Comme chaque année, ce 03 mai 2022 marque la journée mondiale de la liberté de la presse. A cette occasion, l’Alliance des Médias pour les Droits de l’Homme en Guinée (AMDH) a relevé nombreux défis et contraintes qui empêchent la matérialisation effective de cette liberté. Dans sa déclaration, l’association a également fait des recommandations aux autorités et aux patrons de presse.
Laguinee.info vous propose ci-dessous la déclaration de l’AMDH en Guinée
Monsieur le représentant du HCDH en Guinée,
Madame et messieurs les représentants des associations de presse et organisations des médias,
Chers consœurs et confrères,
Distingués invités,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour cette mobilisation qui témoigne de l’intérêt que vous portez à cette journée internationale de la liberté de la presse.
En effet, la date du 03 mai que nous célébrons aujourd’hui marque le 30eme anniversaire de la déclaration de WINDHOEK qui est un énoncé de principe établi par les journalistes africains en 1991, appelant à une presse libre, indépendante et pluraliste sur notre continent et à travers le monde. Cette déclaration affirme que la liberté de la presse est indispensable à l’existence de la démocratie et constitue une aspiration fondamentale de l’homme. Pour nous femmes et hommes des médias, la déclaration de Windhoek marque une étape importante de la lutte pour la liberté de la presse dans toutes les régions du monde.
Il importe de préciser ici que cette déclaration de Windhoek n’est rien
d’autre que la réaffirmation de l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui stipule: «< Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de rependre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.>>
Chers consœurs et confrères,
Mesdames et messieurs,
En ces instants de souvenir et de ferveur, nos pensées, nos émotions et nos prières pieuses vont vers les journalistes et les éditeurs à travers le monde et particulièrement ceux de l’UKRAINE qui sont assassinés, agressés, emprisonnés voire harcelés, simplement pour avoir osé dire la vérité. Leurs publications sont censurées, condamnées à des amendes, suspendues et fermées pour avoir osé exprimer des opinions contraires à celles de leur gouvernement, des lobbies ou des ennemis de la liberté d’opinion et d’expression.
En dehors de son caractère festif, la journée du 3 Mai est surtout une opportunité solennelle pour les médias de rappeler au gouvernement et au public l’importance de la liberté de la presse et le fait que des gens ainsi que des organisations de la société civile continuent de lutter à travers le monde pour conquérir ou restaurer cette liberté.
Selon RSF, l’état de la situation de la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest se présente comme suit :
-4 pays sont en situation << plutôt bonne»>. Il s’agit du Burkina Faso, du Cap-Vert, de la Cote d’Ivoire et de la Sierra-Léone;
-8 pays sont en situation problématique: Niger, Libéria, Guinée, Guinée-Bissau, Sénégal, Ghana, Gambie et Togo ;
– Et enfin 3 pays sont en situation difficile, il s’agit du Mali, du Benin et du Nigéria.
En Guinée, si nous pouvons nous réjouir aujourd’hui du fait qu’aucun journaliste ne croupit en prison ou ne se trouve devant les barreaux, mais les défis et les contraintes demeurent encore nombreux et de taille. Je citerais entre autres :
– La rétention de l’information publique par les gouvernants;
-Les menaces et intimidations dont fait l’objet certains journalistes;
-L’exclusion des médias privés à Conakry et à l’intérieur du pays de la couverture de certains événements officiels ;
-La non publication de la loi d’accès à l’information publique;
-La faible spécialisation des journalistes;
-Le manque d’infrastructures et d’équipements de qualité à l’instar d’autres pays de la sous-région;
-La cherté des intrants pour la presse écrite ;
-L’inexistence de convention collective ne serait-ce que bipartite pour les journalistes des médias privés et d’un statut particulier pour ceux travaillant dans les médias d’Etat. Comme vous le voyez la liste est loin d’être exhaustive.
Face à ces contraintes et à bien d’autres, l’AMDH recommande :
1- AU GOUVERNEMENT:
-De renforcer la sécurité des journalistes et celle de leur matériel de travail lors des manifestations politiques;
– La publication dans le journal officiel de la République dans les meilleurs délais de la loi d’accès à l’information publique;
-De mettre fin aux arrestations et emprisonnements arbitraires des journalistes pour délits de presse;
-D’accorder un fonds de soutien financier et impartial aux entreprises de presse en difficulté ;
-De permettre aux journalistes des chaines de radios et télévisions privées d’accéder à tous les événements officiels au même titre que leurs confrères des médias d’Etat ;
-D’accompagner techniquement, matériellement et financièrement les journalistes dans la numérisation de leurs médias;
-La nomination des journalistes aux postes de responsabilités dans les médias d’Etat sur la base de la compétence professionnelle, de l’expérience acquise et de l’intégrité morale;
-De procéder dans les meilleurs délais à la recomposition totale et entière de la HAC;
– De traiter même pied d’égalité les associations un professionnelles des journalistes et les organisations des médias.
2-AUX PATRONS DE PRESSE
-De parvenir dans les meilleurs délais à la signature d’un contrat de travail avec les journalistes exerçant dans leurs médias respectifs ;
– De rehausser le SMIG des journalistes qui varie d’un média à un autre, de 440.000 fg à 1.000.000 de fg.
Je m’en voudrais de terminer cette déclaration sans adresser les vifs remerciements et la gratitude de notre organisation, l’AMDH, à son principal partenaire REPORTERS-SANS FRONTIERES, pour le soutien moral et l’appui technique et financier qu’il ne cesse de nous apporter.
BONNE FETE A TOUTES ET A TOUS ! JE VOUS REMERCIE!
CONAKRY, LE 03 MAI 2022.
LE BUREAU EXECUTIF DE L’AMDH.