soutien qu’a apporté Sékouba Konaté à Alpha Condé pour être président de la République et les machinations dont son client a été victime de la part des deux.

Dadis ne savait pas que Toumba, avant d’aller à Dakar, avait passé 6 mois chez Sékouba Konaté après avoir tiré sur lui, comme l’affirme un de ses conseils

Le commandant Aboubacar Sidiki Diakité a tiré sur son ancien patron le 3 décembre 2009. Après ces événements qui se sont produits au camp Koundara, actuel camp Makambo, il a passé six mois chez le général Sékouba Konaté, a affirmé Me Pépé Koulemou, un des conseils du capitaine Dadis. Après cette affirmation, l’avocat a demandé à son client s’il en était informé.  « Quand Toumba Diakité a tiré sur votre personne, après avoir assassiné votre chef des opérations, il était logé par le général Sékouba Konaté pendant six mois. Est-ce que vous le savez ? Pendant six mois, il habitait chez le général Sékouba Konaté avant de sortir du pays. Le saviez-vous ? » « Non », a calmement répondu l’accusé.

Accusé d’avoir aménagé une issue de secours non-architecturale à son bureau, Dadis se justifie 

Un des avocats de Toumba accuse le capitaine Dadis Camara d’avoir construit une issue de secours à son bureau. Selon lui, c’est à travers cette issue que Dadis est sorti pour se rendre à Marocana non loin du stade du 28 septembre. L’ancien commandant en chef des forces armées guinéennes a bien réagi à cette affirmation. « Par rapport à l’issue, j’estime que ce n’est même pas au niveau d’un chef d’Etat seulement. Lorsque vous faites votre plan, il faut créer une issue parce qu’on ne sait pas quand et à quel moment il peut y avoir des incidents. Contrairement à l’idée de cette issue dont parle Me Paul Yomba Kourouma. Cette issue, j’affirme et je confirme qu’elle a été faite directement après que j’ai renoncé au palais Sékhoutouréya et cette issue, c’était bien avant la prise du pouvoir. Ça n’a rien à voir avec la stratégie de Me Paul Yomba pour justifier que je suis sorti du camp pour aller au Marocana » a-t-il précisé.

Dadis qualifie les accords de Ouaga de faux

Le général Sékouba Konaté a remplacé le capitaine Moussa Dadis Camara à la tête du pays en 2010, après la tentative d’assassinat dont il a été victime. Ce fut l’une des conclusions des accords signés entre les deux à Ouagadougou, appelés les accords de Ouaga. Sékouba Konaté devait rester président de la transition par intérim. Interrogé mardi à propos par un de ses conseils, Moussa Dadis Camara a indiqué que ces accords n’avaient qu’un seul objectif, l’évincer du pouvoir : « Ce sont des faux accords. C’était juste pour me berner et berner le peuple de Guinée. C’est tout » a commenté Dadis.  « Vous ne trouvez pas curieux que ce soit le deuxième vice-président du CNDD qu’on vous impose alors qu’il y avait le premier vice-président, feu Mamadouba Toto Camara ? » enchaine Me Pépé Antoine Lamah « Tout à fait, maître, ça prouve à suffisance que leur objectif a été atteint » a regretté l’accusé avant d’ajouter que Sékouba Konaté avait aussi « une haine viscérale » contre lui. « Selon ces accords-là, vous deviez rester président et lui devenait président par intérim. Pendant que vous étiez à Ouaga, est-ce qu’il vous versait votre budget de souveraineté ? » interroge encore Me Pépé. « C’est ce qui revient à dire que c’était des faux accords. Président par intérim, moi j’étais à Ouaga, je suis le président titulaire, rien n’a été fait » a déploré l’officier à la barre.

