A Bamako, il existe une autre forme de mendicité. Ceux qui la pratiquent ne sont pas des handicapés ou des individus de la rue. Ils sont plutôt des errants. Généralement ils sont bien habillés et donnent l’air d’être en route pour leurs lieux de travail. Mais en réalité, ce sont de simples mendiants déguisés. Ce qu’ils savent faire à longueur des journées, c’est de surgir de nulle part devant des personnes qu’ils croisent pour quémander autrement. Ils le font de manière à ce que le destinataire ait l’impression d’avoir à faire à une personne momentanément coincée économiquement, a constaté l’envoyé spécial de Laguinee.info dans la capitale malienne.« J’ai ma moto en panne. Le moteur vient de lâcher. J’ai besoin de 400 CFA pour le remettre en marche », c’est l’une des phrases récurrentes dans la bouche de ceux qui mendient autrement à Bamako. A vue d’œil, ils ont l’air de dire la vérité. Mais c’est loin d’être le cas. Cette phrase est leur méthode de duper les personnes qu’ils rencontrent. Ce qui est surprenant, la plupart d’entre eux sont souvent bien habillés.
D’autres disent ouvertement : « Tonton, je n’ai pas mangé depuis le matin. S’il vous plaît, aidez-moi à avoir 200 FCFA afin que je puisse m’acheter un plat de riz ». Ceux-ci sont généralement des jeunes sans le moindre travail ou qui refusent de vivre de leur propre sueur. Cet état de fait est fréquent dans les lieux publics de Bamako. Il en est de même dans les rues surtout celles de grande circulation.
Un cas a attiré l’attention de notre envoyé spécial à Bamako. Il s’est produit à la devanture d’un petit restaurant. Alors que des clients y étaient en train de profiter de leurs différents plats, un homme surgit et dit à haute voix « S’il vous plaît, mon argent est fini. Je n’ai plus de quoi payer mon transport pour arriver chez moi. Besoin de….. ». Il n’a pas eu le temps de dire tout ce qu’il voulait. Un des destinataires de sa quémande s’était déjà levé de colère pour lui dire de s’en aller immédiatement.
Cette forme de mendicité est d’actualité un peu partout dans la ville de Bamako. Elle est aussi très fréquente dans les lieux de vente de riz. Parfois les vendeuses sont obligées de chasser ceux qui y viennent embêter les clients par la mendicité. Notre envoyé spécial à été témoin d’une scène exemplaire dans le quartier Faladié. Un homme arrive à moto à un endroit de vente de riz et prend place. Contre toute attente, il se met à quémander à manger alors qu’il avait l’air d’un client venu se faire servir.
Selon de nombreux bamakois, cette forme de mendicité est quotidienne dans leur ville.
Oury Maci Bah, envoyé spécial de Laguinee.info à Bamako