Dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la dignité des personnes victimes de la traite sur le thème « la voix des victimes nous guide », le Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes et Pratiques Assimilées (CNLTPPA) a animé une conférence de presse ce vendredi, 30 juillet à la Maison commune des journalistes à Kipé, dans la commune de Ratoma. Objectif, faire la situation de la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées en Guinée, a constaté sur place Laguinee.info à travers un de ses reporters.
Selon le président du Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes et Pratiques Assimilées, la journée d’aujourd’hui est dédiée aux victimes. C’est pour cette raison d’ailleurs le thème international de cette année est « la voix des victimes nous guide ». A l’en croire, cela veut dire qu’il faut qu’on écoute, qu’on entende les victimes.
C’est pourquoi ajoute t-il : « nous avons mis un point d’honneur sur la valorisation de la ligne verte, la ligne 116, qui est la ligne dédiée à la prise en charge de toutes les préoccupations des victimes de la traite des personnes. Nous avons fait une évaluation de cette ligne verte en termes de capacités de pouvoir répondre aux besoins des victimes de la traite des personnes. Nous allons inscrire nos actions dans le renforcement de cette ligne verte. Les partenaires sociaux sont engagés, le gouvernement guinéen est engagé à travers de tarification préférentielle en faveur des victimes qui souhaiteraient appeler la ligne verte pour bénéficier de l’assistance dont elles ont besoin. C’est vrai qu’on ne peut pas se réjouir de la célébration d’une journée qui consacre la violation où les victimes se sentent abandonnées, on ne peut pas imaginer des jeunes filles qu’on recrute, qu’on envoi dans les autres pays, à qui, on promet de lendemain extraordinaire qui se retrouvent priver de leur liberté et qui sont soumises à toutes formes d’exploitation physique comme sexuelle. Ce dont on se réjouit aujourd’hui, c’est cette synergie d’action qui est en train de s’installer entre tous les acteurs. Notre rôle, c’est de maintenir cette synergie d’action pour que la lutte contre la traite des êtres humains soit une réalité dans notre pays », a déclaré Aboubacar Sidiki Camara.
Le représentant de l’Office de Protection des Genres, Enfances et des Mœurs (OPROGEM) a donné les chiffres des cas de traite des êtres humains que son service a interpellé au courant de l’année 2020.
« En 2020, nous avons réussi à interpeller et déférer 20 cas de traite des personnes dans les différents tribunaux de Conakry et de l’intérieur du pays. Généralement, nous avons nos représentants qui sont infiltrés dans les localités et parfois les parents des victimes ou les victimes elles-mêmes se dirigent vers nous ou les responsables locaux pour nous signaler qu’il y’a un cas de traite qui est en train de se produire à tel endroit. Alors, nous mettons tout de suite nos techniques en mouvement pour infiltrer et identifier avant de procéder à l’interpellation. Nous avons aussi interpellé six albinos avec des femmes qui les faisaient promener à travers les rues de Conakry, on les a entendus. Ces femmes ont été aussi déférées au parquet de Dixinn, elles ont été jugées et condamnées, avec l’appui des partenaires, les albinos ont été retournés dans leurs familles respectives », a fait savoir le colonel Amara Sylla.
Dans le cadre du projet d’appui à la lutte contre la traite des personnes, dans son volet protection des victimes, Aïssatou Baldé, présidente du Syndicat national des travailleuses domestiques est revenue sur les statistiques des cas de traite recensés par son organisation. A en croire Aïssatou Baldé, « le syndicat national des travailleurs domestiques a identifié 100 victimes de traite des personnes au courant 2020-2021 dans la zone de Conakry et Coyah. La plupart de ces victimes sont des femmes qui travaillaient dans des conditions très difficiles telles que les menaces, les heures de travail excessives, les tromperies, entre autres. Après cette identification, ces victimes ont été référées à l’OIM pour une réintégration. A ce jour, il y’a 92 victimes qui ont été réintégrées. Ces femmes ont bénéficié des activités génératrices de revenus telles que la vente des pagnes, les boutiques d’alimentation, la vente des produits cosmétiques, mais aussi des salons de coiffure. Et ces activités ont été choisies par les victimes elles-mêmes. Parmi ces victimes, il y’a aussi des enfants et des jeunes. Ces enfants ont repris l’école et ils ont bénéficié de deux ans pour le moment de paiement de scolarité. On a payé des fournitures scolaires pour eux et leurs parents ont aussi bénéficié des activités pour qu’à la longue ils puissent s’occuper de la scolarité de leurs enfants », a-t-elle souligné.
A noter qu’au cours de cette conférence, les organisateurs ont beaucoup plus insisté sur la nécessité d’avoir une loi spéciale de répression en Guinée des personnes qui se livrent à des pratiques de traite des êtres humains pour faciliter leur travail.
Aux dires du président du Comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées, son organisme qui a été institué par décret présidentiel n’est pas jusqu’à nos jours un budget de fonctionnement. A l’en croire, ils travaillent avec les aides de leurs partenaires, notamment l’OIM et Expertise France. Chose qui complique selon lui leurs actions sur terrain.
Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info
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