jeudi, novembre 21, 2024
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Non Emmanuel Macron, l’Afrique n’a plus besoin de la France, elle veut juste se débarrasser d’elle (Tribune)

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Monsieur le Président, pour votre propre gouverne et celle de votre rien pays, ayez au moins la diligence de partir honnêtement pour ne pas dire honteusement.
Ce sommet Afrique-France, est le nouveau visage de la mafiafrique où le traquenard tendu à une jeunesse consciente qui veut rompre avec ce système antédiluvien.
Chers concitoyens africains, mon plus grand désir était de prendre la parole devant le Président de la République française comme ses milliers de jeunes venus de partout à casquettes différentes, pour lui dire ouvertement que l’Afrique n’a plus besoin de la France et qu’il devrait se débarrasser de cette idée qui déjà se présente négativement fertile, voulant à nouveau rajeunir la mafiafrique et cela pour des raisons très simples qui seront élucidées si bas.

Aboubakr Guilavogui, étudiant guinéen en Droit à l’université Paris 1 panthéon Sorbonne

La France doit partir et cela par tous les moyens, nous panafricains conscients avions temps vus et vécus de cette françafrique pardon mafiafrique plutôt, à un moment donné il faut savoir raison gardée, savoir quitter avant qu’on ne vous quitte.
Monsieur le président de la République française, sans nul doutes, si vous faites un check-up de cette malsaine relation que votre pays a entretenu avec notre continent vous conviendrez dans un exercice intellectuel sérieux, avec moi qu’il est temps de plier bagage et de partir, car l’opprobre qui peut-être ressenti par votre partie est de trop. L’Afrique n’a pas que marre de l’odeur suffocante que dégage la mafiafrique mais elle a aussi marre de ces fallacieux sommets dont vous organisez pour berner l’opinion internationale, sachez maintenant que vous êtes face à une génération qui ne se permettra pas de vous laisser abuser des peuples africains comme vous l’aviez tout temps fait, vous êtes face à une génération avertie qui renversera la tendance et ce par tous les moyens possibles. Si les vieux africains qui tiennent aujourd’hui le pouvoir en Afrique sont vos marionnettes, nous nous serons vos antagonistes d’amis sûrement, une chose est sûre vous irez.
Tout naturellement ces origines françaises de la mafiafrique me courrouce.
En clair, ce qu’offre aujourd’hui l’Afrique à toutes les mafias, c’est la mise à disposition d’États de complaisance par des cliques dirigeantes retranchées sur les positions prédatrices qu’elles peuvent encore exercer, c’est l’aventurisme de ses guérillas mercenaires. Certes, la mafiafrique est syro-libanaise, belge, ukrainienne, américaine, russe, israélienne, saoudienne, émirati, anglaise, indo-pakistanaise, française, chinoise. La mafiafrique est même afghane : selon le journaliste portugais Gustavo Costa, dans un article publié dans L’Expresso en novembre 2001, Luanda est devenu à la fin des années quatre-vingt-dix le cœur d’un trafic de contrebande de biens divers organisé par les milieux trafiquants afghans de Dubaï en contrepartie du blanchiment de l’argent de la drogue. Dans l’autre sens s’organisait, suivant les réseaux rôdés de l’« Angolagate », l’approvisionnement en armes du régime taliban. La mafiafrique est planétaire.
Mais, pour des raisons historiques, la mafiafrique est assez largement française. De son vaste empire africain, de ce grand mythe vécu d’un lien charnel entre la France et l’Afrique, qui ne fut jamais aussi fort qu’après la décolonisation des années soixante, la France a hérité d’un capital relationnel avec les élites africaines et maghrébines et d’un savoir-faire qui font aujourd’hui merveille, bien au-delà du pré carré colonial, sur tous les terrains de la mafiafrique. Le « système Foccart » verrouillait la Françafrique, exerçant un contrôle politique et policier sur le continent pour le compte du camp occidental et contre l’Union soviétique.
Ce rôle planétaire n’a pas été sans bénéfices secondaires spécifiquement françafricains : au travers des mécanismes maintenant à peu près connus de la circulation perverse de l’aide au développement et des flux de l’économie rentière, la Françafrique a joué un rôle essentiel dans le financement de la vie politique française, pour le camp présidentiel et même au-delà, avec l’habitude prise de la cohabitation.
