Ismaël Baldé : C’est de dire à la population guinéenne, jeune et femme que le changement climatique est une réalité, il est là. Ceux qui veulent vraiment voir la réalité n’ont qu’à aller à Kabac. Actuellement, les populations de Kabac n’arrivent plus à faire la culture, ils n’ont qu’à aussi constater la rareté de pluie. Donc, l’Etat seulement ne peut pas lutter contre la dégradation de l’environnement, il faut que la population l’accompagne, il faut qu’on change notre manière de faire. Quand on s’attaque à l’environnement, on s’attaque à notre propre vie, parce que quand il n’y a pas d’arbres, il n’y a pas de pluie. Et s’il n’y a pas de pluie, il n’y a pas de récolte. Et quand il n’y a pas de récoltes, c’est la famine.
Les activités de l’ONG JAG pour la protection de l’environnement, les enjeux de la COP26, ses propositions de solutions : Ismaël Baldé dit tout
Créée en 2008, l’ONG « Jeunesse Active de Guinée » (JAG) évolue depuis quelques années dans la protection de l’environnement en Guinée. Dans un entretien qu’il a accordé le mardi 02 novembre dernier à un journaliste de Laguinee.info, le président de l’ONG est revenu sur les activités réalisées par son organisation ces derniers temps sur le terrain. Ismaël Baldé a donné aussi son regard sur le secteur environnemental en Guinée et a expliqué les enjeux de la COP26 qui se tient actuellement à Glasgow. Cet activiste du climat a également fait des propositions de solutions aux nouvelles autorités pour lutter contre la dégradation de l’environnement.
Laguinee.info vous propose ci-dessous l’intégralité de cette interview !
Laguinee.info : vous évoluez depuis quelques années sur le terrain, qu’est-ce que votre ONG Jeunesse Active de Guinée (JAG) fait réellement pour la protection de l’environnement dans notre pays ?
Ismaël Baldé : notre ONG évolue sur trois axes en Guinée à savoir : l’axe démocratie, droits de l’homme et bonne gouvernance; l’axe jeunesse et entreprenariat; l’axe environnement et développement durable. Nous travaillons depuis 2015, surtout sur l’axe environnement et développement durable sur diverses activités, notamment sur la sensibilisation, la formation des jeunes et surtout la mobilisation des jeunes par rapport aux questions liées à la protection de l’environnement dont la gestion des déchets et l’éducation environnementale. Actuellement, nous sommes sur un projet financé par l’Ambassade de France depuis le mois de juin. Nous sommes à Forécariah, précisément à Moussayah en consortium de quatre ONG. Ce projet est intitulé « Lutte contre la dégradation de l’environnement dans la sous-préfecture de Moussayah ». Moussayah regorge une réserve naturelle appelée « Kounounka ». C’est l’une des plus grandes réserves en Guinée, parce qu’elle est la seule réserve qui reste en Basse Guinée qui n’a pas été d’abord affectée par l’homme. Donc, on essaye de protéger cette réserve avec l’appui des partenaires, notamment l’Ambassade de France. Dans le consortium aussi, chaque ONG a ses activités. Nous, on s’occupe de la confection et la distribution des foyers améliorés pour les femmes pour un peu diminuer la consommation du bois, l’éducation environnementale à travers les élèves.
Laguinee.info : quel est votre regard sur le secteur environnemental en Guinée?
Ismaël Baldé : En Guinée, la dégradation de l’environnement continue de plus belle. Nous sommes vraiment inquiets par rapport à ce phénomène. Le changement climatique est une réalité, nous le vivons déjà. Mais, le constat qu’on a au sein de notre organisation, c’est-à-dire on a tellement de textes, la Contribution Déterminée au niveau National (CDN) de la Guinée est bien révisée. Cette année, ils ont pensé à prendre en compte tous les secteurs qui concernent la protection de l’environnement, notamment au niveau de l’énergie, l’industrie, les déchets, vraiment le CDN est bien fait. Mais, nous on se demande en tant qu’acteurs, comment on va arriver à mobiliser le financement qu’il faut pour atteindre les objectifs. Donc, on veut vraiment que la nouvelle ministre de l’environnement et de développement durable puisse travailler avec la société civile et les acteurs qui sont vraiment dans le domaine pour voir comment on peut inverser la tendance le plus vite que possible et lutter contre la dégradation de l’environnement.
Laguinee.info : La COP26 a ouvert ses portes. Quels sont les enjeux de ce rendez-vous mondial sur l’environnement ?
Ismaël Baldé : L’enjeu de cette COP est vraiment de taille. Lors de la précédente COP à Paris, les pays développés ont pris des engagements et pendant 5 ans, ils doivent revoir l’état des engagements qu’ils ont pris. Donc, cette COP est vraiment la COP de dernière chance. Si on n’arrive pas à se comprendre lors de cette COP, les populations qui souffrent déjà du changement climatique vont continuer à souffrir. Parce que si ces pays n’ont pas les moyens, les 100 millions de dollars qu’ils ont promis de mobiliser par an, ça ne sera pas bon. Même ça, les pays du Sud demandent plus. Mais quand même il faut qu’ils arrivent à réaliser leurs engagements. En plus, la non participation aussi de beaucoup de pays africains à cette COP. Ça, c’est dû un peu à la restriction de visas et de la pandémie du Covid-19. Sans oublier que l’Angleterre est sortie de l’Union Européenne, ce qui va impacter la participation de beaucoup de pays, surtout les pays du Sud qui subissent le changement des phénomènes climatiques.
Laguinee.info : quels sont les avantages que les pays du Sud pourraient tirer à cette COP ?
Ismaël Baldé : les avantages des pays du Sud dans cette COP se trouvent au niveau du financement de leurs projets de lutte contre le changement climatique. Si on essaye vraiment de se comprendre, c’est-à-dire prendre les engagements et les respecter au moins d’ici à 2030 pour que les financements qu’ils ont promis puissent se concrétiser, pour qu’on ait des projets vraiment bancables pour atténuer le changement climatique, pour lutter contre la dégradation de l’environnement en protégeant nos forêts et en faisant beaucoup de reboisement.
Laguinee.info : quelles propositions de solutions de lutte contre la dégradation de l’environnement avez-vous à faire aux nouvelles autorités ?
Ismaël Baldé : C’est ce que nous faisons au sein de notre organisation. Il faut vraiment la sensibilisation, la formation et surtout l’éducation environnementale à la base. Former les enfants, les sensibiliser pour ne pas que les enfants soient comme notre génération. Il faut vraiment qu’on passe par les enfants dans les écoles, dans les communautés les plus reculées, les sensibiliser, les informer sur les engagements que la Guinée a pris. Mais, le ministère de l’environnement seul ne peut pas faire, il faut associer la société civile. Même si la société civile a ses propres activités; mais, à elle seule, elle ne peut pas avoir des financements. Donc, il faut que tout le monde travaille ensemble, que ce soit gouvernement, société civile et partenaires, mais aussi et surtout le reboisement. Le reboisement est l’une des meilleures solutions pour lutter contre le changement climatique. Il ne faut pas faire aussi n’importe quel reboisement. Il faut encourager le reboisement des arbres fruitiers.
Laguinee.info : quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de la population sur la protection de l’environnement ?
Entretien réalisé par Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info
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