« Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables « Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne ! » » (Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité, 1755).[1]
INTRODUCTION
Comment la Guinée a-t-elle été peuplée ? Qui en sont les premiers occupants et qui en sont les derniers ? Ceux qui habitent la Guinée en 2022, d’où viennent-ils ? Par où sont-ils passés ? Quel groupe ethnique a fait quoi, avec quel groupe, contre quel autre groupe et dans quelles circonstances ? Ces interrogations sont les préoccupations de cet article.
Ces interrogations plongent leurs racines dans l’histoire du mouvement migratoire et de la mise en place des populations guinéennes ou tout simplement dans l’histoire de la Guinée. Puisqu’il s’agit de l’histoire, il est possible que certains disent que nous ne sommes pas la bonne personne pour traiter de ce sujet. En effet, n’étant pas historien[2]de formation, certains pourraient s’offusquer que nous parlions à la place des spécialistes.
Nous savons qu’il existe en Guinée des historiens de très haut niveau ; ils sont à la fois de l’ancienne et de la nouvelle génération. Ces historiens, nous le croyons fermement, ont la qualification requise et le savoir suffisant pour faire cet article à notre place.
Cependant, tout sociologue est un peu un historien. En tous cas, tout sociologue est obligé de faire de l’histoire, car les faits sociaux au centre de la recherche du sociologue ont un passé. Et cette réalité qu’étudie le sociologue est historique, c’est-à-dire qu’elle est datée et circonscrite dans un espace géographique et temporel. C’est autant dire que la sociologie et l’histoire se complètent sans se confondre. Cette complémentarité indéniable est suffisamment expliquée par G. SMETS (1929 : 89)[3] qui disait que :
« La sociologie n’atteint au réel qu’à travers l’histoire, mais l’histoire n’explique le réel que grâce à la sociologie ».
Partant, on pourrait dire que le sociologue apporte à l’historien le cadre théorique sans lequel son étude n’est que narration, technique que le journaliste maîtrise mieux que lui. D’ailleurs, l’un des plus grands historiens américains, G. E. HOWARD[4], affirmait, pour étayer cette complémentarité, que « l’histoire est la sociologie du passé et la sociologie l’histoire du présent ».
En fait, nous écrivons pour faire écrire. Nous écrivons dans l’espoir que notre ignorance, nos errements et nos égarements, que nous revendiquons et acceptons, vont amener les historiens à sortir de leur silence assourdissant et « historique » pour faire face aux dérives de la politique politicienne qui falsifie l’histoire de la Guinée et des Guinéens de nos jours. Peut-être qu’en écrivant et en nous trompant, les historiens qui sont les mieux placés pour nous entendre et comprendre notre cri de cœur, vont rompre leur silence, leur mutisme et leur indifférence face à leur devoir, leur mission et leurs responsabilités.
Dans cet article, il y aura des trous et des inexactitudes. Les uns et les autres découvriront notre ignorance et la faiblesse de notre documentation sur certains groupes ethniques et sur certains aspects. Et comme disait Amadou Ham Pâté BAH, dont nous sommes un disciple livresque :
« Je ne cherche pas à avoir raison, plutôt je cherche à ce que nos raisons et nos diverses vérités édifient la vérité vraie ».
Nous souhaitons que nos lecteurs ne gardent qu’une seule chose de ce texte : notre volonté de privilégier ce qui unit les Guinéens dans leur passé et aussi dans le présent, car comme le disait Professeur Djibril Tamsir NIANE (1963 : 21) :
« Il faut prendre garde, parce que l’histoire reste très vivante encore et vous n’êtes pas sans savoir que des querelles qui remontent parfois au 13ème et au 12ème siècles peuvent resurgir avec une recrudescence inattendue ».
Cet article est donc une façon de faire taire les « scientifiques » de certaines radios privées de Conakry, les « insulteurs publics » et les « révisionnistes historiques » qui brisent, chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, ce qui reste de la Guinée : notre pays.
Je cherche à déconstruire le discours qui falsifie pour humilier, le discours qui divise pour rabaisser, le discours qui incite à la haine et à la violence. Il y a longtemps que j’ai appris, pour avoir duré sur les bancs de l’école, que l’histoire d’une nation, celle enseignée et diffusée, est une « reconstruction » intelligente pour apaiser les passions et flatter le « vouloir vivre ensemble ».
Face aux pyromanes de Guinée qui veulent manger, se vêtir et se loger en mentant et en falsifiant pour faire plaisir aux égos de leur mentor, j’ai pensé qu’il est temps que quelqu’un assume en puisant et rendant public une petite partie des travaux des historiens de Guinée (je ne nomme personne pour ne pas insulter ceux qui ne le seront pas) et les centaines de diplômés qui ont réalisé des mémoires sur les mouvements migratoires et la mise en place des populations guinéennes, malheureusement, rarement consultés de nos jours. C’est à tous ces devanciers que je voudrais rendre hommage[5] en présentant, sans les dénaturer, leurs travaux non publiés et souvent utilisés par les vendeuses pour emballer du « takoula » et du « malè gato » dans la cour des écoles publiques et privées et à leurs abords ou gardés dans les caves moisies et obscures des bibliothèques publiques du pays.
A) LE PEUPLEMENT DE LA GUINEE
Faire l’historique du peuplement de la République de Guinée est un exercice à la fois simple et complexe. Il est simple, car il est toujours possible de « répéter » les nombreux écrits réalisés sur certaines des populations de ce pays avec le risque de reproduire des vérités connues, parfois reconstruites, souvent parcellaires et forcement tronquées.
L’exercice est complexe, car il existe peu de documentation sur le peuplement de toutes les populations guinéennes et celle qui existe porte sur certains groupes, en particulier (baga, soussou, Peul, kissi et malinké) et est souvent des partis pris ethnologiques. Il est encore très difficile de faire de l’histoire en Afrique car cet exercice, comme le disait Boubacar BARRY (1975 : 12)[6], « se heurte à des sérieuses difficultés, car entre légende et histoire, la frontière est souvent indécise ».
C’est avec ces précautions et ces limites que nous aborderons la question du peuplement. C’est dire, autant que possible, nous viserons à être exhaustif tout en évitant les stéréotypes et les clichés faciles d’écriture mais réducteurs de la réalité historique et sociologique. Nous nous abstiendrons de présenter l’organisation sociale, les mœurs et les coutumes des différentes populations qui constituent la mosaïque humaine guinéenne. Cette question est suffisamment importante pour être diluée à l’intérieur du présent article.
S’il est difficile de dire avec une date précise à quelle époque remonte l’arrivée des premières vagues de populations dans les différentes régions du territoire qui est aujourd’hui désigné par le nom de République de Guinée, la plupart des documents disponibles et utilisés par les historiens qui s’intéressent à la question des mouvements migratoires des populations situent le début de l’occupation de ce territoire autour du moyen âge africain (approximativement entre le Vème et le XVIème siècles). En fait, cette période, comme toutes ces périodes éloignées et mal documentées, est arbitraire et correspondrait davantage à la période à partir de laquelle il existerait des documents plus ou moins fiables et utilisables (souvent de sources arabes) dans le cadre des canaux scientifiques.
On sait, cependant, que le dessèchement du Sahara et la chute de l’empire du Ghana (1076) ont eu pour conséquence une très grande mobilité des populations africaines de l’Ouest. Cette mobilité s’est poursuivie, et s’est prolongée avec la naissance et la disparition de tous les empires et Etats de la région (Mali au XIIIème siècle, Songhaï au XVème siècle, Ségou au XVIIème siècle, Foutah Djalon au XVIIIème siècle, Macina au XIXème siècle, etc.) qui se sont succédé sur ce vaste espace qui va du désert à la lisière de la forêt en passant par la savane et les zones montagneuses du Foutah Djalon.
On sait aussi depuis les travaux de l’historien Djibril Tamsir NIANE[7], qui s’est appuyé sur ceux de Maurice DELAFOSSE (1912)[8], que :
« Les noirs ne sont pas autochtones, en cela toutes les traditions locales sont unanimes et on connaît la tendance générale en Afrique Occidentale à faire venir les ancêtres de l’Est. » (1960 : 43).
Ce point de vue est aussi celui de la quasi-totalité des spécialistes de la question qui s’accordent à reconnaitre que, pour l’essentiel, les populations de la Guinée sont originaires du Sahel et que ces populations sont arrivées sur le territoire guinéen par vagues successives au cours des siècles. La première conséquence de cette conclusion est simple : nous sommes tous des « étrangers » à part égale dans les pays dans lesquels nous vivons présentement, les premiers comme les derniers arrivés.
Cela dit et pour faciliter la lecture lourde et fastidieuse du présent article, nous allons, pour en aérer la lecture, le découper en de petits morceaux avec des titres que nous espérons significatifs.
I. LES COTIERS DE LA GUINEE (MANDENYI, SOUSSOU, BAGA, NALOU, LANDOUMA, MIKHIFORE)
1. LES MANDENYI
Les Mandenyi seraient les premiers occupants de la zone côtière de la Guinée. Cette affirmation est celle de Zainoul A. SANOUSSI (1969 : 25)[9] qui défend dans son Mémoire de Fin d’Etudes Supérieures que : « les traditions et les documents s’accordent pour dire que les 1ers occupants de la zone comprise entre Dubréka, Conakry, Coyah et Forécariah seraient les Mandenyi ».
Les rares historiens qui se sont intéressés à la migration des Mandenyi s’accordent sur deux choses. La première est de considérer qu’ils auraient occupé, selon CONTE, reprenant André ARCIN (1911 : 186)[10], « tout le versant Sud-Ouest du Foutah d’où ils furent en partie expulsés à la suite du refoulement général des Baga du Nord vers la mer ». La seconde est de considérer que du Foutah Djalon, les Mandenyi seraient descendus dans la région forestière (entre Faranah et Macenta) avant de migrer vers la côte en traversant le territoire actuel de la Sierra Leone.