La politique africaine ne pouvait donc pas être discutée sur la place publique, comme pouvaient l’être les relations avec l’Allemagne, la Russie ou les États-Unis. Le « foccartisme », celui de Jacques Foccart comme de ses successeurs, fermait le débat en France aussi. Évident sur la scène politique, cet étouffement a également longtemps prévalu et cela est moins connu dans le monde universitaire. Ce n’est nullement le fruit du hasard si la France compte relativement peu de bons spécialistes de l’Afrique contemporaine et du Maghreb. Dans certains organismes de recherche publics (comme l’ORSTOM), il était tout simplement interdit aux chercheurs de s’occuper de questions politiques au sens le plus académique du terme, la science politique : ils étaient soumis à une censure préalable. Et dans le même temps, des professeurs de droit ont écrit les constitutions africaines sans être trop regardants sur leur application dans des régimes policiers de parti unique…
À partir de 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir a brièvement permis un certain dégel intellectuel, en ouvrant le champ de l’expertise reconnue, y compris autour de l’Élysée, à des universitaires d’un genre que l’on n’avait jamais vu jusqu’alors sous les ors de la République : pendant quelques mois, ils ont côtoyé le patron de la DGSE (Pierre Marion) et les conseillers spéciaux de l’Élysée (comme Guy Penne et Jean-Christophe Mitterrand). Mais la tendance était lourde et les experts indépendants sollicités par l’État au début des années quatre-vingt ont été ensuite tenus à l’écart dès lors qu’ils entendaient rester indépendants. La politique de développement, héritière des combats anticolonialistes et tiers-mondistes, que la gauche victorieuse transportait dans ses valises pesa peu face aux liens d’argent qui fondaient les pouvoirs africains, via la redistribution clientéliste, et contribuaient largement au financement des partis politiques français via les « rétrocommissions ». L’expulsion de l’intrus Jean-Pierre Cot de la scène françafricaine prouva rapidement que tout allait continuer comme avant, mais avec des partenaires supplémentaires.
Les mêmes mécanismes ont joué dans les relations entre la France et ses anciennes colonies du Maghreb : certes, celles-ci présentent des caractéristiques assez différentes des États subsahariens, mais la corruption est également au cœur de leurs liens avec la France. Et elle compte beaucoup bien plus que la solidarité face au « péril islamiste » pour expliquer le soutien indéfectible de Paris aux dictatures de Hassan II, de Ben Ali ou des généraux du « cabinet noir » algérien.
Cynisme d’État et flux d’argent sale constituent la véritable rationalité des relations France-Afrique noire et France-Maghreb. Dans ce cadre, la rationalité des experts, dès lors qu’elle ne peut être manipulée ou instrumentalisée (mais cela arrive trop souvent, hélas), n’a plus de place. On l’a vu d’une façon particulièrement tragique dans le cas du Rwanda : les recherches méthodologiquement fondées et rationnellement conduites qui alertaient dès 1990 sur les conséquences prévisibles, dans l’ensemble de la région des Grands Lacs, du soutien au président Habyarimana n’ont pas permis de dissiper l’ignorance désinvolte d’un Jean-Christophe Mitterrand ou la brume intellectuelle du petit cercle militaire de l’état-major de l’Élysée qui propagea, jusqu’au cœur du génocide de 1994 au Rwanda et même au-delà, le mythe de la restauration menaçante d’un empire Tutsi, « ethnie guerrière à la solde des Anglo-Saxons ».
L’aspiration des Africains à une vie politique libre, dès lors que l’effondrement de l’Union soviétique délégitimait tout régime de parti unique, fut rapidement confrontée à la réalité des élections truquées qui suivirent le discours de La Baule, en 1990. Plus de vingt ans de la gauche au pouvoir, ou jamais bien loin, n’auraient donc fondamentalement rien changé ? C’est sans doute, comme l’explique Jean-Pierre Dozon, parce que l’Afrique est consubstantielle à la ve République.
Monsieur le Président voici Le dérisoire et tragique « bilan africain » de la gauche française.
