A l’occasion de l’an 12 des massacres du 28 septembre 2009, de nombreuses victimes ont accepté de témoigner de leur calvaire au micro de Laguinee.info. Madame Aminata Diallo, est l’une d’elles. Activiste de la société civile, elle est revenue sur ce qu’elle a subi et vu dans le stade où lesdits massacres ont été commis. C’était lors d’une interview qu’elle a accordée à deux de nos reporters dans la soirée d’hier mercredi, 29 septembre 2021.
Notre interlocutrice est la grande sœur de l’épouse du président de l’UFDG. Comme beaucoup d’autres femmes de Conakry, elle avait rallié le stade de Dixinn le 28 septembre 2009. Mais la suite lui avait été très amère.
« J’ai un très très mauvais souvenir. C’est très dommage qu’à douze ans de cela, jusqu’à présent ne soit pas faite. A chaque fois que je parle de ça, je suis sous l’émotion parce que je me rappelle de ce que j’ai vécu et de ce que les gens ont vécu. Donc ce jour-là, je suis arrivée ici (au domicile de Cellou Dalein Diallo) en pantalon jean. Quand je suis arrivée, ma sœur portait une jupe. Je lui ai dit, comme on fait à pied, les gens vont te reconnaître, porte un pantalon. Donc, nous étions en pantalon heureusement parce que toutes les femmes qui étaient dans l’enceinte du stade étaient en pagne, les bodys, les habits… Avant 10 heures, on a quitté à pied Hadja Salimatou qui est secrétaire générale du bureau des femmes de l’UFDG, madame Aissatou Ann, madame Fatoumata Youla. Parmi nous, il y en a même qui se sont réfugiés en France pour des problèmes de santé. Donc nous avons bougé, nous sommes allées à pied, nous sommes rentrées. Les leaders étaient déjà arrivés. Quand nous sommes arrivées, on s’est installées juste à la loge des journalistes. Ça dansait dans un stade bien rempli. Vraiment les gens chantaient « liberté, liberté ». Et à 10h, vous savez chez nous il y a le wallouha. On prie. Des centaines des jeunes ont décidé de prier sur la pelouse à 10h. Quelques minutes après ça, j’ai commencé à sentir du gaz lacrymogène et je vois une fumée blanche venir remplir le stade. Donc difficilement tu pouvais même ouvrir tes yeux. Ils (militaires) sont rentrés, coups de feu, débandade, violence avec des gourdins. Nous, nous sommes restées là où nous étions. Donc c’était la débandade. Nous étions là en face de la pelouse. Tout était mélangé… ça courait de gauche à droite, ça tirait même. Les militaires qui sont rentrés avec des armes sont venus nous trouver. Moi, on m’a tapé sur la tête… ma sœur a eu des orteils fracturés. Toutes les femmes dames qui étaient avec nous étaient gravement blessées. On nous a chassé du stade. Nous sommes allés vers le stade annexe », a relaté Aminata Diallo.
Pour terminer, elle a demandé au colonel Doumbouya de faire en sorte que justice soit rendue aux victimes.
Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo et Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info