Après plusieurs renvois, les auditions des victimes et parents de victimes des crimes de sang sous le régime de l’ancien président Alpha Condé ont débuté ce vendredi 20 janvier 2023. La rencontre s’est déroulée à huis clos dans une salle du bâtiment qui abrite le procès du massacre du 28 septembre dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry.

Ces auditions sont menées par une équipe mixte des officiers de police judiciaire de la gendarmerie et de la police. Pour la journée d’aujourd’hui, cinq familles de victimes ont été entendues par les officiers enquêteurs, rapporte un journaliste que Laguinee.info a dépêché sur place.

Au sortir de ce tête-à-tête qui a duré plusieurs heures, Maître Thierno Souleymane Baldé, l’avocat des victimes a expliqué le processus choisi.

« On a eu la première séance d’audition au niveau des familles des victimes. Comme vous le savez, nous avons plus de 260 parents de victimes pendant le régime de monsieur Alpha Condé. Je précise que ce n’est pas seulement les victimes de crimes de sang. Il y a aussi ceux qui sont victimes de coups et blessures, destructions de biens privés, menaces, ainsi de suite. Il y a un groupe de personnes qui a été auditionné aujourd’hui. Chaque vendredi, on aura un groupe de personnes puisqu’au niveau logistique, il n’y a pas beaucoup d’ordinateurs afin d’avoir plusieurs équipes des officiers de police judiciaire pour les entendre. Donc, il est convaincu chaque vendredi et éventuellement nous allons voir si on peut programmer des séances d’audition les jeudis. Et à chaque fois on va essayer d’avoir un certain nombre de parents de victimes qui vont venir se faire auditionner et à la fin nous allons continuer avec les différents témoins », a-t-il laissé entendre.

Poursuivant, l’avocat indique qu’il y aura une nouvelle étape après cette phase de l’enquête préliminaire devant les officiers de police judiciaire.

« Lorsque la procédure des auditions sera bouclée au niveau de l’enquête préliminaire devant les officiers de police judiciaire, le dossier sera transmis au niveau du doyen de juges d’instruction du Tribunal de première instance de Dixinn. Il y aura une nouvelle étape qui va commencer qui consistera à entendre les personnes qui seraient éventuellement coupables  soit de délits ou de crimes afin de déterminer s’ il y a des éléments de preuve suffisants pour pouvoir les inculper et éventuellement les traduire devant la justice. Donc aujourd’hui, ce n’est que le début, le chemin sera long mais j’ai la conviction quelques soient les difficultés au bout du compte nous allons y arriver, puisque nous n’allons pas abandonner », a rassuré Me Thierno Souleymane Baldé.

Mamadou Kissy Barry, victime des coups et blessures volontaires commis par des policiers chez lui lors des manifestations politiques en 2013 sort satisfait de ces auditions.

« L’audition s’est bien passée. Ils nous ont bien reçus. Les officiers de la gendarmerie et de la police nous ont bien interrogés pendant deux heures de temps. Donc, on a tout déclaré, ils ont écrit. On a pas encore signé, mais bientôt on va signer, aujourd’hui même. Donc, ça a été vraiment bien l’interview », a-t-il déclaré.

Notre interlocuteur appelle les autres victimes qui n’ont pas été auditionnées aujourd’hui à prendre part à ces auditions dans les prochaines séances.

« Je souhaite que toutes les autres victimes qui ne sont pas venues aujourd’hui, qu’elles se présentent parce que nous sommes nombreux. Maître Thierno Souleymane a parlé de 260 personnes, mais moi je sais que ça dépasse. Parce que seulement dans mon quartier Fossidet,  il y a eu plus de dix morts. Ces victimes ne sont pas venues d’abord, mais quand je rentrerai aujourd’hui je vais leur dire de venir », a promis Mamadou Kissy Barry.