Des avocats de Dadis sollicitent la comparution d’Alpha Condé et du Général Sékouba Konaté

La demande a été faite particulièrement par Me Pépé Koulémou alors qu’il avait fini de dérouler son questionnaire.  « Monsieur le président, dans l’intérêt de la manifestation de la vérité qui a commencé à jaillir devant votre tribunal, nous vous demandons d’ordonner la comparution de Sékouba Konaté et Alpha Condé par rapport à toutes les questions que nous avons soulevées ici », a-t-il sollicité. Depuis les premières heures de sa comparution, son client ne cesse d’accuser Alpha Condé, Sékouba Konaté et Toumba Diakité de complot dont il a été victime selon lui.  Il considère même les événements du 28 septembre 2009 comme les conséquences de ce complot qui visait à l’évincer du pouvoir.

Dadis se fâche et révèle qu’il n’a aucun lien avec le colonel Bienvenue Lamah, ancien directeur du centre de Kaléya

L’ancien commandant en chef des forces armées guinéennes jure que ce n’est pas lui qui a nommé le colonel Bienvenue Lamah au camp Kaléya. « Le colonel Bienvenu Lamah était instructeur à Kaléya avant mon arrivée au pouvoir. Monsieur le président, je peux jurer sur tout ce qui m’est cher, s’il y avait un lien entre Colonel Bienvenu et moi bien avant la prise du pouvoir, que Dieu me détruise, qu’il nuise à toute ma progéniture. Le Colonel Bienvenu Lamah, si ce n’est pas ici que je l’ai connu, quand bien même il était à Kaléya, s’il y a eu échange, je le jure, que le Seigneur Jésus Christ maudisse toute ma génération » Pour le conforter dans sa position, son avocat Me Jocamey Haba a présenté au tribunal la décision de nomination de l’officier gendarme. Cet acte signé par l’ancien chef d’état-major du nom de Jacques Touré, atteste que le colonel Bienvenue Lamah a été nommé en juin 2008. Le capitaine Dadis est souvent accusé d’avoir nommé ses parents et proches, comme le colonel Bienvenue Lamah, à des postes de responsabilité, notamment dans le but de se maintenir au pouvoir.

Dadis n’accepte qu’on dise qu’il recevait de l’argent d’Alpha quand il était à Ouagadougou

C’est quand le deuxième round d’interrogatoire du capitaine Dadis a commencé que cet aspect a été abordé. Un des avocats des parties civiles lui a posé la question de savoir, s’il recevait de l’argent d’Alpha Condé, ancien président de la République, quand il était au Burkina Faso. Dadis s’est réservé de répondre clairement à la question. Et suite à l’insistance de l’avocat qui a menacé de brandir des preuves quand viendra le moment des plaidoiries, l’officier a déclaré que même si c’était le cas, que cet argent ne provenait pas de la famille de quelqu’un. Ce qui a fait éclater l’assistance de rire dans la salle. Cet avocat tente ainsi de relever des contradictions dans les propos de l’accusé qui continue de qualifier Alpha Condé de comploteur contre sa personne.

Moussa Dadis Camara indique qu’il gardera avec fierté et honneur son grade de capitaine jusqu’à sa mort

Effectivement. Il l’a dit quand il répondait aux questions de Me Paul Yomba Kourouma. Cet avocat de Toumba l’a d’abord appelé mon général. « Non, capitaine s’il vous plait » a rétorqué Dadis. Me Yomba accepte de l’appeler ainsi tout en lui demandant s’il est encore capitaine ? « Bien sûr ce grade de capitaine, je le garde jusqu’à ma dernière demeure. Si je voulais me donner le grade de général je l’aurai fait au su du peuple de Guinée. Donc dites capitaine, je suis fier de cela » l’avocat lui rappelle qu’il a renoncé à sa qualité de militaire « maître même si vous allez à la retraite, vous gardez votre grade » a insisté Dadis.

Le procès va se poursuivre le 23 janvier prochain. Et retenez qu’après 11 audiences, le capitaine Moussa Dadis reste toujours à la barre. C’est le deuxième round de son interrogatoire qui est en cours.

Sékou Diatéya Camara

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