C’est probablement pour cette raison que Demba CONTE (1979 : 21)[11] a affirmé dans son Mémoire que : « Forécariah a été habité par une population de souche Mandeyi dont le pays d’origine serait aux confins de Macenta et de Guéckédou ». Ce sont les mêmes propos que l’on retrouve dans les écrits d’André ARCIN (1909 : 14) « les Mandeyi, tout comme les Baga, sont venus du Solina actuel ». Dans tous les cas, en 2022, il y a plus de Mandenyi en Sierra Leone qu’en Guinée. Ce qui atteste, on ne peut plus mieux, leur pérégrination dans la région Ouest africaine.
2. LES SOUSSOU
Ce que l’on désigne en français par le mot Soussou se désignent eux-mêmes Sosoé ou Sosé. Pour faire simple, on dira dans ce texte les « Soussou » pour les désigner. Mahawa BANGOURA (1972)[12] relate qu’ils seraient venus du Mali après la victoire de Soundiata KEITA sur Soumangourou KANTE à la suite de la défaite de ce dernier à la bataille de Kirina en 1235. Pour BANGOURA (1972), du Mali, les Soussou auraient emprunté quatre voies :
1) Le 1er groupe aurait passé par Sibi Menien pour trouver asile dans l’actuelle Haute Guinée et au Foutah Djalon avant de rejoindre le littoral guinéen. Il semble que ceux qui ont séjourné au Foutah Djalon se seraient scindés en deux groupes : le premier aurait longé le bassin du Konkouré pour occuper le Kabitaye, le Labaya et le Bramaya et le second aurait longé le cours des scories, se serait emparé du Benna et de Tamisso avec les Mandeyi avant de s’installer dans le Kemalaye, le Kissi-Kissi, le Soumbouya et le Moricanie ;
2) Le 2ème groupe serait parti vers le Sénégal et aurait été assimilé par les Wolofs ;
3) Le 3ème groupe aurait traversé le Sénégal avant de contourner le Foutah Djalon pour rejoindre la côte guinéenne ;
4) Le 4ème groupe aurait longé le fleuve Niger pour aller en Guinée Forestière tout en conservant les noms de famille comme KANDE, BAMBA et SOUMAORO (BANGOURA, 1972 : 14).
Sur ces quatre trajectoires migratoires, l’unique que l’on retrouve dans les écrits de Jean SURET-CANALE[13], qui sont antérieurs à ceux de Mahawa BANGOURA, est la troisième route migratoire. En effet, Jean SURET-CANALE (1970) s’appuyant sur la tradition orale du Rio Pongo affirme qu’« il est probable que les soussous soient venus des vallées moyennes du Bafing et de la Gambie vers le littoral, en contournant la région du Foutah par la vallée du Cogon, à une époque très ancienne » (1970 : 47).
Pour Cheick Sidy Mohamed DIALLO (1975)[14], les Dialonké et les Soussou auraient migré du Ghana vers 1250. Pour être si affirmatif, il s’appuie non seulement sur ses propres recherches sur le terrain mais aussi sur les travaux antérieurs de Maurice GAUTHIER (1908 : 12)[15] qui soutenait que :
« C’est probablement mal accueilli par les Banbaras qui peuplaient le Soudan méridional que les Dialonké durent continuer leur marche vers le Sud jusqu’au Foutah actuel où ils s’établirent »
Ces versions ne sont pas totalement différentes de celles Charles Emmanuel SORRY (1974)[16]. Sans les faire venir de loin comme les autres, il reconnait toutefois leur mouvement d’Est-Ouest. Pour lui, les Soussou seraient des chasseurs d’éléphants originaires de Funyi et de Sangalan aux abords de la Falémé. A la quête d’éléphants, ils se dirigèrent d’Est vers l’Ouest. Dans cette marche, ils auraient utilisé le trajet relaté par SURET-CANALE (1970), c’est-à-dire en passant par le Cogon avant d’être repoussés par les Badiaranké vers le Sud-ouest. C’est ce groupe qui se serait agrandi en absorbant et en assimilant certains membres des autres groupes qui seraient arrivés plus tard comme les Baga et les Landouma. Enfin, l’on notera que de nos jours, la plupart de ceux qui l’on désigne par le nom de Soussou occupent surtout le Sud de la région maritime : Conakry, Kindia, Coyah, Forécariah et Dubréka, alors que le Nord est majoritairement peuplé par les autres ethnies du littoral tels les Baga, les Nalou, les Landouma, etc.
Après avoir fait ce bref rappel historique sur les Soussou de Guinée dans leur trajectoire migratoire, il reste plusieurs questions sans réponses. La première question est de savoir si les Dialonké et les Soussou sont un et même peuple ? La seconde question est de savoir si l’empire Soso a été fondé par les Soussou, les Dialonké ou un autre groupe humain ? Cette dernière question pose indirectement celle de l’appartenance ethnique de Soumangourou KANTE, le roi du Soso au groupe ethnique Soussou actuel.
Sur la première question, Cheick Sidy Mohamed DIALLO (1975) ne répond pas directement, mais se contente d’affirmer que si les deux groupes (Sousou et Dialonké) ne sont issus du même peuple, les seconds sont rattachables à l’embranchement du premier nommé à cause de l’identité quasi-totale de leurs deux langues. Pour l’affirmer, il s’appuie sur la tradition orale qu’il rapporte.
Il est vrai qu’en écoutant un Dialonké et un Soussou parler leur langue, on décèle des mots identiques avec quelques différences ou nuances linguistiques. Ces nuances linguistiques ne permettent ni d’infirmer ni de confirmer qu’il s’agit d’un même et unique groupe ethnique. On peut supposer que ces différences pourraient s’expliquer par des migrations différenciées dans le temps et l’espace et par la longue cohabitation avec les Malinké dans le Manding et les Peul au Foutah Djalon. Ces différentes cohabitations auraient eu pour effets des emprunts réciproques.
On pourrait affirmer, à la suite de Jean SURET-CANALE, la « parenté linguistique » entre les deux groupes (Soussou et Dialonké), cependant nous ne soutiendrons pas, vaille que vaille, que les deux groupes constituent un même peuple. Des recherches ponctuelles, intenses et suivies sont nécessaires pour trancher la question sur ce lien parental entre Dialonké et Soussou.
Sur la seconde question, la réponse de Maurice DELAFOSSE (1912) est catégorique. Ce chercheur, affirme, à la suite de IBN KHALDOUM, que les :
« Sossé [ ] ont été longtemps confondu à celui des Soussou, alors que, à mon avis, ces derniers n’ont jamais participé à sa formation ni à sa gloire : c’est tout au moins ce qui résulte d’un examen consciencieux des traditions locales, comme de la lecture attentive de quelques documents écrits » (1912 : 162).
Pour Maurice DELAFOSSE (1912), la constitution du Soso en un empire est le prolongement de l’affaiblissement de l’empire du Ghana par les Almoravides. Sur les lambeaux de l’empire du Ghana et après que la domination berbère eut pris fin en 1090, un Etat vassal du nom du Royaume de KANIAGA put, à son tour, devenir un empire avec comme capitale Soso et comme premier dirigeant des princes Soninké de la dynastie des DIARISO qui venaient de l’intérieur de l’empire du Ghana.
Il semblerait que c’est sous le règne de Banna-Boubou (1100-1120) que des Peul qui appartenaient au clan des So ou Férobhè se seraient métissés avec les dirigeants Soninké du Royaume de KANIAGA :
« C’est ce qui fit donner aux descendants de ces unions le nom de Sossé (descendance des SO) ; plus tard, l’emploi de cette appellation s’étant généralisé, elle fut appliquée à tous les habitants de KANIAGA ou tout au moins à toute la classe dirigeante. C’est également cette circonstance qui fit donner le nom de Soso (village des SO) à la capitale de l’Etat » (Maurice DELAFOSSE (1912 : 164).
Sur la seconde interrogation toujours, il y a peu de chance que Soumangourou KANTE soit Soussou ou Dialonké. Il est fort probable qu’il soit un Malinké. On sait, à travers l’histoire relatée par Maurice DELAFOSSE (1912), que Soumangourou KANTE est le fils d’un usurpateur de pouvoir du nom de Diaara KANTE.
Maurice DELAFOSSE (1912) affirme qu’à la mort de Birama DIARISO (le dernier prince de la dynastie des DIARISO), la lutte pour la succession va opposer les neufs fils issus de deux épouses du défunt roi. C’est cette bataille fratricide qui va conduire les enfants de la seconde épouse à faire appel au plus grand soldat du Royaume du nom de Diaara KANTE. Ce dernier va aider à vaincre les enfants de la première épouse, mais finira par prendre le pouvoir aux mains des enfants de la seconde épouse qui eux-mêmes ne s’entendirent pas après leur victoire. Soumangourou KANTE (1200 environ à 1235) est donc l’héritier de Diaara KANTE et se serait sous son règne que l’empire Soso atteindra son apogée et son déclin.
