Après la diffusion de l’audio incriminant le procureur Siddy Souleymane N’Diaye sur le dossier Foniké Menguè, le juge Alphonse Charles Wright dont le procureur de la République près le TPI de Dixinn voulait corrompre vient de donner sa version des faits. Selon le magistrat, c’est lui-même qui a enregistré l’audio pour avoir des preuves sur les menaces qui pesaient contre lui par rapport au dossier de l’activiste du FNDC. Il l’a dit à l’occasion de son intervention ce mercredi, 06 octobre 2021 chez nos confrères de la radio Espace dans l’émission les » GG », a appris Laguinee.info à travers un de ses journalistes.
Selon le juge Alphonse Charles Wright, le procureur était venu à son bureau dans le seul but de lui demander de condamner Foniké Menguè. Mais, ajoute-il, quand il a rendu une décision contraire, il a été, à partir de là, une cible à abattre par Siddy Souleymane N’Diaye.
« Quelqu’un qui vous a menacé, je ne sais pas qu’il vienne me rencontrer dans quelle intention, j’ai pris les précautions, ne connaissant pas son intention, je me suis dis cet entretien là, il faut que je l’enregistre pour pouvoir garder par rapport à la preuve de ce qu’il va me dire. Quand il est entré, il m’a dit carrément sa position. J’avais le choix entre lui dire que je ne vais pas condamner le bonhomme, parce qu’à l’examen déjà du dossier au préalable, je ne voyais rien. (…) Donc, il était venu me sonder pour savoir ma décision avant même de finir l’examen du dossier. J’étais donc obligé de faire comme si j’acceptais, sinon on allait me retirer le dossier pour condamner un innocent. A partir de là, je savais qu’il allait avoir des conséquences. Le jour du délibéré, il appelle toute la presse, parce qu’il était sûr que j’allais condamner le monsieur. (…) Mais, quand j’ai rendu la décision, il n’en fallait pas. Il a convoqué une rencontre immédiate de son parquet pour dire que j’ai fait mon dernier acte. Il dit que j’ai appelé le président, on sait quelle décision on va prendre contre lui », a fait savoir Alphonse Charles Wright.
Poursuivant, le juge Charles Wright a indiqué qu’ils l’ont même mis sur écoute, parce qu’ils le considéraient comme magistrat de l’opposition. Il ajoute qu’il continuait à recevoir régulièrement des menaces, jusqu’à ce qu’à un moment donné, il a jugé utile de quitter son domicile. C’est en raison de ces menaces qu’il a décidé d’informer l’opinion publique à travers la presse.
« Quelques jours après l’affaire Foniké Menguè, le dossier de Fabou aussi est venu. On l’a examiné et j’ai décerné un mandat contre lui. A partir de là, on dit que Charles est un magistrat de l’opposition. On m’a mis sur écoute sans mon consentement pour savoir avec qui je parle. J’ai un ami qui était avec eux qui m’a demandé de faire attention, il me dit que tu as à faire avec des gens qui peuvent te faire disparaître. Effectivement, ces jours-ci, je reçois des messages partout. A partir de là, je comprends que c’est devenu sérieux. J’appelle mon ami, il me conseille d’informer l’opinion publique à travers la presse de ce qui m’arrive. (…) J’ai appelé Moussa Moïse, je lui ai dit voici toutes les preuves. Quand je vais mourir, informez l’opinion que la cause de ma mort vient de là. J’ai dit garde l’audio quand je vais mourir que mes enfants sachent de quoi je suis mort. L’audio ne date pas d’aujourd’hui, c’est depuis 12 mois comme ça. J’ai envoyé l’audio à Moussa Moïse, parce que j’étais menacé. Donc, c’était une preuve au cas où quelque chose m’arrivait. Je préfère mourir que d’être un magistrat soumis à l’intérêt d’une personne», a déclaré le juge Alphonse Charles Wright.
Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info