En Côte d’Ivoire, la session du dialogue politique qui s’est ouverte le 16 décembre dernier s’est refermée ce vendredi. Face au gouvernement, 21 partis politiques et 26 organisations de la société civile y participaient. Tous ont signé le rapport final qui préconise un certain nombre de recommandations destinées à préparer un climat politique apaisé en vue des prochaines échéances électorales de 2023.
S’il y a quelque chose qui fait l’unanimité au sein de formations politiques, c’est la nécessité d’un « paiement plus régulier des subventions aux partis politiques ». Et à propos d’argent, les participants au « dialogue politique » se sont aussi entendus sur le besoin de réexaminer le mécanisme de financement des candidats et du remboursement des frais de campagne à la présidentielle.
Figurent aussi parmi les recommandations, la question des réparations et indemnisations pour les victimes des violences politiques de 2020, ou encore la transmission au cabinet du Premier ministre de la liste des personnalités politiques dont les comptes seraient toujours gelés depuis 2011. Les partis enfin s’entendent sur la nécessité de réaménager la Commission électorale indépendante où les pro-Gbagbo ne siègent pas et de réfléchir au découpage électoral. Un cadre de suivi va être installé pour superviser la mise en œuvre de toutes ces recommandations.
Des échanges qui ont permis « quelques avancées »
Au total, le rapport compte une douzaine de recommandations issues d’un consensus auquel la politique ivoirienne est peu accoutumée. À la sortie, le Premier ministre Patrick Achi n’a donc pas caché sa satisfaction. « Je crois que cela augure pour notre pays d’un avenir dans lequel la démocratie sera encore plus renforcée, mais surtout où la stabilité et la paix durable sont un fait incontestable. Il faut en féliciter les acteurs politiques, ceux de la société civile et tous les Ivoiriens », a-t-il déclaré.
Pas de consensus en revanche sur les prisonniers des crises de 2010 et 2020 ou sur l’élargissement de l’amnistie de 2018 notamment à Laurent Gbagbo ou Charles Blé Goudé. Pour Georges Armand Ouégnin, vice-président du parti de Laurent Gbagbo le PPA-CI, la satisfaction était donc plus mesurée. « Malgré les discussions qui ont été relativement houleuses, nous nous sommes entendus sur certains points et je crois que c’est ça l’essentiel. On ne peut pas s’entendre sur tous les points, mais on essaye de trouver des solutions. Je repars avec un sentiment qu’il y a eu quelques avancées même s’il n’y a pas eu toutes les avancées. »
Vers une « volonté de construire ensemble »
Un cadre de suivi va superviser la mise en œuvre de ces recommandations. « Nous nous sommes félicités de la qualité du contact que nous avons eu avec le gouvernement, il y a eu beaucoup de transparence et de bonne volonté et nous pensons que cette volonté va impulser la volonté de construire ensemble. Nous n’avons pas d’a priori, mais nous restons confiants », a précisé Niamkey Koffi vice-président du PDCI.
Mais ces recommandations laissent de facto de côté d’autres points âprement discutés lors des débats, comme la liberté de manifester ou l’indépendance de la justice. Laissée de côté aussi la question de la limitation de l’âge des candidats à la présidentielle qui pourrait donner lieu à un débat lors de la prochaine session parlementaire.
(Avec RFI)