Au vu de ses éléments et de ce que nous savons de Soumangourou KANTE et du patronyme KANTE hier et aujourd’hui, il est difficile de soutenir que celui-ci ne serait pas Malinké. En effet, comment expliquer qu’on ne trouve nulle part, en dehors du Manding, assez de familles KANTE à l’échelle communautaire ? Pourquoi les KANTE, eux, sont-ils restés si massivement dans le Manding après la défaite militaire de leur roi et la décision de les reléguer au simple statut d’homme de caste au service de la nouvelle dynastie du vainqueur de Kirina ? Peut-on alors supposer que la plupart des KANTE qui seraient restés dans le Manding auraient changé de nom pour se confondre et éviter des représailles ? Peut-on, enfin, croire que ceux qui ont préféré partir ont gardé leur nom de famille par souvenir et/ou par fierté ? Ce sont là des questions d’importance capitale qui, pour leurs réponses, demandent de la volonté, de courage et des moyens appropriés pour mener des recherches pluridisciplinaires, suivies et intenses à plusieurs niveaux dans la sous-région.
D’ici là, on peut se permettre certaines hypothèses qui ouvrent de nouvelles pistes de recherches. On peut, par exemple, légitimement se douter du fait que les descendants de Soumangourou KANTE ne soient pas encore dans les limites de l’ancien empire de son fondateur. Aussi, si les KANTE sont restés dans le Manding, et on sait qu’ils l’ont été pour la majorité d’entre eux, c’est probablement parce que le pouvoir n’appartenait pas à tous les KANTE. Si cette hypothèse est la bonne, on pourrait dire que ceux qui ont émigré après Kirina l’ont fait pour quitter une zone de trouble où la sécurité n’était pas encore rétablie et non parce qu’ils ont perdu un pouvoir qui n’était pas collectif, mais bien individuel.
En plus, les armes (couteaux, flèches, coupe-coupe, sabre, etc.) sont le fait des forgerons et donnent un avantage certain à ceux qui les ont, à ceux qui les fabriquent, mais surtout à ceux qui savent les utiliser à des fins politiques. En tous cas, l’histoire du Soundiata KEITA, tout comme celle du Foutah Djalon, montre très clairement que les armes utilisées lors de la bataille de de Kirina ou de Talansan n’ont été confectionnées ni par les KEITA, ni par les Peul musulmans. Les uns et les autres en ont fait des moyens de conquête et de conservation du pouvoir politique à leurs propres fins, souvent au détriment d’autres dont certains avaient le secret du fer.
Enfin, l’on a toujours pensé, depuis l’empire du Mali, que les KANTE sont des forgerons[17], il se pourrait que tous les KANTE d’avant Kirina ne soient pas tous des forgerons de fabrication et d’usage. Soumangourou, tout comme d’autres chefs après lui, aurait eu juste le génie et la force de commander sa fabrication, de contrôler sa circulation et d’administrer son usage dans son empire. Car, la maitrise du fer, disons des armes, a toujours joué un rôle essentiel dans l’accès et l’exercice du pouvoir.
II. LES AUTRES COTIERS
Il semble qu’avant d’arriver sur le long du littoral, les Baga, les Landouma et les Nalou ont aussi transité par la région du Foutah Djalon. Arrivés en ces lieux depuis le haut Moyen Age et devenus sédentaires, ils s’occupaient essentiellement de l’agriculture et d’élevage. Ils seraient refoulés vers les côtes atlantiques par les Dialonké qui occupaient alors les plateaux du Nord et du Centre du Foutah d’où certains parmi eux seraient, plus tard au XVIIIe siècle, refoulés à leur tour par les Peul musulmans[18].
3. LES BAGA
Reprenant F. K. Voeltz, MOUSER (1999)[19] écrit que le mot « Baga » dérive du susuxuy bae, « la mer », et raka, « de là », d’où baeraka, « ceux de la mer », terme utilisé pour désigner ceux qui vivent le long de la côte. Une conclusion allant dans le sens de ce que WILSON (1961 : 1) indiquait il y a quarante ans, lorsqu’il remarquait que « Baga » est plutôt prononcé Baka par les intéressés et les Temne.
Dans le cours développé par Zaïnoul A. SANOUSSI et ses autres collègues du Département d’Histoire-Sociologie, d’Histoire-Philosophie et autres binaires de l’époque de l’Institut Polytechnique « Gamal Abdel Nasser » de Guinée, intitulée « la mise en place des populations guinéennes »[20], il est affirmé que les Baga seraient l’une des toutes premières migrations du Tekrur vers la côte. En tous cas, les explorateurs portugais notent la présence des Baga dès le XVIème siècle le long des côtes atlantiques de la Guinée. Ils auraient emprunté plusieurs chemins et à des périodes étalées sur plusieurs siècles. Ce qui aurait conduit à l’existence de plusieurs groupes sociolinguistiques Baga.
MOUSER (1999) nous apprend qu’en 1885, le révérend P.H. DOUGHLIN divise les Baga en Baga Koba, Baga Kakisa, Baga Nus ou Baga Noirs, Mikhii-Fori et Baga Kalum. Quant à Denise PAULME (1956)[21], elle distingue de son côté les embranchements suivants de Baga :
1. Mandori autour de l’embouchure du Rio Componi (ils cohabitent avec les Nalous). Ils viendraient de la zone comprise entre Télimélé et Kindia ;
2. Sitémus à l’embouchure du Rio Nunez demeurant surtout dans la région du Nunez (village de Katoko, Katongoro, Kawtel) (ils auraient migré de la région de Labé vers la zone de Kamsar) ;
3. Koba au Sud du Pongo ;
4. Kakissa (ou Sobané) sur les côtes entre le Cap Verga et le Rio Pongo ;
5. Pukur ou Binani Baga (ils seraient l’un des plus anciens groupes et auraient migré de l’actuelle Préfecture de Gaoual sous aucune pression particulière). Dans le Binani (Préfecture de Gaoual, il est encore possible de retrouver certains lieux de passage des Baga avec des zones de fétiches qui restent encore des endroits gardés intacts par les populations Peul de la zone) et enfin après le Konkouré ;
6. Les Baga de Kalum auxquels s’ajoutent les Baga Foré et le groupe Buluñits entre le Nunez et le Cap Verda (ils auraient migré de Timbo et seraient l’un des derniers groupes à migrer vers la côte).
Nous avons donc, sous une même appellation Baga, un groupe diversifié et sans doute assez mixte.
4. LES LANDOUMA OU LES LAND-MEN ?
Les données de la tradition suggèrent que le nom de « landuma » leur aurait été attribué par les premiers explorateurs anglais. Les Landouma seraient donc l’expression anglaise de « land man » (homme du territoire, paysan).
Pour Marie Paul FERRY et Lansana SANDE (2000)[22], « Landouman » a une étymologie possible, ce serait le nom qui fut donné dès le XVIIème par les Anglais, aux hommes qu’ils voyaient le long de la côte depuis leurs bateaux : land-man en anglais signifie simplement paysan. Reprenant Marie Yvon Curtis (1996), FERRY (2000) aurait fait remarquer que le mot apparaît pour la première fois chez le compilateur espagnol Sandoval (1623) sous la forme Landama, et qu’on le retrouve ensuite en 1664 chez André de Faro. Si l’interprétation de Ferry est exacte, ces derniers auteurs auraient en ce cas employé le terme donné par les navigateurs anglais et c’est celui qui aurait perduré dans le temps.
Les Landouma auraient deux noms : landouma et tyapi. Le nom de « tyapi » serait celui par lequel les autres populations voisines, notamment les Peul les nommeraient. Il semble se dégager deux noms pour le même peuple : les Landouma restés dans la région de Koundara sont appelés par le nom de tyapi alors que ceux qui vivent dans le Kakandé (Préfecture de Boké) gardent le nom de Landouma. Paul PELISSIER (1966 : 524)[23] dira que :
« Une partie de ces Cocoli-Landouma ont dû quitter leur pays d’origine situé au nord de Kadé, chassés par les Foulas, et ils sont venus chercher une nouvelle patrie dans les forêts désertes qui couvrent le pays situé entre le Rio Compony et le Rio Nunez ».
Alors que ceux-ci devenaient des Landouman, ceux établis au pied de la falaise de Kumbia, étaient nommés « Tyapis » par les coloniaux français sous l’influence de leurs interprètes Peul. La question qui reste sans réponse est de savoir quel est le nom de ce groupe humain avant le XVIIème ?
C’est la trajectoire migratoire des Landouma qui est suffisamment documentée. Il semblerait que les Landouma seraient venus du Tekrur, comme les Bagas, et seraient arrivés au Foutah Djalon à la même période que les Puulis sous la direction de Koly Tenguela avec lesquels ils s’affrontèrent dans la zone comprise entre les Préfectures de Télimélé et de Pita selon Aliou WANN et Bubakar BA (1974)[24]. Du Foutah Djalon, les Landouma auraient migré, selon ces deux auteurs, à partir de Kököli (l’Ouest de Gaoual) vers la côte sous la conduite de Manga DIBI. C’est ce patriarche qui aurait donné à la nouvelle région d’arrivée des Landouma, le nom de Kakandé qui signifierait « quand on a vu une fois ce pays on ne le quitte plus ».
5. LES NALOU
Pour Zainoul A. SANOUSSI (1969), même si l’on ne connaît pas la date d’arrivée des Nalou le long des côtes guinéennes, il y aurait au moins une certitude : les portugais auraient signalé leur présence depuis le XVème siècle.
Les Nalou auraient séjourné au Foutah Djalon aux environs du XIIIème siècle comme les Landouma et les Baga et auraient été refoulés vers la côte par les Dialonké aux environs du XIVème siècle. Du Foutah Djalon, il y aurait eu deux vagues de migration des Nalou.
La première vague se serait dirigée vers le Badiar (à la lisière des frontières de la Guinée, du Sénégal et de la Guinée-Bissau) à la suite des affrontements avec les Dialonké. De nos jours, aucune étude ne permet de savoir ce que cette vague serait devenue. On peut penser que ce groupe aurait été assimilé, mais il est impossible à ce niveau de connaissance de dire lequel des groupes vivants dans cette zone l’aurait fait.
