samedi, novembre 23, 2024
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La digitalisation de l’administration publique guinéenne: la nécessité d’une nouvelle approche

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Le rôle du numérique dans la performance des administrations publiques et privées n’est plus un débat en ce XXIème siècle. Le numérique est à la fois un outil de performance, d’évaluation et d’optimisation de la productivité humaine et financière. Une administration publique ne saurait atteindre de bons résultats sans y faire recours.
En Guinée, la volonté politique de mettre en avant l’utilisation des infrastructures et systèmes numériques dans la gestion administrative et financière a toujours existé il y a plus d’une décennie. Malgré cette volonté, pourquoi avons-nous tant de mal à faire quitter l’administration publique d’un système papier à un système numérique ou semi-numérique ? À mon avis, cette impasse tire son origine de deux problématiques :  le financement limité et l’approche technique.
Problématiques liées à l’approche technique : en Guinée, 90% des investissements de l’Etat dans le cadre de la digitalisation de l’administration publique sont alloués à la construction et l’implémentation des infrastructures de transport et de stockage. Cela serait un bon investissement si les préalables « Création de contenus » étaient acquis. La construction des centres de données et des réseaux métropolitains ne sera pas concrètement utile à notre administration publique si en amont il n’y a pas de création de contenus numériques. Les centres de données étant des « end-point », l’effort d’investissement de l’Etat devrait être axé sur la mise en place des systèmes et logistiques numériques permettant une création de contenus au sein de l’administration publique. Chose impossible sans la dématérialisation !
L’administration guinéenne étant encore entièrement dépendante du papier de la base au sommet de la pyramide, il est primordial d’élaborer une politique/cadre directeur général unique de digitalisation pour l’administration publique dans son ensemble. Ce cadre directeur prendra en compte l’ensemble des besoins sectoriels et intersectoriels, le processus à suivre ainsi que l’ensemble des solutions techniques et administratives pour une digitalisation ou semi-digitalisation de ladite administration. Il sera difficile d’atteindre un résultat escompté de digitalisation sans une politique générale au risque de faire face aux problèmes d’interopérabilités entre les services publics. Après l’élaboration de la politique générale, l’étape suivante est la méthodologie à suivre et la recherche de financements permettant une meilleure matérialisation de cette politique.
La meilleure méthode possible pour l’administration guinéenne est celle dite « D-N-D » D pour dématérialisation, N pour numérisation et D pour digitalisation. Chaque étape de cette méthode s’exécute via trois axes essentiels à savoir : l’acquisition d’infrastructures/équipements, le développement de solutions/applications et le renforcement des capacités de la ressources humaines. N’ayant pas franchi la première étape de son processus de digitalisation, le coût de matérialisation de la politique de digitalisation de l’administration publique guinéenne pourra être estimé à des centaines de millions de dollars. Une réalité qui impose la recherche de financements et de moyens techniques pour une matérialisation structurée et complète de ladite politique.

Problématiques liées au financement : à l’exception de quelques dons des partenaires techniques et financiers de l’Etat en matériels informatiques et en renforcement des capacités du personnel, il existe peu de financement de l’Etat visant à faire une dématérialisation de son administration. A mon avis cette réalité est le fait de la non existence d’une politique générale cohérente et non d’un manque de volonté des deux côtés. En réalité, le coût exorbitant pouvant être lié à la matérialisation d’une politique générale de digitalisation d’une administration comme la nôtre ne peut être financé par le Budget national à lui seul. A cet effet, la recherche de financements extérieurs et l’apport des fonds internes comme le fonds de services universels par exemple sont indispensables. En l’absence de financements extérieurs des bailleurs de fonds dans la matérialisation de la politique générale de digitalisation, l’Etat pourra de manière progressive et avec ses maigres moyens financer la première phase qui est la dématérialisation et ainsi créer des conditions d’auto-financement du reste du processus.
Faire une dématérialisation sous-entend le fait de quitter un système papier à un système informatisé et par conséquent, créer pour les citoyens une facilité d’accès aux services publics. Cette facilité comme l’accès aux documents de l’État civil ‘’actes de naissance, de mariage…’’ ou le paiement des contraventions à la police en étant immobile via des dispositifs, génère en effet des ressources financières outre que celles déjà prévues. La gestion transparente et judicieuse de ces ressources créeront la possibilité d’auto-financement ainsi qu’une indépendance du pays vis-à-vis des marchés financiers pour l’accomplissement de cette tâche indispensable à une meilleure performance de la gestion humaine et financière de notre administration publique.

Par KABA MAMADI Consultant en Digitalisation et Télécommunications

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