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Affaire Air Guinée : Cellou Dalein Diallo dit ses vérités (extrait du discours) 

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Longtemps accusé d’avoir vendu Air Guinée, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) est sorti de son silence ce samedi, 05 février 2022. Avec des arguments détaillés, Cellou Dalein Diallo, alors ministre des Transports, a  décliné toute implication dans la vente de cette compagnie aérienne.

Laguinee.info vous propose ci-dessous l’extrait de sa sortie ! 

« A l’avènement du CMRN, les partenaires au développement notamment les institutions de Breton Woods ont demandé de privatiser toutes les entreprises publiques ou de les fermer. On a commencé en 1988 pour Air Guinée, la compagnie avait trois avions neuf, un Boeing 707, un 727 et un autre 737. Ils ont dit qu’il faut revendre les avions et fermer Air Guinée ou privatiser la compagnie.

En 1988, j’étais un simple fonctionnaire à la Banque Centrale, mais je suivais le processus. Ils ont revendu les deux avions le 707 et le 727. Ils ont dit qu’il faut laisser le 737 pour le voyage du président, donc on n’a pas achevé la privatisation. L’avion est resté là avec 500 personnes qui travaillaient et qui doivent être payés par la compagnie.

C’était aussi l’avion présidentiel. Le président voyageait beaucoup à l’époque et lorsqu’il n’est pas là, il n’y a pas de transport. Les déficits se sont accumulés, les subventions ont augmenté. Le Fonds monétaire et la Banque mondiale sont revenus à la charge pour dire qu’il faut liquider Air Guinée et laisser l’avion au président ou alors chercher un partenaire pour avoir une compagnie de taille moyenne. Ça a été accepté, le dossier a été préparé et soumis au conseil des ministres qui a approuvé la privatisation de Air Guinée.

Le ministre des Finances a demandé une assistance technique à la Banque Mondiale. Parce que c’est le ministre de Finances qui est chargé des privations. La Banque mondiale lui a envoyé une société appelé Aero synergy, le ministre des Transports et l’expert était là en train de rédiger le cahier de charges et le dossier d’appel d’offres lorsque le président Conté a décidé qu’il ne fallait plus vendre. Parce que les deux autres étaient vendus au Nigeria. Il a dit que cet avion-là, il faut le vendre à Mamadou Sylla. A l’époque, je ne parlais pas avec Mamadou Sylla, il y avait une animosité extraordinaire entre nous.

Le président m’a appelé, il m’a dit ‘vous êtes en train de vendre mon avion ?’. Je répondu ‘oui, le conseil des ministres a décidé et la Banque Mondiale a envoyé un expert. Actuellement, il est en train de rédiger le cahier de charges’. Il dit ‘il faut tout arrêter. Est-ce que c’est la Banque mondiale qui a acheté l’avion ?’ Je dis non, mais on a décidé en conseil des ministres. Il dit ‘je suis pour la vente, mais vendez aux guinéens. Les deux autres ont été vendus aux étrangers. Je ne dis pas de lui donner, il faut lui vendre’.

Ce n’est pas moi qui suis chargé de la privatisation, il y a un ministère qui est chargé de cela. C’est le ministère de l’économie et de Finances au sein duquel il y avait une unité de privatisation dirigée par Ibrahima Camara. Dès que je suis sorti, je lui ai dit qu’il risque d’avoir des problèmes avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire Internationale. Parce qu’il a demandé un expert, ils l’ont envoyé, il est en train de finir le travail. Le président veut remettre Air Guinée à Mamadou Sylla. ‘Lève-toi sinon, il va le faire, tu auras un problème de crédibilité avec la Banque mondiale et le FMI’. Il a essayé, mais le président était catégorique. N’oubliez pas ce sont des avions de commandement. Il a décidé qu’il fallait vendre à Mamadou Sylla.