La seconde vague aurait quitté le Foutah Djalon, bien plus tard aux environs du XVIIIème siècle. Ce serait ce groupe qui serait arrivé dans le Kakandé (Préfecture de Boké). Chez les Nalou comme chez les Baga, on noterait plusieurs sous-groupements. Ainsi, on parlerait, selon Rouguyatou DIALLO (1974)[25] de :
· Nalou Basintyé (les Nalou de la terre ferme) ;
· Nalou Babiniké (les Nalou des rizières) ;
· Nalou Kubu ;
· Nalou Köööl, etc.
Cette différenciation à l’intérieur du même groupe, comme on a pu le constater ailleurs, est le résultat de la migration à des périodes différentes et à des effets environnementaux et sociaux sur chaque vague de migration.
III. LES POPULATIONS DU NORD DE LA GUINEE : LES TANDA ?
Toutes les populations du Nord de la Guinée sont-t-elles des « Tanda » ? Pour Naye DYENG et Mundekeno SAA (1972)[26] la réponse est affirmative. Pour ces deux auteurs, le terme « Tanda » est donc générique et sert à désigner un groupe de population qui regrouperait les Könyagui, les Basari et les Badiaranké.
Le mot serait aussi un mot peul et serait donc, selon TECHER, cité par Naye DYENG et Mundekeno SAA, la désignation en pular des populations présentant certains caractères communs : des personnes qui se promènent le torse nu[27].
Pour ces auteurs, il y aurait plusieurs catégories de Tanda. Le premier groupe serait les Bassari qu’ils nomment aussi « Tanda Donka » ou porteurs de fourreaux (l’étui en bambou est appelé dönka). Le second groupe serait les « Tandas Mayo » (Tanda du fleuve en pular). Ils parleraient la même langue que les Bassari. Un troisième groupe serait constitué des « Tandas Boeni » (ou Tanda du rocher). Le quatrième groupe serait les « Tandas Badi » (Tanda de la moitié) qui habiteraient dans le N’Gamu dans le Sud-Est des provinces orientales de Tambakunda (République du Sénégal). Le cinquième groupe serait les « Tandas Ban’dé » et habiteraient le Sud-Est du cercle de Kedougou (République du Sénégal).
La plupart des auteurs consultés par Naye DYENG et Mundekeno SAA (1972), comme RANCON (1894), TECHER (1933), André ARCIN (1911) partagent l’idée que les Bassari et le Cönyagui seraient venus dans leurs sites actuels en deux vagues : avant l’arrivée de Koli Tenguella et juste après son passage dans la région. Ils auraient été des acteurs importants dans l’armée de ce dernier lors de sa conquête du Tekrur.
Les membres de la première vague auraient d’abord séjourné dans le Damantan (République du Sénégal) avant de se fixer dans le Nord de la Guinée entre les territoires d’habitation des Tanda et des Bassari (entre les Préfectures de Koundara et de Mali). La seconde vague aurait été sur le sillage de la migration de Koli Tenguella. Pour DELACOUR (1947), cité par Naye DYENG et Mundekeno SAA (1972), « l’arrivée des Tanda dans la région qu’ils occupent actuellement date de 1522, date à laquelle ils vinrent à la suite de Koli Tenguella parti du pays Mandé ».
Les Bassari seraient venus de l’empire du Ghana vers le XVIIème siècle et se seraient installés dans plusieurs parties du Foutah Djalon avant de se fixer dans leur habitat actuel (en partie en Guinée et en partie au Sénégal) c’est-à-dire à la lisière de la frontière Guinéo-sénégalaise. Selon GIRARD (1993 : 43), ces derniers se dénomment eux-mêmes les « Be-liyan » signifiant « les fils de la pierre » (de la latérite) alors que se fondant sur des notes de TAUXIER, FERRY (2000) donne pour sa part l’étymologie basar, c’est-à-dire lézard. Pendant longtemps, ils ne pratiqueraient que la chasse. Reprenant la narration de Monique de LESTRANGE (1955), Naye DYENG et Mundekeno SAA (1972) affirment que :
« Les Bassaris et les Coniaguis et d’autres familles établis dans le haut N’Gabou ont eu leur berceau sur les bords du Niger qu’ils ont abandonné avec la grande migration de Koli-Tenguella vers le XIVème siècle. Cette émigration s’est répandue dans toute la vallée du Haut Sénégal, et un groupe principal est descendu dans le Foutah Djalon ».
Les Köniagui, eux, se désignent par le terme de « AWOEN » et parlent la langue « Wamëy ». Ils seraient venus de l’empire du Ghana, bien avant la plupart des populations actuelles de la Guinée. Djibril Tamsir NIANE, dans son ouvrage intitulé « Koli Tengella et le Tékrour », relatant l’épopée victorieuse de ce héros peul mentionne la présence des Könyagui dans la région de Koundara dès le XVIème siècle.
Les Badiaranké, eux, seraient apparentés aux Bassari et Koniagui et sont installés sous et sur la montagne du même nom qu’eux : le mont badiar. Pour Lestrange de LESTRANGE (1955 : 1)[28], la désignation Badiaranké « semble avoir été donnée par les Peuls » et signifierait : « captifs des Peuls ». Cette version est manifestement erronée, car dans le mot « Badiaranké » il n’existe pas dans le préfixe, ni dans la racine ni dans le suffixe une composante du mot captif en pular (Matyoudho, esclave ou Djéyadho qui appartient à quelqu’un).
Pour d’autres historiens, les Badiaranké ne seraient qu’une dénomination locale des « mandinko » de l’empire du Gabou qui eux-mêmes ne sont que le résultat de la migration mandingue avec le métissage des populations diolas de la région de Casamance. Ne serait-il pas possible de considérer le nom « Badiaranké » comme l’expression de ceux qui sont au Badiar (la montagne sur laquelle et autour de laquelle ce peuple vit).
Dans leur Mémoire de Fin d’Etudes Supérieures, Naye DYENG et Mundekeno SAA (1972), signalent un autre point de vue non moins importante tiré d’un auteur portugais du nom de L. CORRELA qui défend que les Badiaranké « seraient issus du métissage entre les ‘les Tilibanos (mandingue)’ arrivés dans la région vers 1800 sous la direction de Tramane SANE et des Coniaguis autochtones ». Cependant, le fait que les Badiaranké soient les seuls groupes ethniques de Guinée qui, tout en portant le nom de famille du père, se réclame du lignage de la mère devrait inciter à plus de prudence sur le lien entre Badiaranké et Mandinko.
Ce que cette historiographie laisse dans l’ombre est le processus par lequel la différenciation s’est faite entre des populations qui seraient identiques et qui vivent sur des territoires contigus. Comment des populations, appartenant au même groupe (disons Tanda pour faire simple), sont devenues Könyaguis, Bassaris et Badiaranké ? Une thèse en histoire sur le sujet ne serait pas vaine.
IV. LES POPULATIONS DU CENTRE ET DE L’EST DE LA GUINEE
1) LES DIALONKE
Tous les historiens de la Guinée s’accordent à dire que les Dialonké seraient arrivés au Foutah Djalon autour du XIème siècle. Il semblerait, selon Cheick Sidy Mohamed DIALLO (1975), que la première vague migratoire des Dialonké daterait de 1076 et se serait passé à l’intérieur de l’empire du Ghana. Cette première vague, selon GAUTIER (1908), aurait été mal accueillie par les Bambara qui peuplaient le Soudan Méridional.
La seconde vague migratoire serait consécutive à la victoire de Soundiata KEITA sur Soumangourou KANTE après la bataille de Kirina en 1235. On retrouve le même point de vue dans les écrits de KANTE (1995) qui date la migration des Dialonké de l’actuel territoire de la République du Mali à partir de la bataille de Kirina en 1235 entre Soundiata KEITA et Soumangourou KANTE, le roi du Soso.
La troisième migration des Dialonké serait consécutive à la victoire des musulmans contre les non-musulmans lors de la bataille de Talansan en 1725. Après cette bataille certains se seraient dirigés vers la côte guinéenne et auraient rejoint des populations qu’ils avaient eux-mêmes repoussées auparavant. D’autres sont restés au Foutah Djalon et se sont convertis à l’Islam au Sud et au Centre du Foutah Djalon. D’autres seraient allés vivre dans le Nord-est (Saré Kindja dans la préfecture de Koubia, Ganfata dans la préfecture de Tougué et surtout Balaki-Sangalan dans la Préfecture de Mali) qui en se soustrayant (le cas de Balaki-Sangalan), qui en se soumettant de façon lente et progressive à l’autorité du Foutah Djalon et à la nouvelle religion; d’autres, enfin, seraient allés vers la région actuelle de Faranah et de la Sierra Leone où ils vont fortifier le Solima en une province assez solide et qui pendant longtemps se constituera en un « état vassal » au Foutah-Djalon.
De nos jours, on peut schématiquement distinguer quatre zones d’habitation des Dialonké en Guinée :
1) Un groupe de Dialonké vit encore au Foutah Djalon (Koubia, Tougué, Mali et Gaoual) avec une identité Dialonké réelle, même si plusieurs parmi eux sont locuteurs de deux langues : la leur et le pular ;
2) Un second groupe de Dialonké a été absorbé par les Peul er parfois n’ont aucune conscience d’une autre identité que celle Peul ;
3) Un troisième groupe vit dans la région de Faranah. Ces Dialonké utilisent souvent deux langues : la leur et le maninka ;
4) Un quatrième groupe vit en Basse Guinée et particulièrement à Conakry et revendique une identité Soussou.
