Depuis maintenant deux jours, la cité industrielle de Kamsar tourne au ralenti. En cause, le blocage de toutes les voies d’accès à la ville par les femmes en colère contre le manque de courant électrique. De Filima à Kayinguissa en passant par des quartiers comme Kaléyiré, Contéya, Maladhoya, Madina-Borbof ou encore Kawass, une centaine de femmes vêtues de rouge n’entendent guère relâcher la pression avant la satisfaction de leur revendication, a appris la rédaction de Laguinee.info qui a joint au téléphone plusieurs témoins sur place.
Défier la pluie pour étancher leur soif d’électricité, telle est en ce moment la préoccupation première des femmes de la ville minière de Kamsar dans le nord-ouest de la Guinée. A en croire les habitants de cette grande agglomération, le traditionnel tour-tour dans la desserte du courant électrique est encore revenu de plus belle. Quasiment tous les quartiers de la ville sont concernés et ce depuis bientôt 5 mois de suite, a-t-on appris sur place. « Ça fait maintenant près de cinq mois que ça dure. Le courant ne vient qu’un jour sur deux, soit seulement quinze jours dans le mois. Nous faisons des abonnements canal dont on ne bénéficie point. Nous payons des factures d’électricité dont on n’a pas consommé l’équivalence. Plus grave encore, pour nous qui vendons au marché, nos poissons et poulets importés pourrissent dans les frigos faute de courant. Pour nous il s’agit d’une perte énorme qu’on ne peut plus supporter. D’où notre présence cette fois-ci dans la rue pour interpeller les autorités », a déclaré une manifestante jointe au téléphone par notre rédaction.
Selon les sources contactées sur place, aucune violence n’a jusque-là été enregistrée. Les forces de sécurité venues sur les lieux ont vainement tenté de convaincre les femmes à libérer au moins les rails afin que le train de la Compagnie des Bauxites de Guinée puisse se frayer un chemin. Face au niet catégorique des manifestantes, les agents ont battu en retraite. « Nous avons dit aux forces de sécurité de se hotter de notre passage. Les autorités locales quant à elles sont venues avec une enveloppe de 15 millions pour nous demander de quitter la rue le temps pour eux de régler le problème d’ici vendredi. Nous leur avons répondu en leur disant d’utiliser ce montant pour trouver solution à une partie du problème. On n’en veut pas. Tout ce que nous voulons c’est le courant. Et nuit comme jour, nous allons bloquer tout et camper sur place jusqu’à la satisfaction de notre revendication. Nous ne sommes contre personne, nous voulons juste le courant. Nous avons dit à tous les hommes de se tenir à l’écart. C’est une manifestation de femmes et qui se fera sans heurt ni violence », a conclu cette autre manifestante sous couvert d’anonymat.
Le train minéralier de la CBG fait six voyages allers et retours par jour. En deux jours de blocage, la compagnie a perdu au total douze voyages, ce qui assurément constitue un vrai manque à gagner. Pour l’heure les tractations sont en cours pour remédier au problème, a-t-on appris de sources proches de la Commune Urbaine.
Nous y reviendrons !
Laguinee.info