Il n’y a en réalité jamais eu de « politique africaine » de la France. L’Afrique a toujours été un instrument pour d’autres enjeux. Des enjeux intérieurs : champ de manœuvre pour l’armée, financement de la vie politique française, approvisionnement en uranium et en pétrole. Des enjeux de politique internationale : réservoir de votes dans les institutions internationales, zone de transit pour le soutien au régime d’apartheid et à son programme nucléaire.
Mais il s’est opéré au tournant des années quatre-vingt-dix une transformation fondamentale, avec la dévaluation politique de l’Afrique. À la fin des années quatre-vingt, le bloc francophone valait encore vaguement quelque chose dans les relations Est-Ouest, dans les relations entre Israël et les pays arabes. Avec l’effondrement du bloc soviétique et de l’apartheid, l’Afrique ne vaut plus que par morceaux. Ceux du démantèlement des entreprises d’État qui étaient au cœur de la redistribution clientéliste. Ceux du démembrement des territoires avec la réapparition du mercenariat et la prolifération des guérillas vénales. Ceux du pillage à la petite semaine des matières premières. N’y échappent que les enclaves pétrolières.
Dans cette économie politique de la brocante et de la récupération, n’importe quel réseau mafieux peut s’acheter un État africain. Les enjeux politiques africains se sont fragmentés, car ils n’ont plus de sens que comme terrains d’alliance avec des partenaires plus intéressants. La crise du Tchad, qui a vu en 1990 le remplacement d’Hissène Habré par Idriss Déby, était en réalité le terrain de l’alliance avec la Libye, partenaire désormais omniprésent de la politique française en Afrique. Le Tchad n’était qu’une occasion pour la politique arabe de la France, dont les enjeux économiques sont sans commune mesure avec ceux de l’Afrique. L’incompréhensible soutien de la France au régime islamiste soudanais à l’époque où celui-ci était le sanctuaire de l’entreprise de Ben Laden n’était peut-être au fond que de la politique pakistanaise ou saoudienne…
On en oublierait presque que l’Afrique est peuplée de plus de sept cents millions d’êtres humains, confrontés à la disparition de ce qui pouvait exister de services publics, à l’effondrement de l’économie monétaire dans des zones entières qui se replient sur l’économie de subsistance, à la privatisation de la violence et de la corruption, supposés comptables d’une dette dont ils n’ont, pour l’immense majorité, jamais été crédités sous aucune forme.
À cette aune, il semble dérisoire de tenter de dresser le « bilan africain » de la gauche dans ces vingt et quelques dernières années pendant lesquelles elle a dirigé souvent, au moins partiellement, le pays. Mais c’est aussi que le bilan est dérisoire et tragique quand on pense aux centaines de milliers de victimes, du Rwanda à l’Algérie, de régimes qui ont sombré dans la folie sanguinaire pour défendre leurs privilèges et dont la France aurait pu arrêter le bras. Mais la gauche n’a rien fait de particulier. Elle a suivi. Dans un premier temps, elle a simplement prolongé le foccartisme classique, y compris dans le choix des hommes, y ajoutant simplement les siens. Puis, quand est venu le temps de la brocante, elle a suivi le mouvement. Pas tout le monde bien sûr. Mais il ne semble pas pour user d’un euphémisme que ceux qui ont disposé des moyens d’action que permet l’ancrage durable dans les institutions politiques les aient utilisés pour autre chose que pour prendre des positions personnelles ou de clientèle.
Ce n’est que dans l’apparition d’un vaste mouvement d’organisations non gouvernementales, reprenant les questions du développement et de la démocratie sur la base de relations directes avec la société civile que l’on peut trouver le souffle d’un projet. Reste à savoir s’il est possible de le faire aboutir tant que les États qui pèsent dans la politique internationale soufflent dans l’autre sens. Les citoyens sauront-ils se saisir durablement des nouvelles armes du droit international, encore bien fragile, et qui ne pourra s’imposer sans leur mobilisation, comme l’a montré la longue lutte qui a permis le vote des statuts de la Cour pénale internationale ou la création des tribunaux ad hoc pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie ?
C’est par là que se fraye pour le moment le chemin de la démocratie politique et de l’État de droit en Afrique.
Agissons, c’est la dernière chance.
Aboubakr Guilavogui, panafricain de la Guinée.

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