2) LES PEUL/FOULACOUNDA/TOUCOULEUR
Les Français disent le « peul » ou « poular » pour désigner ce groupe humain qui se désigne lui-même par « pullo » au singulier et « fulbhè » au pluriel et ils disent parler du « pular ». Il semblerait que le mot « peul » leur aurait été attribué par les Wolof avant d’être repris par les français.
Il n’y a pas de consensus entre les chercheurs sur la date exacte de la première migration des Peul au Foutah Djalon. Les documents historiques disponibles notent deux vagues migratoires de Peul en Guinée. Ces deux vagues sont venues en des périodes éloignées les unes des autres dans le temps et à plusieurs endroits.
Les premiers Peul non islamisés nommés puuli[29] auraient migré sur le territoire actuel de la Guinée en de petites vagues à partir du IXème siècle. DIALLO (1975 : 30) affirme que c’est vers le XIIIème siècle que la migration des Peul animistes prendra de l’ampleur pour devenir massive autour du XIVème siècle. Du Sahara, ils auraient atteint le Bambouk à partir duquel le groupe se scinde en deux : les premiers se dirigèrent vers le Ouassoulou et les seconds longèrent les vallées du Tinkisso et du Bafing pour atteindre le Foutah Djalon.
Pour certains historiens comme ES SADI, dans son « Tarrech es sudan », Tenguella, père de Koli, avait rallié à son bord les « arbe » (pluriel de ardo) « feroobe, wolarbe et uururbe et tous les yaalalbe » (pluriel de jaalaalo) de son clan pour se tailler un empire dans le Kingi (le Fuuta Kingi) au nez et à la barbe des Askia Sonray. L’armée de l’Askia, commandée par, son frère Amar, marcha contre Tenguela le père et le poursuivit jusqu’à Diâra, où elle le défit et le tua en 1512. C’est après la mort de son père que Koli Tenguela[30] va récupérer les troupes qui restaient de son père pour rappliquer à l’Ouest au Tekrur, en passant par le Foutah Djalon. Dans cette contrée, il va mettre en place un Etat avec une capitale située dans l’actuelle préfecture de Télimélé. C’est de là qu’il va lever une armée et remonter vers l’Ouest entrainant avec lui une armée dans laquelle étaient incorporés des Dialonké, des Malinké, des Köniagui, des Baga, des Nalou, des Diola, des Serère, bref tous les peuples trouvés sur le chemin du Tekrur qu’il rebaptisera du nom de « Foutah Tooro »[31]. Le territoire de Tekrur qu’il annexa, il lui donna le nom de Fouta en souvenir du Fuuta Kingi de son père et auquel il adjoignit Tooro, une des provinces du Fouta (KANE, 2004).
Cette remontée et la prise du pouvoir dans le Tekrur en 1552 aura pour conséquence d’imposer sa dynastie (Denyankobé[32]), sa langue (le pular) et la culture Peul à toutes les populations du Royaume. Ce serait ainsi que toute la région du Fouta Tooro devenue majoritairement « foulaphone » Halpulaar (ceux dont la langue est le Pular avec une forte dominance Toucouleur).
Plusieurs siècles plus tard (XIXème siècle), El hadj Omar TALL fera le chemin inverse. Du Foutah Tooro, il descendra au Foutah Djalon, traversera Dinguiraye pour remonter vers le Fouta Kingi pour affronter Hamadou-HAMADOU et le tuer en 1862. Ce dernier est le fils de Sékou HAMADOU et petit-fils de Sékou HAMADOU fondateur de la dynastie des BARRY du MASSINA.
Selon le professeur KANE (2004), auteur du livre : « La première hégémonie Peule : Le Fuuta Tooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul », l’assimilation Peul des ethnies du Tekrur aurait commencé avant l’avènement de Koly Tenguela, mais atteindra son point culminant et la plus parfaite intégration ou la « foulanisation » des descendants de la tribu du Tekruri, que sont les Toucouleur (Ly, Sy, Kane, Wane, Tall, Aw, etc.).
La seconde vague migratoire des Peul en direction du territoire actuel de la Guinée est celle de la fin du XVIème siècle jusqu’au XVIIIème siècle. Païens, puis islamisés, des Peul et des Toucouleur quittent les territoires actuels du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie à des périodes de désordre, de guerres avec désormais une nouvelle foi : l’Islam.
Les Peulhs musulmans du Foutah Djalon auraient donc suivi deux voies principales et ce, à des périodes plus ou moins différentes pour arriver, s’installer et se sédentariser et fonder l’Etat théocratique du Foutah Djalon : La voie du Nord venant du Fouta Tooro et du Bundu (essentiellement) et la voie de l’Est venant principalement du Macina.
Ils arrivèrent par groupes et par étapes, les uns passant par les contreforts des montagnes de la Préfecture de Mali, les autres en traversant la Préfecture de Koundara avant de rejoindre les montagnes qui surplombent le fleuve Komba en direction de Lélouma et de Labé et les autres enfin par l’Est en pénétrant dans le Dinguiraye pour rejoindre les vallées de Mamou. Ils vont se fixer en plusieurs points du Foutah Djalon poussant devant eux leurs nombreux troupeaux de bœufs et de talibé (élèves et étudiants). Ils s’y fixaient à leur tour en faisant ce que d’autres avaient fait avant eux : refouler certains et absorber d’autres.
Selon Cheick Sidy Mohamed DIALLO (1970)[33], ces différentes vagues migratoires se faisaient en famille et en clan. De l’Est, principalement du Macina vont arriver les Dayèbhè[34] (BARRY) qui vont s’installer en lignage : les Seydiyanke à Timbo (Préfecture de Mamou) et les Seriyankebhè à Fougoumba (Préfecture de Mamou). Les Férobhè (SOW) vont s’installer dans Kébali non loin de Fougoumba et de Timbo. Certaines de ces vagues se seraient installées elles dans l’actuelle préfecture de Tougué (ce sont les Koulounnanké Balla et Simpé). Les Ururbhè vont s’installer dans deux endroits différents en fonction des clans : les Koulounnabhe à Koïn (Préfecture de Tougué) et les Helâyâbhe à Timbi-Touni (Préfecture de Dalaba).
Les Irlabhé (DIALLO) et une partie des Ururbhé, quant à eux sont arrivés par le nord. Les DIALLO vont se repartir en lignage. Les Khaldouyabhè vont occuper région du Nord de Labé, un autre lignage « Diâlobhe » va s’installer dans le Kolladhe (Préfecture de Tougué), Kankalabé (Préfecture de Dalaba) et Timbi-Madina (Préfecture de Pita) et un troisième lignage « Thimbobhè » va s’installer dans Bhouria (Préfecture de Mamou).
Parmi cette vague, d’autres, après avoir séjourné dans le Foutah Djalon, l’ont quitté pour continuer leur chemin vers d’autres localités et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est le cas des Peul du Nigéria dont certains seraient partis de Sokoto dans la Préfecture de Mamou pour se retrouver après une très longue migration dans l’actuelle République Fédérale du Nigéria.
La question qui n’est pas réglée est le cas des « Foulacounda » ou « Foulakounda ». Les Foulacounda sont-ils le reliquat des Puuli (les premiers Peul animistes venus les premiers au Foutah Djalon) ou une autre vague migratoire ? Etymologiquement, le terme « Foulacounda » ressemble à un mot composite de « Foula, pour désigner les Peul » et « Counda qui pourrait signifier un diminutif de Koundara ». Pour Alvares de ALMADA (1594 : 54), cité par Gérard GAILLARD (2000)[35] les FulaKunda sont des groupes descendants de captifs ou d’assimilés « sujets du Mandingue ». Cette version est reprise, selon Gérard GAILLARD (2000), un demi-siècle plus tard par Richard JOBSON (1623) qui l’atteste en disant des Fulakunda, « des Fulbies, vivant sur les bords de la Gambie et tout à fait assujettis aux Mandingos ».
Pourtant, il y a une autre version qui dit que les Fulakanda sont le résultat du métissage entre agriculteurs noirs-africains et pasteurs berbères dans le Tekrur. Ce groupe de base s’est éparpillé jusqu’en 1460 quand un groupe armé dirigé par DIALLO Demba bat les Wolofs et les Banhung, traverse le Haut-Sénégal et la Gambie et atteint le Rio Grande où elle est finalement écrasée par les Biafada (NIANE, 1989: 55)[36]. DIALLO Demba tué, son armée détruite, « les survivants ont dû se regrouper, non loin de là, vers le Foutah Djalon. Cette dispersion première serait, selon AMSELLE (1989: 77) à l’origine d’une nouvelle aventure politique et d’une refondation ». Les Fulakunda seraient donc le reste de cette armée d’invasion qui est restée aux confins Nord de la Guinée, à la lisière de la Guinée-Bissau et du Sénégal.
3) LES PEUL DU OUASSOULOU OU LES « WASSOULOUNKE »
Selon CISSE (2000) dans le Tome 2 de « La grande geste du Mali, citant l’histoire orale du Mali de Wâ Kamissoko », les Peul du Wassoulou (zone à cheval entre la République du Mali, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire) auraient migré du Fouladougou[37] (dans l’actuelle République du Mali) pour fuir les guerres perpétuelles de l’armée de Bintou Mari KOROMA.
Ils se seraient dispersés en trois vagues : certains seraient restés à Fouladougou, d’autres se seraient implantés à Brigo et la troisième vague serait descendue plus au Sud pour fonder le Ouassoulou ou Wassoulou. Ce terme serait une prononciation en un seul mot du groupe de mots « Wa solon ou Oua Solon » qui signifie en bamanakan[38] (aller se confier). C’est ce dernier groupe de migrants peul qui va se disperser en deux : l’un va rester dans le Ouassoulou et l’autre descendra plus au Sud. Ces derniers sont les Peul animistes du groupe de Koli Tenguella. Ce point de vue est aussi celui de KOUYATE (1978 : 29)[39] qui dit :
« L’arrivée des Peul au Wassulu se situe à la même période que l’invasion des Peul animistes dans le Foutah Djalon sous le commandement de Koly Tenguela au XVème siècle ».
