Pour maintenir chez les guinéens l’espoir selon lequel le CNRD pourra réellement sortir le pays du trou, il convient de jeter un regard sur le gouvernement en cours de formation. Si jusque-là l’opinion semble satisfaite, il convient de rappeler que tous les yeux restent rivés sur le CNRD à travers le choix qu’il fera du profil de l’homme ou de la femme qui aura à conduire le portefeuille de la justice. Ce ministère reste le seul département régalien de l’Etat parmi les six à ne pas connaître son nouveau ministre.
Or, le CNRD a dit et réitéré sa volonté de faire de la Justice la boussole de toutes ses actions durant cette transition. Alors l’intégrité, le caractère consensuel et la neutralité du futur Garde des Sceaux sera le baromètre par lequel les guinéens mesureront sans la sincérité de cette volonté. Il s’agit d’un décret fortement attendu par la population Guinéenne qui a tant souffert de l’injustice et ses corollaires. C’est pourquoi le CNRD doit réfléchir mille fois avant de choisir le ministre de la justice pour trouver la bonne personne et puis lui doter d’une feuille de route claire et sincère. Ensuite, ce département devra être doté d’un budget conséquent pour faire face aux crimes de sang et crimes économiques que notre pays a connus ; mais aussi faire face aux multiples défis qui l’attendent dont celui des élections à venir. Ce ministre aura la lourde tâche d’épurer et de filtrer toutes les éventualités pour faire passer les mauvaises graines du tamier. Si non nous allons nous retrouver avec des semences déjà grillées dans le champ agricole et cela ne permettra pas l’obtention du résultat escompté.
Étant la boussole du CNRD, je comprends pourquoi ce département de la justice reste toujours sans connaître son ministre puisque son choix semble coincé, vu son importance et la lourde tâche qui l’attend. Ainsi, il faut les interpeller une fois de plus sur les attentes des guinéens surtout en ce qui concerne la justice, la liberté, la dignité, la démocratie, et les droits de l’homme de manière générale. Ces valeurs étaient complètement laminées et dépouillées de tout leur contenu par le régime déchu.
Ainsi, seule la justice pourra guider le CNRD dans la bonne direction. Sur ce, il doit comprendre qu’une grande partie des activités de cette transition passera forcément par la justice. Le CNRD jusque-là pose des actes salutaires et responsables même si quelques imperfections inhérentes à l’action humaine peuvent être perçues par endroits. Alors la nomination du Ministre de la Justice pourra soit renforcer la confiance déjà instaurée ou l’écorner.
En observant le profil des personnes nommés dans les différents départements on peut se permettre d’être optimiste mais qu’à cela ne tienne on peut rester sur nos gardes pour toute éventualité. Les nominations au compte goutte de 4 ministres par jour avec le style d’équilibre régional sont plutôt bien accueillis. Mais pour le département de la justice il convient de s’appuyer plus sur la compétence et l’intégrité encore une fois.
Pour terminer je voudrais que le CNRD prenne le temps qu’il faut afin de pouvoir prendre la meilleure décision pour sortir le pays de ces perpétuelles recommencement, aggravé par la crise de confiance entre les guinéens.
Moudjitaba Bah
Secrétaire Chargé de la Communication de la Fédération l’UFDG Brooklyn New York USA et président du « Club des Jeunes American Friends»