Par Amadou Diouldé Diallo: Dans cette opération de récupération des domaines de l’Etat, certains disent que Cellou Dalein Diallo se verse dans la victimisation. C’est peut-être un mauvais procès.
Ce qui fait la différence entre son cas et les autres, c’est parce qu’il dit détenir des documents légaux qui justifient que c’est une maison construite dans un domaine légalement acquis qui a été démolie. D’où, sa décision de porter l’affaire devant les tribunaux.
Et pendant que le dossier est pendant devant un tribunal, les autorités du patrimoine bâti passent à la vitesse supérieure.
-Pourquoi le dossier stagne-t-il au niveau de la justice depuis le 28 février?
-Qui, et pour quel intérêt, empêche le dossier d’évoluer ?
-La justice est-elle indépendante pour trancher dans cette affaire ?
Toutes ces questions méritent bien d’être posées parce que l’on se rappelle lors de l’avant dernier procès au tribunal de première instance de dixinn, les avocats de la défense ont demandé au tribunal de se déclarer incompétent à juger le dossier.
Et c’est exactement cette décision qui a été prononcée le 28 février alors que les avocats du leader de l’UFDG étaient sûrs qu’ils allaient gagner ce procès.
Force est de reconnaître que dans son entourage aujourd’hui, la déception est totale. Pas peut-être parce que Dalein a été déguerpi ou sa maison a été ruinée. Mais parce que lui, ses militants et ses proches ont fait confiance à la justice.
Ce qui veut tacitement dire que les autorités de la transition ont perdu leur crédibilité aux yeux de tous ceux qui se reconnaissent à Cellou, ils sont donc frustrés.
Depuis 2010, l’année à laquelle Alpha Condé a pris le pouvoir, Cellou Dalein Diallo a subi beaucoup de choses. Quand il le dit, ce n’est pas de la victimisation sauf si on ne veut pas voir la vérité en face. Parce que les faits existent. Et lorsqu’il dénonce le manque d’indépendance de l’appareil judiciaire guinéen, ce n’est pas totalement faux et cette bataille judiciaire qui l’oppose à la Direction du patrimoine bâti en est une illustration.
Le paradoxe dans ce que la junte est en train de faire, c’est au moment où par-ci on cherche des voies et moyens pour « réconcilier » les Guinéens, par-là on tente peut-être sans le savoir de créer des conditions pour pousser une partie importante de l’opinion à se frustrer.
Face à cette réalité, il y a deux risques: premièrement, le gouvernement de transition perd ainsi la confiance du peuple qui, pourtant, est un élément incontournable pour un régime qu’il soit civil ou militaire d’avoir un environnement sain pour travailler et réussir.
Deuxièmement, c’est toutes les initiatives entreprises par ce gouvernement notamment dans le cadre de la réconciliation y compris les assises nationales lancées avec fanfare qui sont mises en cause.
A moins que ces assises placées sous le sceau des journées de vérité et de pardon aient un caractère inclusif.
Celui ou celle qui a conseillé les autorités de démolir le bâtiment litigieux qu’occupait l’ancien Premier ministre n’est pas en train de l’aider à plus forte raison aider le pays.
Et c’est un secret de polichinelle, la justice cesse d’être la boussole pendant cette transition.
Amadou Diouldé Diallo journaliste à City FM