Le mois de juin de chaque année est consacré à l’enfant. C’est un fait des Nations-Unies qui date de 1992. Il consiste à amener les dirigeants des pays membres de l’organisation à plus de réflexions et d’appui en faveur des enfants. Comme presque toujours, il survient cette fois encore dans un contexte où les rues de Conakry restent bondées d’enfants qui, pour avoir de quoi se nourrir, sont obligés de vendre de l’eau minérale en sachet. C’est ce qui ressort du constat fait par un de nos reporters hier mardi, 1er juin 2021, jour marquant le début du mois de l’enfant.
Alias Soumah, 11 ans et élève en 4ème année dans une école privée de la place, vend de l’eau minérale en sachets à Dixinn, un des quartiers de Conakry. D’après lui, c’est sa maman qui lui demande de le faire.
« C’est ma mère qui me donne de l’eau à vendre. Après l’école, je viens au bord de la route pour vendre de l’eau. Si nous devons aller à l’école le matin, le soir je viens vendre de l’eau dans l’embouteillage à Kénien ici. Aujourd’hui, je dois aller à l’école le soir. C’est pourquoi je suis là », dit-il.
Tidiane Camara est un autre vendeur de l’eau minérale en sachet au même endroit. Mais quant à lui, il n’a pas encore été scolarisé. A l’en croire, le fait qu’il grandisse dans l’analphabétisme est dû à un manque de soutien financier.
« Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Si mon papa était vivant, je sais qu’il allait faire tout son possible pour me scolariser. Ma mère est malade. Elle ne peut pas se déplacer. C’est pourquoi elle me donne de l’eau pour vendre pour qu’on puisse avoir à manger. On n’a personne pour nous aider. Je voulais moi aussi aller à l’école comme mes collègues, mais je n’ai pas le choix. Je suis obligé de suivre les consignes de ma mère », indique-t-il.
La troisième interlocutrice est une fille de 8 ans. Elle aussi, c’est sous le pont de Kénien qu’elle opère son petit commence. Elle accuse la coépouse de sa mère de l’obliger de vendre de l’eau.
« C’est une obligation pour moi de vendre de l’eau. C’est ma marâtre qui me dit, si je ne réussis pas à vendre 3 lots par jour, je ne vais pas manger, et elle va me frapper. C’est pourquoi moi aussi je prends courage. Parfois, je vends jusqu’à 5 paquets d’eau en sachets par jour. Ma mère est décédée depuis que j’étais au village. C’est celle-ci que je connais comme maman », explique Siré Keïta
Ibrahima Foulamory Bah pour Laguinee.info