Par Moussa Moise Sylla : Le procès qui s’ouvre aujourd’hui marque un tournant historique dans l’histoire de la Guinée. Selon les Nations unies, le 28 septembre 2009, au moins 157 personnes ont été tuées et 109 femmes violées lors d’un meeting de l’opposition contre la candidature du chef de la junte militaire de l’époque, le capitaine Moussa Dadis Camara. Ce drame avait ému les Guinéens tout comme la communauté internationale.
Depuis la date de cet événement malheureux, qui a endeuillé plusieurs familles et choqué le monde entier de par le nombre de morts et la cruauté dont été victimes les femmes, le procès mille fois réclamé par la Cour pénale internationale (CPI) et les familles des victimes pataugeait. Tout se passait comme si certains avaient un malin plaisir à retarder ou empêcher la tenue de ces moments de vérité qui auraient permis de connaître les circonstances qui ont prévalu à ce massacre, situer les responsabilités et permettre aux familles des victimes de faire leur deuil. Pendant les 12 ans d’instruction de ce dossier, rien n’a pratiquement été fait pour l’évolution de la procédure et des responsables dont deux ministres de la Justice se sont rendus coupables de détournement de fonds alloués à la construction des infrastructures liées à la tenue du procès. Il faut le faire !
Il aura fallu l’arrivée à la tête de l’Etat du colonel Mamadi Doumbouya le 5 septembre 2021 pour voir, sur son insistance et son implication personnelle, mettre en branle la justice afin que l’on assiste enfin à l’ouverture tant attendu du jugement sur cette regrettable page de l’histoire contemporaine de la Guinée et c’est en cela qu’il reçoit les remerciements et bénédictions de tous les Guinéens, toutes tendances politiques confondues. Car, en effet, pour une première, c’en est une. En réussissant à organiser ce procès de toutes les attentes, c’est la responsabilité souveraine de la Guinée qui est engagée car face aux tâtonnements constatés par le passé, c’est la CPI qui aurait finalement repris le dossier, le pays s’étant montré incapable d’assumer et s’assumer. En effet, il est de règle que face à l’incapacité d’un pays de gérer une situation de ce genre,
la CPI prenne le dossier en main. Heureusement que sous les orientations rigoureuses et la volonté affichée du colonel Mamadi Doumbouya de faire de la justice la boussole des actions de tous, la Guinée assume sa souveraineté.
Justement, l’implication du colonel Mamadi Doumbouya et les avancées de la justice guinéenne sont appréciés par la CPI. En effet pour le procureur adjoint de la CPI, Mandiaye Niang en mission à Conakry : « Je suis satisfait des travaux réalisés par le gouvernement du colonel Mamadi Doumbouya pour l’organisation du procès des massacres du 28 septembre. J’ai visité le bâtiment où le procès doit se tenir, les matériels, l’indemnisation des victimes, la présence des accusés ainsi que l’engagement des autorités, tous ces points ont été discutés avec les cadres du ministère de la justice. J’avoue que, ce département de la Justice à sa tête Charles Alphonse Wright fait du bon travail pour la tenue de ce procès ». CQFD.
Et pour l’ancien Premier ministre François Lonsény Fall victime et présent au stade du 28 septembre lors de ces événements : « Félicitations aux autorités de la transition pour avoir pris la salutaire décision d’organiser le procès des événements du 28 septembre. Enfin justice sera faite pour les crimes monstrueux commis ce jour-là. C’est une grande première contre l’impunité en Guinée ».
François Fall qui apporte tout son soutien au colonel Mamadi Doumbouya promet d’ailleurs de venir apporter son témoignage sur ce qu’il a vu et vécu le jour de ces atrocités au stade.
Unanimement, tous saluent les efforts du CNRD qui ont enfin permis la tenue de ce procès qui se veut historique. Ce qui justifie la présence à Conakry du procureur de la CPI, le Britannique Karim Asad Ahmad Khan, et de la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU sur les violences sexuelles, Pramila Patten, pour l’ouverture du procès. Le monde a les yeux aujourd’hui tournés et fixés sur la Guinée. Le colonel Mamadi Doumbouya peut se féliciter de son courage et de sa ténacité. Il vient de réaliser et concrétiser un acte qui restera à jamais gravé dans les annales de l’Histoire de ce pays. Rien d’étonnant d’ailleurs connaissant l’homme.
Moussa Moise Sylla