Cinq des opposants en détention à la maison centrale de Conakry depuis cinq mois dont le vice-président de l’UFDG Cherif Bah, ont porté plainte contre l’Etat guinéen à la cour de justice de la CEDEAO. Ils se plaignent de la violation des droits de leur incarcération et de la lenteur de la procédure devant aboutir à l’ouverture de leur procès. Cette information a été donnée par l’un de leurs avocats, Yvan Teren. C’était dans la soirée du vendredi, 12 mars 2021 sur le plateau de la chaîne de télévision France 24.
A travers cette plainte, les auteurs espèrent trois choses de la cour de justice de la CEDEAO. Il s’agit de la présomption d’innocence, du droit de défense et de celui d’une procédure équitable.
« Effectivement nous avons déposé cette requête avec mon confrère Patrick et une dizaine d’avocats. Nous sommes du pool qu’on a appelée de défense de ces cinq personnes, hauts dirigeants du parti de l’opposition en Guinée. Et nous avons adressé cette requête à la CEDEAO comme un malade qu’on adresse aux urgences. Nous nous sommes saisis d’une procédure qui nous est présentée tous les symptômes d’une procédure qui ne va pas. Qui ne va pas d’abord parce que? il y a un motif politique évident. La détention arbitraire de nos clients, qui ne va pas parce que ? à tous les stades de la procédure et ceux depuis l’origine des procédures diligentées contre nos cinq clients, il y a une violation de leurs droits élémentaires, il y a la présomption d’innocence, droit de la défense, droit d’une procédure équitable. Et que ces violations se sont accumulées et sont telles aujourd’hui que, pour la partie de nos confrères, a qui je rend hommage d’ailleurs au barreau de Guinée, ils ont été contraints au mois de février de suspendre leur mission, constatant qu’ils ont cité une parodie de justice à laquelle ils ne voulaient prêter mains », explique maître Yvan Terel.
L’autre aspect sur lequel l’invité de France 24 a interpellé l’instance judiciaire de la sous-région ouest-africaine, c’est le refus aux avocats d’accéder aux détenus.
« Et puis, dernier point, nous avons saisi la cour de justice de la CEDEAO afin qu’elle puisse statuer en urgence. Et cette urgence elle est d’abord dûe à la gravité des violations fondamentales constatées pour cette procédure. Par exemple nous mêmes avec mon confrère Patrick, nous n’avons pas été en mesure de nous rendre sur place visiter ne serait que pour voir nos clients, pour voir là où ils sont détenus et le complexe sanitaire. Le contexte sanitaire et l’état de santé de nos clients, dans le centre où ils sont, est affecté de pusieurs cas de Covid-19 », se justifie-t-il.
Me Yvan Terel et ses collègues du pool constitué pour défendre les plaignants, souhaitent que la cour de la CEDEAO statue en état d’urgence et qu’elle se prononce aussi sur la conformité « oui ou non » de la procédure diligentée par l’Etat guinéen. Ce, ajoute-t-il, pour rappeler « la Guinée à l’ordre sur des graves violations de ses engagements internationaux, et des droits évidents et fondamentaux de nos cinq clients».
Par ailleurs, l’avocat indique que la plainte à la cour de justice de la CEDEAO est une première étape, et que tous les recours sont envisageables pour attirer « les attentions sur ce qui se passe en Guinée ».
Me Yvan Terel s’est montré irrité contre le fait que le président Alpha Condé ait soutenu qu’il n’existe pas des détenus politiques dans le pays. Pourtant, réagit-il, les rapports de plusieurs ONGs laissent voir que 400 militants et responsables de l’opposition seraient en prison.
Maké Fofana pour Laguinée.info