Personne ne pouvait parier, du moins de sitôt, sur la flexibilité du CNRD devant le langage de la force.
La junte au pouvoir, a fait un crash de la planète Mars où elle plastronnait avec la prétention de pouvoir mener la transition en loup solitaire, sans concession aucune, ni consultation de ceux qui ne s’accommodent pas avec la conduite actuelle des affaires.
Elle a été contrainte de s’en remettre aux autres pour la gestion de la transition. Tout le mérite, à l’annonce des manifestations à l’initiative du FNDC, dans un contexte de crise attisée par la souffrance des populations qui se sont, hélas, résignées devant une pénurie de carburant qui a duré une semaine.
Loin d’une fiction, les militaires ont finalement accepté de dialoguer avec les partis politiques, mais les plus significatifs du landerneau politique.
La première sortie, puis la deuxième du Premier Ministre qui a longtemps somnolé dans son fauteuil, ne contredit pas cette réalité.
Dans sa première sortie, en début de semaine dernière, Mohamed Béavogui, amené à reconnaître l’évidence d’une crise qui couve dans le pays, a invité la classe politique à prendre part à un dialogue qu’il souhaite franc, sincère et direct.
Il a aussi instruit son ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, d’envoyer un courrier à l’adresse des acteurs sociopolitiques concernés, en vue de traduire en réalité cette volonté.
Cela sous-entend que tout ce qui a été entrepris jusque-là, dans le cadre du dialogue social, n’était qu’un épais miroir aux alouettes.
C’est alors un véritable camouflet pour les partis politiques, qui y ont participé et qui, par ces séances, avaient vanté la volonté des militaires à composer avec tout le monde.
C’est autant embarrassant notamment pour le ministre de l’administration du territoire, qui devrait sûrement en être gêné. Car son initiative vient d’être ainsi charcutée, son approche jetée au rebut.
Le Premier ministre veut imposer son rythme pour être la solution à un blocage qui a fini par éroder la transition.
Il est bien entrain en acceptant de céder aux exigences des partis qui veulent qu’il soit mentionné que c’est la toute première rencontre du genre, dans le cadre du dialogue politique. Ce n’est pas tout. Ils veulent aussi que ceux qui n’ont pas de problèmes avec les militaires, ne viennent pas troubler l’atmosphère de ce premier rendez-vous, qui se veut sérieux et déterminant pour la suite de la transition.
Sûrement que tout cela est comme acquis. On en doute point au regard de la confirmation de la participation de l’ANAD et d’autres.
Le RPG se garde d’y participer. Le navire jaune emprunte les revendications qui étaient celles de l’UFDG quand ce parti, principale force de l’opposition insubmersible d’alors, avait tous ses cadres ou presque en prison.
A l’époque, Cellou Dalein avait laissé entendre, en réponse à l’ouverture d’une éventuelle session du dialogue, qu’il ne peut pas discuter le couteau sous la gorge.
Le RPG a le même argument, lui qui avait pourtant rétorqué à cela pendant qu’il trônait à la tête du pays, qu’il ne se mêlerait pas de ce qui est du domaine de la justice. En Guinée, il n’y a de mal que ça concerne l’autre.
Malgré tout, le navire jaune devenu amnésique, exige la libération des siens en prison, pour être autour de la table.
Peut-être qu’ils ont anticipé sur cette revendication qui résonnera en ce début de dialogue, de la part des partis dont les leaders sont menacés de poursuite judiciaire.
Il est évident, que la seule alternative pour réussir ce dialogue, et d’autres, qui seront dirigés peut-être par la communauté internationale, c’est de garantir le maintien de tous les acteurs dans le processus en ordonnant à la justice d’arrêter ses poursuites contre les hommes politiques, exclusivement.
Ce sera alors la confirmation de ce qui est reproché au pouvoir d’orienter la justice dans la direction souhaitée, bien que cela paraît, dans plusieurs cas, évident.
Mognouma In Djoma
Depuis Casablanca (Maroc)