La vente et la consommation du chanvre indien se fait quasiment à ciel ouvert à Kankan. Dans des maisons abandonnées, au bord du fleuve, à la gare routière ou encore dans d’autres endroits du marché, il n’est pas rare de tomber sur des attroupements de jeunes livrés à la drogue. Le phénomène monte en flèche sous le regard impuissant des autorités locales, a constaté la correspondante de Laguinee.info basée dans la préfecture.
A l’ancienne gare ferroviaire de Kankan, au bord du fleuve Milo non loin de la gare routière ou encore au terrain de football près de l’Université Julius Nyerere de Kankan en plein centre ville, le chanvre indien se vend comme des cacahuètes. Outre la vente de ce stupéfiant, sa consommation y est faite sans inquiétude aucune. Ces endroits ne désemplissent pas et parmi les fidèles du coin on y trouve même des étudiants à l’image de ce dernier qui a souhaité garder l’anonymat : « Quand je viens à l’université, je passe beaucoup plus de temps ici qu’en classe. On a beaucoup trop de soucis au quotidien. On termine les études, on a pas de boulot. On aime donc se retrouver ici pour oublier nos soucis en consommant et souvent aussi en vendant du chanvre indien. Certains proposent aussi des sachets de pilules etc », a livré notre répondant.
A la question de savoir si lui et ses collègues ne risquent pas de se faire choper par les forces de sécurité, notre interlocuteur répond après un léger sourire : « Oui c’est vrai on est pas vraiment à l’abri des regards ici. Mais de toutes les façons, je pense personnellement et sincèrement qu’on ne le sera pas. Donc ce qu’il faut comprendre c’est que c’est une vie que nous avons choisi et que nous sommes obligés d’accepter avec tous les risques que cela implique. On est conscient de ce que nous faisons, mais ça fait des années que moi je fréquente ces endroits. Nous ne faisons de mal à personne, on vient juste fumer et vendre nos produits c’est tout. Donc pratiquement tout le monde sait ce qu’on fait ici mais personne ne s’en prend à nous. On a même de temps à autres certains agents de la police, la gendarmerie et des militaires qui viennent se procurer nos produits surtout ceux qui montent les gardes la nuit devant les lieux stratégiques de la ville tels que les banques, les marchés et autres », a confié le jeune étudiant.
Face au phénomène, les autorités publiques locales font mine de ne rien voir. En tout cas rien n’a été fait pour freiner le fléau dans la commune urbaine au grand dam des paisibles citoyens. Amadou Condé habite non loin du lieu de consommation de grande fréquentation. Il dit craindre pour sa santé du fait de la fumée qui se dégage nuit et jour: « La consommation des stupéfiants ici est une réalité. Ils fument devant tout le monde. Tellement exposés, nous même, nous aspirons chaque jour des fumées qui nous intoxiquent. Les autorités de Kankan doivent prendre leurs responsabilités car si nous essayons de nous en prendre à eux, on ne sait pas de quoi ils seraient capables », estime t-il.
De Kankan, Mariame Siré Traoré pour Laguinee.info