DEVEY (2009 : 32), Géographe et historienne va dans le même sens dans son livre intitulé « La Guinée » quand elle écrit :
« Le Wassoulou: vaste territoire Peul occupé jadis par les Bambara, qui s’étend sur les rives du Sankarani entre le Mali, la Guinée et la côte- d’Ivoire ».
Les Peul du Wassoulon sont donc ces Peul sédentarisés, devenus agriculteurs[40] qui se sont fortement métissés avec les Malinké et auxquels ils ont emprunté la langue et certaines normes culturelles tout en gardant leur patronyme (Diallo, Diakité, Sidibé et Sangaré) et aussi certains traits forts de leur identité ethnique peul. D’ailleurs les griots du mandingue ne se trompent pas lorsqu’ils disent, pour vanter les Peul du Wassoulou, « Bugutudu ani Bugubô, Fila sinani, Djatra sinani »[41].
Les Wassoulonké se désignent Peul et les Malinké, avec lesquels ils vivent en harmonie, les désignent comme des Peul. Lors des cérémonies comme le mariage, le baptême et autres activités sociales, la part (viande, colas et autres biens symboliques) dédiée aux Ouassoulonké dans le manding est celle de tous les Peul qu’ils soient du Oassoulou, du Foutah Djalon, du Macina ou du Foutah-Tooro.
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1) LES DIAKANKE ET LES SARAKOLLE
Les Diakanka et Sarakollé ont aussi migré au Foutah Djalon. Ils seraient des Soninké qui auraient migré de Dia (village de Macina). Ils auraient transité dans Djambokhoum (République du Mali), à Bambouk (Sénégal) vers le XVIème siècle en fondant le village de Diackaba dans ce pays. Il semble que de ce village, ils se seraient dispersés vers les autres localités des pays limitrophes du Mali (Guinée, Gambie et Côte d’Ivoire).
La communauté Diakhanké[1] s’articulerait autour de quatre clans : SOUARE, DRAME, GUIRASSY, FADIGA. Ces quatre clans sont appelés les quatre foyers ou (boloun naano ou boulou naano)[2]. À ces quatre clans se seraient ajouté les DIAKHITE-KABA, les SYLLA, les GASSAMA-DIABY, les DANSOKHO, les DIAKHABY, les SAVANE, les BADIO, les SAKHO, etc.
L’installation des Diakanka au Foutah Djalon est relativement récente et correspondrait à la prédominance des Peul et de l’Islam. Pour l’essentiel, les professeurs d’Histoire de l’Institut Gamal Abdel Nasser disent que : « les Diakanka s’installeront au Foutah Djalon dans de gros villages, à l’abri et sous la protection des Peul avec lesquels ils développeront des relations de cousinage assez poussées ». On les retrouve nombreux un peu partout, particulièrement dans le Koubia, Tougue, Mamou, Mali, Dalaba, Gaoual et Koundara.
2) LES MALINKE
NIANE (1960), parlant de l’occupation du Manding, affirme que « toutes les traditions malinké attestent que la terre était déjà occupée, les premiers occupants n’étaient pas de race manding ». Les Korogba auraient précédé les Malinké en Haute Guinée. Les Bambara et les Dialonké auraient aussi précédé les Malinké avant d’être refoulés plus au nord, pour les premiers et vers l’ouest pour les seconds, sous le règne de Soundiata KEITA. Lors de la fondation de l’empire du Mali[3], Soundiata KEITA pour vaincre Soumangourou KANTE parvient à unifier les différentes tribus Malinké (KEITA, KONDE, TRAORE, KOUROUMA, CAMARA), à rassembler sous son commandement les armées de différents petits royaumes en lutte contre l’empire Soso avant de sortir victorieux.
A la suite de cette victoire, Soundiata KEITA va étendre son empire sur une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. C’est son expédition militaire la plus éloignée qui ira détruire les états dans le Sine (actuel Sénégal) et établir, en se métissant aux populations locales (les Diola), l’Etat du Gabou (qui va couvrir l’intégralité de la Guinée-Bissau, la Casamance, la Gambie et la partie nord de la Guinée, Gaoual et Koundara) (Sékéné Mody CISSOKO, 1981)[4].
A partir des XVème et XVIème siècles, la chute de l’empire du Mali accélère la migration des Malinké qui s’installèrent dans les régions septentrionales de l’actuelle Côte d’Ivoire et plus au Sud de la Guinée dans la région actuelle de la Guinée Forestière. Une région dans laquelle ils vont se métisser aux Kpèlè pour donner les Konianké et avec les Loma pour donner les Toma-mania.
3) LES MANINKA-MORY
Les Maninka-Mory, dont les actuels noms de famille sont CISSE, DIANE, KABA, SANOH seraient d’origine Sarakollé du Moyen-Niger dans le Ghana. Après la disparition de l’empire du Ghana par suite d’un dessèchement progressif du désert et des attaques armées des almoravides, les Sarakollé se dispersèrent.
Ils seraient arrivés dans l’actuelle préfecture de Kankan autour du XVIIème siècle. Et selon les traditions écrites de Kankan, les Maninka-Mory sont originaires de Diafounou (Soudan). A la suite de guerres, ces « Diafounounké » quittèrent leur pays et vinrent demander l’hospitalité aux tribus malinké du Haut-Niger (en particulier aux KONDE qui occupaient la région de Kankan). Les Malinké accueillirent les nouveaux migrants qui finirent par se créer une province[5] à l’intérieur du Manding : le Baté[6] Géographiquement, le Baté longe le fleuve Milo avec 12 villages dont les principaux sont : Kankan, Karafamoudouya, Nafadji, Bakonko, Fodécariah.
Ces Sarakollé adoptèrent le malinké comme langue et apportèrent avec eux l’Islam d’où le nom qu’on leur donna : Maninka-Mory (ce qui veut dire marabouts des Malinké). Certains de ces Maninka-Mory, en particulier des TURE, YANSANE et FOFANA, quitteront Kankan vers la fin du XVIIIème siècle à la suite de démêlées avec Burama KONDE (un farouche animiste), traversent le Foutah Djalon, le Kanya, le Sumbuya pour certains et pour d’autres, la région kissi pour s’échouer sur les bords du Kissi-Kissi (le Morya). Ce sont leurs descendants qui sont dans les préfectures de Kindia et de Forécariah auxquels la communauté soussou leur a donné le nom de : Moryanais. D’autres feront une courte migration et s’arrêteront entre Bissikirima et Dabola. Les plus nombreux, les KABA, SANOH, DIANE, CISSE, sont restés dans le Baté.
4) LES KONIANKA
De même que les « Toma-manian » sont le croisement culturel des Malinké et des Loma, les Konianka seraient, selon Ibrahim Kalil TURE (1973)[7] le croisement entre Malinké et Kpèlè. Selon Ibrahim Kalil TURE, à la chute de l’empire du Mali et des désordres qui s’en sont suivis, il y a eu deux grandes vagues migratoires en direction de la région forestière.
La première concernait en majorité des KONDE et des KURUMA qui auraient repoussé des Djalonké plus en profondeur dans l’actuelle préfecture de Faranah et un peu plus en profondeur dans le Foutah Djalon.
La seconde vague migratoire était composée davantage de KEITA et de KAMARA. La rencontre entre les deux communautés Malinké dans la forêt et les Loma (à l’époque où la forêt couvrait très certainement les préfectures de Beyla, de Kérouané et de Kissidougou) donna naissance deux nouveaux groupes humains : les Konianké et les Toma-mania.
V. LE SUD DE LA GUINEE (KISIA/LOMA/KPELE)
Les Kisia, les Loma et les Kpèlè habitent, très majoritairement, dans la région dite forestière de la Guinée. M’Bala Friki CAMARA (1980 : 9)[8] partage l’idée selon laquelle, c’est l’assèchement du Sahara qui aurait poussé les populations qui habitent la région forestière de la Guinée à redescendre vers le Sud. Il ira jusqu’à affirmer que dans cette région (le Sud de l’Afrique de l’Ouest) ne vivait aucune population avant le dessèchement du Sahara.
1. LES KISIA
Aly Gilbert IFFONO (1975)[9] dans son mémoire de Diplôme d’Etudes Supérieures avoue d’abord que le pays d’origine des Kisia reste peu connu. Cet aveu fait, il soulève les différentes hypothèses et en discutent la pertinence et la cohérence. Il prend appui sur deux versions.
La première fait descendre les Kisia de Fa-Magan, un roi vaincu par Soundiata KEITA en 1228 et qui aurait migré avec sa famille et se serait senti sauvé en arrivant à la lisière de la forêt et aurait déclaré en maninkaka « Mbara kissi ». La seconde version affirme que les Kisia sont des migrants qui ont dû se battre avec les mains nues pour vaincre des populations trouvées sur place (entendez la région d’habitation actuelle des Kisia). Les vaincus auraient donné aux vainqueurs le nom de « Kisi-Kisi » : une expression qui désigne ceux qui les auraient refoulés.
