Ce mercredi 11 août 2021, Elhadj Fodé Mandiaye Magassouba, troisième imam de la mosquée de Kipé s’est exprimé sur le comportement de certains de ses pairs vis-à-vis de la politique. Il a fustigé ceux d’entre eux qui manifestent publiquement leur militantisme. Or, a-t-il dit, un imam doit être exemplaire aussi bien dans le sens religieux que dans tout ce qui peut aider à la stabilité dans un pays. C’était lors d’une interview qu’il a accordée à notre Rédaction ce mercredi, 11 août 2021.

D’après notre interlocuteur, l’objectif d’un imam: « C’est comment faire pour unir les citoyens parce que s’il y a des frustrations, rien ne peut marcher. Même les imams ne pourront pas aller à la mosquée. Les imams n’ont qu’à mettre dans leur tête qu’ils sont les ambassadeurs du prophète Mohamed Paix et Salut sur lui. Le prophète Mohamed n’a jamais soutenu un mauvais comportement, il n’a jamais soutenu aussi un sujet qui ne collabore pas avec l’islam».

Aux dires de certains observateurs, c’est le manque de revenus qui pousse les imams à se lancer en politique. Un point de vue que ne partage pas l’imam Magassouba. D’ailleurs pour ce qui est de l’attitude de ses pairs vis-à-vis de la politique, c’est à l’Etat qu’il en veut.

« Ce n’est pas une raison. Il faut dire que l’Etat guinéen a beaucoup fait pour les imams, mais, ce même Etat a fragilisé les imams. Les gens pensent que quand tu es imam, toi, tu dois rester à la mosquée; et, tendre la main. Sinon, quand quelqu’un prend son diplôme pour revenir, l’Etat doit à son tour créer des structures solides pour les imams diplômés. Si vous voyez, on parle souvent de réconciliation, on sort de l’argent et on distribue aux proches, mais, on ne voit pas l’impact de cette réconciliation sur le terrain. Nous sommes en Guinée, mais, je n’ai jamais vu ici une campagne de sensibilisation porte-à-porte pour la réconciliation. C’est pour vous dire que l’Etat ne doit pas oublier les imams aussi qui font passer des messages de sensibilisation aux citoyens. Ils ont trop fragilisé les imams, certains même ont honte de pratiquer certaines activités quotidiennes pour subvenir à leurs besoins. Mais, les imams aussi, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas des activités génératrices de revenus, qu’ils vont faire la politique. Un imam ne doit pas être militant d’un parti politique. Il peut être observateur de la politique. Et, quand tu aimes un leader politique, ce n’est pas mauvais; mais, il faut lui dire la vérité», explique l’imam et président de la fondation internationale Ahmed Sékou Touré.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo et Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info