vendredi, novembre 22, 2024
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Canada : Le guinéen Saliou Diallo invité à un panel avec le PM Justin Trudeau 

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Il fait partie des guinéens qui se distinguent à l’international. Notre compatriote Saliou Diallo que nous avons eu l’occasion d’interviewer dans le cadre de son entreprise Irokko a été invité en ce début du mois d’août 2021 à un panel par le Bureau du Premier ministre canadien Justin Trudeau. C’était à l’occasion de la célébration du jour de l’émancipation nationale du Canada, notamment pour l’apport des afro-canadiens à l’histoire du pays.
Interrogé à ce sujet par Guineepremiere.com ce dimanche, 15 août 202, Saliou Diallo est revenu sur le contenu de ces échanges. Le nouveau président de la table de concertation du mois de l’Histoire des Noirs de Québec est aussi revenu sur le parallèle qu’on peut faire entre le combat qu’il mène et la situation en Guinée.
Guineepremiere.com : vous avez été invité par le bureau du Premier ministre Justin Trudeau à un panel de haut niveau. Il a été notamment question d’intégration de la communauté noire. En quelle qualité et de quoi a-t-il été question ?
Saliou Diallo : je suis le président de la Table de Concertation du Mois de l’Histoire des Noirs à Québec. J’ai eu l’honneur d’avoir été invité à ce panel à l’occasion de la journée de l’émancipation du Canada. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec le Premier Ministre Justin Trudeau sur l’histoire multiple du Canada, notamment sur l’apport des différentes communautés qui composent la Nation Canadienne dont les afro-canadiens qui sont ici depuis le 17ème siècle.
La discussion a permis de mettre en lumière ce que nous faisons dans la région de Québec. L’organisation que je préside valorise l’apport des afro canadiens à la construction du pays à travers l’entrepreneuriat, l’éducation et le rappel historique de la contribution des noirs au pays.
Nous aidons, avec d’autres, à sensibiliser les institutions et le gouvernement fédéral à la mise en place de mesures, notamment un programme de prêt pour les entrepreneurs Noirs d’un montant de 293 millions de dollars.
Le Premier Ministre soutient notre approche selon laquelle l’éducation est essentielle pour lutter contre les discriminations et le racisme et favoriser une société canadienne encore plus inclusive.
Quel pont établir entre cette réalité canadienne d’efforts, d’unité et de lutte contre les discriminations et la réalité de chez nous, de ce qui se passe en Guinée ?
Comme le Canada, la Guinée est une jeune Nation, le Canada n’a que 90 ans de plus que la Guinée, ce qui est très peu sur l’échelle des nations.  Comme la Guinée, le Canada est composé de plusieurs communautés.
Pour ma part je pense que les guinéens ont toujours voulu vivre dans l’unité, nous avons tous grandis dans les mêmes quartiers avec les Bah, Bangoura, Camara, Kouyaté, Millimouno…
Toutefois, les échéances électorales ont souvent été l’occasion pour ceux qui ne songent qu’à leur intérêt de créer des tensions pour monter les guinéens les uns contre les autres.
Aujourd’hui, la division s’est fortement ancrée et a dépassé la sphère politique.
Nous avons pris la mauvaise habitude de préjuger de l’appartenance politique de nos compatriotes en raison uniquement de leur origine ethnique.
Aujourd’hui, la Guinée est engluée dans une crise sociopolitique majeure, née des scrutins législatifs et référendaires du 22 mars et de la présidentielle du 18 octobre 2020. Les guinéens ont besoin de se réconcilier. Quelle approche pour sortir de l’impasse ?
Premièrement il faut s’assurer d’une meilleure représentation dans l’administration publique, en tenant compte, bien évidemment, à la fois, des compétences et les représentations ethniques.
Deuxièmement, il faut une équitable répartition des richesses, lorsque l’État rempli pleinement ses obligations et que la richesse redistribuée, le sentiment d’appartenance est plus grand et les guinéens ne prêtent pas attention aux discours divisionnistes.
Troisièmement il faut miser sur l’éducation.  Les guinéens ont une histoire commune, nous avons voté pour la création de ce pays le 28 septembre 1958 avec plus de 98% pour le NON, ce sont donc tous les guinéens qui l’ont réalisé l’indépendance sans distinction d’origines, d’ethnies ou autres.
Nous sommes un grand peuple destiné à un bel avenir. Notre identité guinéenne nous la forgeons depuis le 19ème siècle à partir de la lutte contre la colonisation, ainsi la collaboration entre Samory et Alpha Yaya en est un exemple.
Notre peuple a forgé son destin à travers de nombreuses batailles, celle de Woyowayanko lorsque les sofas de l’Almamy ont défait les colons. Notre histoire s’est forgée lors de la bataille de Porédaka en novembre 1896 opposant l’Almamy Bokar Biro à l’armée coloniale. Notre identité s’est forgée lors de l’agression du 22 novembre 1970 lorsque le peuple et son armée populaire ont défait les envahisseurs dans la capitale Conakry. Notre destin commun s’est joué en Angola lorsque nous y avons déployé nos troupes aux côtés des cubains pour lutter contre le régime colonialiste portugais. Notre destin s’est joué en Guinée Bissau lors de la lutte pour l’indépendance de ce pays. Nous saluons d’ailleurs le rôle majeur joué par le Responsable Suprême de la Révolution, Sékou Touré, et le Général Lansana Conté.
Enfin, nous sommes le pays qui a engendré de grands hommes et femmes, nous sommes le pays de Diallo Telly, de Barry Dianwadou, de Jeanne Martin Cissé, de Zébéla Togba, Mamba Sano. À travers l’histoire, les fils et filles de Guinée se sont toujours montrés unis et dignes.
Vous comprenez donc que nous sommes unis par l’histoire et le destin, par conséquents les intérêts de quelques-uns ne peuvent nous désunir. Je suis convaincu que les guinéens savent que nous formons un seul et unique peuple, malheureusement aujourd’hui la voix des divisionnistes porte plus que celle de la majorité silencieuse qui n’aspire qu’à la cohésion et au développement.
Qu’en est-il des questions de justice ? De nombreux guinéens sont aujourd’hui incarcérés pour des raisons politiques. Que préconisez-vous pour notre pays sorte de l’impasse ?
La justice est un élément important pour la cohésion nationale, il ne peut y avoir d’unité sans justice. Notre histoire est faite de tragédies, la justice doit faire un travail pour apaiser toutes les familles endeuillées depuis 1958, afin qu’ensemble nous tournions la page.
Je souhaite que nos compatriotes en détention puissent retrouver rapidement leurs familles.
Je pense que la construction nationale passe par une justice efficace et indépendante. Nous avons en Afrique des exemples, comme la commission vérité et réconciliation en Afrique du Sud, nous devrions en prendre exemple. Nous sommes obligés de nous parler et de nous dire la vérité.
Avec Guineepremiere
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