lundi, septembre 30, 2024
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Affaire Nanfo Ismaël Diaby: quelques citoyens de Conakry se prononcent 

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Faut-il le rappeler, le Secrétariat Général aux Affaires Religieuses a interdit au prédicateur Nanfo Ismaël  Diaby toute activité religieuse en public et ce, jusqu’à nouvel ordre. Le différend est parti de l’habitude qu’avait prise l’imam d’officier des prières en langue Maninka ; une pratique qui est perçue par les autorités religieuses comme une innovation dans l’islam. En réponse à cette interdiction qui lui est faite, l’imam Diaby a saisi la Cour suprême pour contester la décision. A l’audience de ce jeudi, 24 juin 2021, le parquet a botté en touche la requête de mise en liberté formulée par l’avocat Me Salifou Béavogui. La cour a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 1er juillet prochain où la chambre indiquera sa position. Mais d’ici là, l’affaire n’arrête pas de susciter des commentaires dans la cité. Un journaliste de Laguiee.info a rencontré ce samedi 18 juin, quelques citoyens de Conakry pour qui le sujet ne passe pas inaperçu.

C’est une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Le feuilleton Nanfo Ismaël Diaby déchaîne partout les passions. Si d’aucuns lui restent solidaires dans sa vision de l’islam, d’autres par contre estiment que le prédicateur en fait de trop lorsqu’il officie la prière en langue Maninka. « Même en Arabie Saoudite d’où est né l’Islam, la prière se fait en Arabe alors que là-bas on y trouve beaucoup de dialectes. L’Arabe est la langue du coran, nulle n’a le droit de prier dans une langue autre que l’arabe »,  argumente un citoyen qui a souhaité gardé l’anonymat.

Pour sa part, Aboubacar Condé, citoyen résidant dans le quartier Hamdallaye dans la commune de Ratoma, ne cache pas sa déception vis-à-vis de l’attitude du prédicateur. Bien qu’étant l’un des admirateurs de l’Imam, il estime néanmoins que son idole est partie loin cette fois-ci. «  Il a exagéré. Sinon, même actuellement, j’ai ses sermons dans mon téléphone. C’est un imam qui connaît très bien la religion musulmane. J’adore beaucoup ses sermons. Il devait se limiter aux sermons qu’il faisait en langue Maninka sans aller au-delà. Sinon, moi personnellement, je n’ai jamais vu ni entendu des pratiques pareilles dans le monde entier. A cause de ce comportement je me suis complètement découragé. Qu’il arrête ça maintenant. Qu’il suive les consignes des autorités religieuses. Si non tout ce qui lui arrive, c’est lui même en personne qui en subira les conséquences », précise t-il.
Même son de cloche chez cet autre citoyen résidant lui aussi dans le quartier Hamdallaye. Oumar Bah, puisque c’est de lui qu’il s’agit, en appel même à un examen médical pour le principal concerné. «  Moi personnellement je sais que je ne peux pas me hasarder à des pratiques pareilles parce que je suis dans ma propre conscience. On a jamais vu quelqu’un s’adonner à des pratiques pareilles. Pour moi, au lieu de l’arrêter et le mettre en prison, le Secrétariat Général des Affaires Religieuses devrait lui soumettre à un examen médical. Au cas où on s’assure qu’il est en bonne santé, on peut le garder maintenant en prison. Car une personne de bonne moralité qui s’adonne à de telles pratiques ne doit plus jamais sortir de la prison. Sinon, c’est quelqu’un d’autre qui se lèvera encore demain pour prier dans sa langue. Et ça deviendra de la pagaille totale. À ce niveau l’État n’aura rien à dire. Donc c’est le bon moment que l’État à travers le secrétariat général aux affaires religieuses prenne des dispositions pour ne plus que cela se répète. C’est d’ailleurs honteux pour nous les guinéens que ça soit en Guinée qu’on entende des pratiques pareilles. Plus jamais ça dans notre pays »,  lance Oumar Bah.

Toutefois, l’Imam ne manque pas de soutien auprès de certains fidèles. Pour beaucoup, Nanfo Ismaël Diaby est victime d’injustice. C’est du moins la position que défend Florentin Haba, résident au quartier  Taouyah dans la Commune de Ratoma. Selon lui, la Guinée étant un pays laïc, l’Imam Ismaël Nanfo Diaby ne devrait nullement avoir les ennuis qu’il connaît en ce moment. « C’est la loi du plus fort. Qu’ils nous montrent un texte qui nous dit que personne n’a la possibilité de prier dans sa propre langue. Dieu dit  »pour m’adorer, il faut me connaître d’abord ». Et ce n’est pas tout le monde qui comprend l’arabe. Si cet Imam a jugé nécessaire de prier dans sa langue que sa communauté comprend le mieux. Je pense bien qu’il est dans ses raisons. Que la cour suprême accepte sa requête et qu’il soit libéré pour qu’il continue ses obligations religieuses »,  précise-t-il.

A noter que l’Imam Ismaël Nanfo Diaby a été arrêté le jour de la fête de l’Aïd El Fitr marquant la fin du mois de Ramadan 2021. Auparavant, il avait été condamné à 12 mois de prison assortis de 6 mois de sursis et une amende de 500 mille francs guinéens par le Tribunal de Première Instance de Kankan.

Ibrahima Foulamory Bah pour Laguinee.info

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