Analysant ces deux hypothèses, Aly Gilbert IFFONO (1975) arrive à la conclusion qu’elles souffrent de plusieurs lacunes. Par exemple, Aly Gilbert IFFONO (1975) se demande, avec beaucoup de justesse, comment expliquer que les descendants de Fara-Magan parlent une langue différente de celle de leur origine ? Pour la seconde hypothèse, il constate que celle-ci ne dit pas d’où viennent les Kisia, même si la version dit comment ils se sont installés. La conclusion à laquelle est parvenue Aly Gilbert IFFONO (1975) est qu’au XIIIème siècle les Kisia étaient déjà dans la région qu’ils occupent actuellement. Cette thèse n’est pas celle de SURET-CANALE (1971 : 173)[10] qui affirme de son côté que les Kisia :
« Chassés au XVIIème siècle du Sud-Est du Foutah-Djalon par les Dialoké, les Kisia étaient originairement des cultivateurs semi-nomades dont la culture fondamentale était le fonia ».
Quelle que soit la période d’arrivée et d’installation des Kisia dans leur lieu d’habitation actuel, on peut être d’accord avec Aly Gilbert IFFONO (1975) pour dire que le mouvement migratoire des Kisia s’inscrit dans le vaste mouvement migratoire des populations Ouest-africaines consécutif au desséchement du Sahel, à l’invasion et à la destruction de l’empire du Ghana. La particularité de ce mouvement réside dans le fait que les Kisia semblent être avec les Mandeyi et, semble-t-il les Baga, les populations guinéennes qui ont fait la trajectoire Est-Ouest-Sud. C’est-à-dire du Sahel vers le Foutah Djalon avant de redescendre vers le Sud de la Guinée et à la côte pour les Mandenyi et les Baga.
2. LES LOMA
Les Loma se désignent eux-mêmes par le nom de « Lomagi ». Il semble que les Loma seraient les plus anciens établis dans la région forestière. Pourtant, certains des historiens qui ont travaillé sur la mise en place des Loma, comme Facinet BEAVOGUI (1975 : 11)[11], sont catégoriques : « le pays d’habitation actuel (la préfecture de Macenta) n’a pas été le premier où ils auraient habité ». Pour cet auteur, les Loma auraient migré du Nord vers le Sud, de la région de Kérouané et de Beyla vers Macenta. Pour arriver à cette affirmation, Facinet BEAVOGUI (1975) se serait appuyé sur les traditions relatées par les populations et les documents produits par les missionnaires et les explorateurs.
Selon Facinet BEAVOGUI (1975), les Loma auraient été refoulés du triangle de Kérouané, Beyla et Kissidougou par la migration Malinké autour du XIIIème et du XIXème siècle. Cette migration Malinké et la cohabitation avec les Loma aura comme conséquence la création d’un groupe nouveau : Les Toma-Manian qui sont le résultat d’un métissage culturel et biologique entre les deux communautés.
3. LES KPELE
Le mot Kpèlè signifierait le pays. Le pluriel de Kpèlè donnerait Kpèlègha et au singulier Kpèlèmum qui signifierait : Kpèlè pour pays et « mum » pour personne. On peut donc dire que Kpèlèmum serait un terme qui désigne « une personne du pays ». Les Kpèlè disent parler la langue Kpèlèwoo.
Dans le souvenir collectif des Kpèlè relaté par CAMARA (1980 : 22), ils disent être « tombés du ciel entre Böola et Beyla ». Mais puisque nous savons que personne ne tombe du ciel, on peut dire que la région de Beyla serait le souvenir, non encore oublié, de la migration Kpèlè vers les préfectures de N’Zérékoré, de Yomou et du Libéria. La migration Kpèlè vers la zone forestière résulterait du même mouvement qui a poussé celle des Loma : la migration Malinké avant la fondation de l’empire du Mali et plus après sa chute.
4. LES DJÖÖTAMUM, LES KÖLÖGHA ET LES MANOO
Les Djöötamum et les Kölögha sont des populations qui ont presque totalement disparu. Elles ont été absorbées linguistiquement et culturellement par les Kpèlè avec lesquels ils partagent la même langue, à quelques exceptions près, la culture et la zone d’habitation.
Les Djöötamum sont un groupement humain dont la décomposition du nom donnerait, selon Pépé Pierre CAMARA (1970)[12], Djöö pour descendant, töö signifierait ancêtre et mum, la personne. Cette combinaison signifierait que les Djöötömum sont les personnes descendantes des ancêtres. Ils parleraient le Djööwötawoo qui serait une variante du Kpèlè. Ils habitaient à l’Est de la préfecture de N’Zérékoré et dans une partie de la Côte d’Ivoire. De nos jours, ils se confondraient aux Kpèlè, pour ceux qui vivent en Guinée.
Les Kölögha est le pluriel de Kölömum qui, décomposé, donnerait, selon Pépé Pierre CAMARA (1970), pays (Kölön) et personne pour le suffixe mum. Les Kölögha habiteraient dans la même zone que les Djöötamum. Eux aussi ont pratiquement disparus.
Les Manoo sont un groupement humain qui, par décomposition donnerait : manon pour pays et mum pour personne. Manomum serait le pluriel de Manoo. Il semblerait que c’est par déformation que les Manoo sont appelés par le terme de Manon. Ils occuperaient, selon Jerome DELAMOU (1979)[13], le Sud et le Sud-Est de la Guinée Forestière et surtout au Libéria où ils seraient plus nombreux qu’en Guinée.
CONCLUSION
Nous sommes au terme du présent article. Pour conclure cette longue et fastidieuse revue de l’occupation, nous allons tenter de répondre aux questions de départ qui ont motivé le présent travail.
La première question était de savoir comment la Guinée a-t-elle été peuplée ? Les lectures faites et les synthèses réalisées permettent de dire que la migration a été la principale source première du peuplement de la Guinée.
Pour l’essentiel, les populations qui peuplent le territoire actuel de la République de Guinée sont des populations migrantes. Elles le sont au même titre que tous les peuples noirs de l’Afrique de l’Ouest. Contrairement à la croyance populaire, ces mouvements migratoires ne sont pas tous linéaires et les populations ne se sont toutes fixées définitivement au même endroit.
Pour l’essentiel, cette grande zone qui va des territoires actuels du Sénégal, de la Gambie, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, du Mali, du Burkina, du Niger et une bonne partie du Nord du Nigéria et du Sud de l’Algérie et du Maroc était une zone de circulation d’hommes, d’idées et de marchandises.
D’où venons-nous ? Les travaux de Maurice DELAFOSSE, de Cheick Anta DIOP et de Djibril Tamsir NIANE ont établi, suffisamment, cette route migratoire à partir de l’empire du Ghana. L’assèchement du Sahara suivi des légendaires sécheresses qui s’abattirent sur l’empire du Ghana, les multiples et longues guerres des empereurs, les invasions des Almoravides (Ghana en 1076 et autres conflits de l’époque) essentiellement pour des raisons politiques et économiques et les guerres intestines au sein des entités politiques (empires, royaumes et autres structures politiques) sont parmi les causes de ce vaste mouvement migratoire qui a traversé l’Afrique de l’Ouest du VIIIème au XIXème siècle.
En fait, tous les groupes humains qui peuplent la Guinée proviendraient des éclatements successifs des empires médiévaux et des Etats/Royaumes qui se sont effondrés dans la longue marche de l’histoire des peuples de l’Afrique de l’Ouest. Tous ces groupements humains seraient venus, par vagues successives, parfois distantes de plusieurs siècles, en suivant divers chemins avant de s’installer dans une seule et parfois dans plusieurs régions de la Guinée. Pour l’essentiel, nous venons tous, à des périodes différentes, de cette région du Sahel et/ou du Sahara. Comme moi, chaque guinéen peut retrouver la trajectoire migratoire de sa famille.
Qui en sont les premiers et les derniers occupants ? Difficile de le dire avec exactitude. On peut admettre que parmi les populations qui vivent encore sur le territoire dénommé « République de Guinée », les Mandenyi et les Loma seraient les plus anciennement établis. On pourrait aussi continuer à égrener l’ordre d’arrivée de tous les autres comme pour établir un ordre de préséance. Pourtant, à y regarder de près, ceux qui revendiquent de « l’autochtonie » s’avèrent toujours, peut-être sans le savoir, des allogènes par rapport à d’autres. Peut-être que tout le groupe n’est autochtone, mais la personne qui parle et qui revendique son « autochtonie » devrait regarder son histoire familiale, sa généalogie avant de revendiquer un statut qui n’est peut-être pas le sien.
Et puis, un « autochtone » n’a de droit de préséance que sur le sol qu’il occupe et/ou qu’il exploite. Le reste de la terre appartient à Dieu, si on est croyant ; à l’Etat si l’on est partisan de Thomas HOBBES ; à celui qui la met en valeur si l’on est partisan de John LOCKE et à personne si l’on en croit Jean-Jacques ROUSSEAU.
Certes, nous ne sommes pas venus tous à la même période. Certains sont venus avant les autres, d’autres sont venus après d’autres, d’autres enfin sont venus plus tardivement que la plupart des uns et des autres. Mais nous sommes tous venus en Guinée avant le 2 octobre 1958, la seule date qui permet de distinguer le Guinéen et l’étranger. Car c’est à cette date que la Guinée a cessé d’être « française » pour être « guinéenne ». Et même cette date, la loi permet de devenir « Guinéen » après elle.
Qu’il me soit permis de demander à ceux qui fixent la date de la « Guinéité », d’indiquer la date historique de migration qui intègre et/ou exclut, la date à partir de laquelle un groupe pourrait être moins « Guinéen » que les autres « Guinéens ». Cette question est d’autant plus importante qu’il semble qu’en 2022, on pouvait penser qu’après « l’ivoirité » en Côte d’Ivoire et ses affres politiques, sociaux et économiques ; l’avènement du « kényan » Barack OBAMA à la présidence des USA, du « hongrois » SARKOSY à la présidence dans le « royaume républicain » de la France, du « catalan » VALLS à la primature du même pays, de la « madrilène » HIDALGO à la mairie de la ville lumière, Paris « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! »[14], on épargnerait à la Guinée la question de la « Guinéité ».