A partir de là, c’est le rôle du ministre de l’Economie et des Finances. Le président a pris un décret pour liquider Air Guinée et demander de vendre la compagnie à Mamadou Sylla. Le décret a été pris, bien-sûr dans le décret, on disait que le ministre de l’Economie et des Finances et le ministre des Transports sont chargés, chacun en ce qui le concerne de l’application du décret. Il existe encore.

En matière de transport, c’est le ministère des Transports qui gère le droit de trafic du pays. C’est à dire seul le ministre des Transports peut autoriser à une compagnie de faire la liaison avec le Sénégal, la Sierra Leone ou la France, c’est une compétence exclusive du ministère des Transports. Après, ils ont négocié là-bas, ils ont fixé un prix, il a payé je ne sais pas combien. On m’a dit que l’avion c’était 4 millions de dollars pour un Boeing qui avait 20 ans à l’époque, c’était raisonnable.

Nous, on n’a pas envoyé de commission dans la liquidation. Je pense que l’opération a été relativement bien menée. Je ne sais pas ce qu’on a fait des payements aussi s’il y a eu payement. Maintenant, la convention qui comportait des dispositions relatives au transfert de droit de trafic d’Air Guinée à Air Express, cette convention je l’ai signée. Il y a eu beaucoup de problèmes entre le président et moi pour ça. Je ne reviens pas là-dessus parce qu’il pensait que je m’opposais parce que j’étais en conflit ouvert avec Mamadou Sylla, c’était connu de tous les guinéens.

Je ne vais pas revenir sur tous les détails. Je voulais juste vous rassurer. Ils sont tous mes collaborateurs. La manière dont on a travaillé, c’était héroïque dans le contexte. Cheick Fofana, Kalémoudou Yansané, Aliou Condé, Bano Sow sont là. C’était extraordinaire. Pour la route Kankan-Kourémalé, on a mobilisé 100 millions de dollars, on a utilisé que 83 et quelques, le reste tout ce qui a été proposé, on a rejeté. Même une réclamation des entreprises, on a refusé. On a porté plainte contre l’entreprise à l’Union européenne. Les 16 millions de dollars sont restés dans les caisses, personne n’a touché.

Dans la gestion des appels d’offres, la rigueur dont on faisait preuve, ce n’était pas possible. Une fois, j’ai eu des problèmes avec le président Conté. Kalémoudou le sait. Le président m’a appelé parce qu’un autre chef d’Etat l’avait appelé pour lui recommander quelqu’un. La dame était là, j’ai dit au président qu’on ne peut pas. Le président avait une profonde affection pour moi, je lui parlais comme un père. Il dit ‘toi maintenant dès que je parle, tu dis non’. J’ai répond que ça va retarder le projet et ça ne passera pas parce que nous faisons le dépouillement et nous envoyons le rapport aux bailleurs, on attend son objection pour attribuer définitivement le marché. Il y a eu beaucoup d’entreprises qui se sont plaintes contre nous.

Une fois Kalémoudou est allé à la BAD parce qu’une entreprise s’était plainte et son pays qui est actionnaire important de la BAD avait accompagné sa plainte. On a envoyé les dossiers et puis on a eu raison. Quelqu’un a fait une réclamation de 3 millions d’euros, on a refusé de payer, on a porté plainte, c’est 600 mille euros qu’on lui a payé. Donc à cet égard, ne vous inquiétez pas. J’en parle parce que les gens et la presse disent c’est Cellou qui a vendu. Je n’ai pas vendu (Air Guinée), c’est le président qui a décidé et qui a pris un décret et qui a été appliqué par le ministère compétent. Je pense que ça s’est passé dans les règles.

Maintenant, avec la force que nous représentons, la jalousie que nous suscitons, il y a beaucoup qui souhaitent qu’on ne soit pas de la compétition parce que tout le monde connaît le résultat avec votre engagement. Il faut que vous soyez mentalement prêts, moi je suis prêt. On a fait beaucoup d’efforts, beaucoup ont perdu la vie, on ne peut pas accepter n’importe quoi. En tout cas, votre candidat jusqu’à preuve du contraire, est prêt ».

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