Au moment où les Guinéens, dans leur large majorité, se réjouissent de la mise en place du Conseil national de la transition (CNT), une certaine classe politique commence déjà à faire des amalgames sur la sincérité du CNRD à organiser des élections libres et transparentes, acceptées de tous à l’issue de la Transition. Par-ci, par-là, dans leur meeting, ils accusent le CNRD d’avoir un agenda caché. Et pourtant rien ne justifie leurs allégations. Au contraire. Le CNRD qui force respect et admiration, tient à sa feuille de route et de la charte de la transition. Parfaitement. Hormis ces spéculations rétrogrades, nul ne peut aujourd’hui dire, par des faits et actes, que le CNRD veut une longue transition ou préparer un quelconque candidat.
D’abord, parlant de la durée de la transition, clairement, il a été expliqué que ce choix relève du CNT, représenté en son sein par les partis politiques, les sages, la société civile, d’autres et d’autres. C’est à organe donc qu’il revient de limiter la transition. Et cela a été maintes fois expliqué par le CNRD à l’ensemble de cette classe politique et aux Guinéens. D’où diantre viendrait alors cette volonté de coller au CNRD une durée qu’il n’est pas habileté à décréter ? Pourquoi lui prêter des intentions qu’il n’a point exprimé, ni par les faits ni par les actes ?
Il est dès lors loisible de constater que ce sont ces partis politiques aux agendas certes cachés qui veulent instrumentaliser l’opinion sur ce qui n’existe pas, sur ce qui n’a jamais été discuté au niveau de toutes les instances du CNRD.
Comme si cela ne suffisait pas, l’autre l’attaque contre le CNRD est de l’accuser de vouloir écarter des candidats âgés, à travers une Constitution déjà rédigée et qui répondrait à ses ambitions. Quelle affabulation ! Parce que là encore, on surfe sur du faux. Eh, oui, car aucune Constitution n’a encore été élaborée. Du moment qu’il revient au même CNT de l’élaborer et de la soumettre à l’appréciation du peuple souverain de Guinée par le référendum. Il revient donc au CNT, représenté encore une fois, par tous les courants politiques du pays, de déterminer ou non l’âge des candidats. Et si cette partie ne convient pas aux Guinéens, il leur est loisible de voter NON à la constitution proposée par le CNT. Ce sont là les bases élémentaires de la démocratie que tout politicien, même celui qui ne voit pas au-delà du bout de son nez, devrait comprendre. Parce qu’au demeurant, toutes les Forces vives de la nation représentées au CNT auront assurément leur mot à dire sur la rédaction de la future Loi fondamentale. Où est donc le problème et quelles sont les origines de ces spéculations ? Si c’est au pied du mur qu’on voit le maçon, pourquoi chercher à manipuler le peuple par la désinformation ? De prime à bord, le colonel Mamadi Doumbouya a été clair : aucun membre du CNRD, à commencer par lui-même, ne sera candidat aux prochaines élections. Inutile donc de s’exciter et de chercher la petite bête là où elle n’existe pas. Ou à tout au moins chercher des poux sur un crâne rasé.
Nul n’ignore que le CNRD, depuis le 5 septembre, fait preuve de bonne foi. Mais ce n’est étonnant de constater les agissements d’une certaine classe politique qui se cherche, suspicieuse et méfiante à tout. L’on se demande quel gage de bonne foi voudrait-elle encore de la part du CNRD !
Heureusement, les actes déjà posés par le CNRD rencontrent l’assentiment des populations, qui ne sont plus prêtes à se laisser berner par les politiques, comme par le passé.
L’autre fait, ce que les Guinéens ne sont pas dupes. Ils savent bien ces mêmes politiques qui avaient tant applaudi la prise du pouvoir par l’armée, tiennent désormais un autre discours. Eux qui justement avaient expliqué largement les conditions qui justifiaient le changement. Avant eux d’ailleurs, le Président Paul Kagamé du Rwanda n’a pas attendu pour dire que les coups d’Etat en Afrique de l’Ouest se justifiaient par le manque de bonne gouvernance, les dirigeants n’étant pas à l’écoute de leur peuple. Bien avant lui, l’ex Président du Ghana, Jerry John Rawlings, avait indiqué que lorsque les dirigeants n’arrivent pas assumer leurs fonctions correctement et répondre aux aspirations du peuple, il appartient à l’Armée de prendre ses responsabilités. Ce qui a été fait le 5 septembre 2021 en Guinée, à l’ovation des populations.
Ces politiciens veulent-ils aujourd’hui que cette même Armée fuie ses responsabilités en organisant des élections bâclées comme en 2010, année de tristes souvenirs ? En attendant que le CNT détermine la durée de la transition, tout le monde est unanime qu’il faut un recensement général de la population en vue de mettre en place un fichier électoral incontestable, comme l’a si bien dit récemment Bah Oury, leader de l’UDRG. Et c’est en cela que s’attèle déjà le nouveau pouvoir en Guinée qui sait fort heureusement que « les régimes militaires ne sont pas un avenir démocratique », mais ils peuvent fonder les bases de cet avenir démocratique tant souhaité par tous.
Il faut donc y aller avec des gants et ne pas céder aux appétits voraces de certains à parvenir au pouvoir, quitte à ramener plus tard le pays dans un perpétuel recommencement. C’est à cela qu’il faut prendre garde. Tout simplement !
Naby Laye Moussa Sylla