Quel chemin avons-nous emprunté ? Pour l’essentiel, les populations qui habitent le Foutah Djalon, la Basse Guinée et certaines localités de la Guinée Forestière ont toutes transité par les montagnes du Foutah Djalon en empruntant, presque, les mêmes chemins : les contreforts du mont Loura, les collines escarpées entre Dinguiraye et Tougué avant d’aller vers le Centre, l’Ouest ou le Sud.
Celles qui auraient passé par le Centre ont certainement traversé Labé, Pita, Télimélé et/ou Gaoual avant de se rendre au bord de l’Océan Atlantique. En allant vers le Nord-Ouest, elles ont arpenté les montagnes de Guingan et de Termessé avant de fouler le sable de Youkounkoun, de Koundara, de Saréboido, de Koumbia avant de marcher sur les sols « bauxitiques » de Wédoubourou, de Sangarédi et de Boké. Celles qui ont emprunté le chemin de l’Est ont dû souffrir sur le Bowal de Koubia et les vallées escarpées qui coupent le chemin entre Koladhè et Ditinn, les pentes qui bordent Dinguiraye et les collines sur le chemin de la Guinée Forestière.
Qui a fait quoi à qui, comment et dans quelle circonstance ? A cette interrogation, les mouvements migratoires montrent que chaque groupe a repoussé son ou ses prédécesseurs avant de subir le même sort par un nouveau groupe. Ces mouvements migratoires enseignent que la plupart des populations qui vivent actuellement en Guinée ont trouvé d’autres populations qu’elles ont refoulées avant de se faire refouler par une autre vague migratoire : chacune a été accueillie, tolérée et installée par la précédente, a collaboré avant de s’opposer à celle qui l’a précédée, l’a vaincue en attendant de subir le même sort plusieurs siècles plus tard par des nouveaux arrivants.
Les Soussou ont repoussé les Mandenyi. Les Nalou, Baga, Landouma ont été repoussés par les Dialonka vers la côte avant de les rejoindre sous la poussée des Peul convertis à l’Islam. C’est aussi les Dialonka qui auraient refoulé les Kisia vers la Guinée Forestière qui eux-mêmes ont repoussé d’autres pour s’installer.
Les Bambara et les Dialonka ont été repoussés de la Haute Guinée par les Malinké triomphants. En descendant plus au Sud, les Malinké ont aussi repoussé les Loma dans le Kerouané et les Kpèlè dans le Beyla. Repoussés par les Malinké, les Dialonka ont aussi, sur le chemin, repoussé d’autres peuples qui habitaient le Foutah Djalon avant de subir le même sort avec l’arrivée du Peul islamisé dans la région.
Qu’il me soit permis de rappeler à tous les Guinéens et à tous ceux qui parlent de la Guinée sans la connaître, qu’il n’y a en Guinée que deux groupes linguistiques (deux familles de langues pour parler comme les linguistes) : le groupe mandé qui regroupe le maninka, le sosoxui, le dialonka, le lomagi, le kpèlèwoo etc. et le groupe atlantique qui regroupe le tanda, le pular, le toucouleur, le kisiéi, le baga, le nalou et même d’autres langues de pays voisins comme le ouolof, le sérère, le diola au Sénégal et le balante en Guinée-Bissau.
On peut donc dire qu’au cours de leur histoire, les groupes humains qui constituent la mosaïque humaine de la Guinée se sont mis en place à la suite de nombreux et vastes mouvements migratoires et de conquêtes. Deux modèles d’implantation ont été observés : soit par brassage, métissage et cohabitation de populations d’origines géographiques différentes ; soit par assimilation ou refoulement plus au Sud (Guinée Forestière) ou plus à l’Ouest (sur la côte) des anciens occupants par les nouveaux venus.
Ces mouvements, ces processus de domination, de libération, d’émancipation, d’absorption et de différenciation, sont le propre de l’histoire des peuples, de tous les peuples. Pour s’en convaincre, il ne faut pas aller loin. Il suffit de lire l’œuvre d’Ibn KHALDOUM, de son nom complet Abou Zeid Abdur-Rahman Bin Mohamad Bin Khaldoun al-Hadrami Muqaddima, « Introduction à l’histoire universelle » et le « Livre des considérations sur l’histoire des Arabes, des Persans et des Berbères ». Dans ces ouvrages, Ibn KHALDOUM dévoile le processus de prise de conscience, de mobilisation, de lutte et de prise de pouvoir et celui du déclin de toutes les dynasties régnantes.
On peut aussi lire l’illustration de ce processus historique dans les deux tomes de Maurice DELAFOSSE sur l’histoire des Empires, Royaumes et Etats dans l’Afrique de l’Ouest. On se rendra compte que tous les peuples qui composent la mosaïque humaine de nos Etats de l’Afrique de l’Ouest ont chacun, à une certaine période, généré des grands hommes et une histoire respectable. Les Soninké (du VIIIème au XIème siècle dans l’empire du GANA) ; les Almoravides ou Berbère (du XIème au XIIème siècle) ; la dynastie Soninké des Askia (1493-1591) ; les Mossis (XIème au XXème siècle) avec l’empire GOURMANTOHE, OUAGADOUGOU, YATENGA et FADANGOURMA ; la dynastie des NIAKATE, des DIAKHATE, DIAGATE, DIARISO et DOUKOURE (XIème au XIIIème siècle) dans le Royaume de DIARA ; la dynastie des DIAWARA (1270 à 1754) dans le Royaume de DIARA ; les Soninké dans le SOSO ou l’empire du KANIAGA (XIème au XIIIème siècle) et les deux KANTE (Diaara et Soumangourou) ; les Malinké avec l’empire du MALI (XIème au XVIIème siècle) et la dynastie des KEITA ; Koli Tenguella BAH dans le TEKRUR (1555 à 1776) ; Le Foutah Djalon et ses Almamy (XVIIème au XIXème) ; la dynastie des DIALLO (XVème au XIXème siècle) et la dynastie des BARI (1810-1862) dans l’empire Peul du MASSINA ; les Banmana de SEGOU et du KAARTA (XVIIème au XIXème siècle) ; les Toucouleur au XIXème avec El-haj-Oumar TALL et le Royaume Mandingue de Samory TOURE (XIXème siècle).
Nous venons de terminer un compte rendu de lecture sur la mise en place des populations guinéennes. Nous n’avons que le mérite de la patience et de l’écriture. Les erreurs et les confusions que l’on trouvera sont les nôtres, pas celles des auteurs cités ni de ceux ont accepté de corriger la version de base.
Si des personnes plus avisées que nous trouvent des incohérences, vous voudrez bien apporter les rectifications, car nous avons pris un risque énorme en écrivant dans un domaine qui n’est pas de notre spécialité et qui est très éloigné de notre époque. Etre rectifié participe au processus d’apprentissages.
Pr. Alpha Amadou Bano BARRY
(Ph. D ; Sociologie)
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[1]Pierre Smith (1965) ; « Notes sur l’organisation sociale des Diakanké. Aspects particuliers à la région de Kédougou », Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, n° 4, pp. 263-302.
[2]Les quatre foyers de base des Diakanka.
[3]Mandé, Mandingue ou Mali, pays d’origine des Mandingue ou Malinké serait le nom du pays du roi « lion » : Soundiata KEITA.
[4]Sékéné Mody CISSOKO (1981) ; « De l’organisation politique du Kabu », Ethiopiques, Revue Négro-africaine de Littérature et de philosophie, numéro 28 numéro spécial.
[5] La province de Baté est le principal centre religieux de la Haute-Guinée. Dans cette province, c’est Kankan qui tient le premier rôle et où résident les membres de la famille chérifienne parmi lesquels se recrutent l’Imam, le Cheikh de la Haute-Guinée.
[6]Le Baté est composé de deux mots : Ba qui signifie fleuve et Té entre (entre les fleuves), c’est-à-dire entre les fleuves que l’on désigne dans la géographie officielle de la Guinée le Milo et le Sankarani (Djon).
[7]Ibrahim Kalil TURE (1973) ; « Monographie historique de la ville de Keruwane : des origines à l’implantation coloniale française », IPGAN, Conakry, Guinée.
[8]M’Bala Friki CAMARA (1980) ; « Monographie historique de la Guinée Forestière : des origines à l’implantation coloniale », DES, IPGAN, Conakry, Guinée.
[9]Aly Gilbert IFFONO (1975) « Histoire et civilisation du groupement des Kisia, des origines à la colonisation », DES, IPGAN, Conakry, Guinée.
[10]Jean SURET-CANALE (1971) ; « Afrique Noire, l’ère coloniale, 1900–1945 », Editions sociales, Paris.
[11]Facinet BEAVOGUI (1974) ; « Etudes des structures économiques et sociales de la société traditionnelles Loma », DES, IPGAN, Conakry, Guinée.
[12]Pépé Pierre CAMARA (1970) ; « La pénétration coloniale dans la région de N’Zérékoré », DES, IPGAN, Conakry, Guinée
[13]Jerome DELAMOU (1979) ; « la monographie historique de la région de N’Zérékoré : de l’implantation coloniale à l’indépendance », DES, IPGAN, Conakry, Guinée.
[14]Discours du Général De Gaulle à la mairie de Paris à la libération de Paris lors de la seconde guerre mondiale.
Par Dr Alpha Amadou Bano Barry, sociologue, ancien ministre
Tél. : (0024) 622088080