Les acteurs politiques et sociaux continuent de réagir aux opérations de déguerpissement en cours dans le Grand Conakry. Le président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOCS-G) dit ne pas être contre ces actions de l’État, même si cependant il plaide pour plus d’encadrement et plus d’humanisation des dites opérations a appris Laguinee.info à travers un de ses journalistes.
Le président du CNOCS-G vient de réagir à l’opération de déguerpissement entreprise par le gouvernement dans le grand Conakry. Selon lui, il s’agit d’une opération qui, en soit, n’est pas mauvaise car, dit-il, ça permet de donner à la ville une belle image. Cependant, Dr Dansa Kourouma dit ne pas être d’accord sur la façon dont ces opérations sont en train d’être menées par endroit. Il l’a dit lors d’un entretien qu’il a accordé à Laguinee.info ce lundi, 8 février 2021. « Du point de vue constat général, le déguerpissement se fait dans tous les pays, surtout les pays en construction, les pays sous-développés parce que l’urbanisation ne respecte pas du tout le plan cadastral de la ville, ça ne respecte pas une logique de développement de l’habitat. Mais en réalité, le déguerpissement doit être encadré par la loi mais aussi, humanisé. Donc, les deux principes là sont fondamentaux. Encadré par la loi : la loi prévoit un certain délai pour le déguerpissement des populations, des occupants des lieux. Alors, j’ai l’impression que les délais qu’on est en train de donner c’est 72 heures. Alors, ce délai me semble être court, si les populations n’ont pas été informées au préalable. Parce qu’il faut nuancer les choses. Si les gens ont reçu des préavis de déguerpissement et qu’ils se sont entêtés à rester et que le délai de 72 heures soit donné, je pense que c’est acceptable. Mais, si les gens n’ont pas été prévenus, venir casser leurs maisons pendant 72 heures c’est un abus. La deuxième chose qui me semble être important, c’est la récupération des domaines de l’État. Parce qu’en réalité, ces domaines qui sont réservés ont été soit enlevés à des coutumiers ou saisis par des moyens que nous ne maîtrisons pas essentiellement. Mais, si c’est pour l’utilité publique il faudrait qu’après avoir récupéré les lieux pour la première fois, l’État sécurise ces sites. C’est-à-dire qu’il s’agit de les encadrer et de les identifier comme telle et que toutes les autorités locales soient interdites de vendre ou de céder ces domaines-là. Mais en réalité ce qui se passe en Guinée quand les populations sont déguerpies, leurs habitations détruites, l’État n’utilise pas ces lieux, ce n’est pas occupé et la nature a horreur du vide. L’État doit assumer ses responsabilités en valorisant les sites déguerpis et les sécuriser pour éviter d’autres occupations. Et les autorités locales impliquées dans la vente de ces domaines soient interpellées et condamnées », a-t-il demandé.
Selon Dr Dansa Kourouma, l’État doit penser à humaniser ces opérations. Pour cela, il plaide pour la construction notamment de logements sociaux afin de soulager certaines couches sociales. « Il faut humaniser ce processus de déguerpissement parce qu’en réalité les pauvres populations qui réalisent des habitations au su et au vu de l’administration et qu’on vienne casser ces habitations c’est dur. Surtout qu’au même moment dans d’autres pays on est en train de construire des logements sociaux pour les plus démunis. En Guinée ce qui est regrettable, même les enseignants n’ont pas de logements sociaux. On parle de logements sociaux des enseignants depuis une trentaine d’années jusqu’à présent ça n’a pas été réalisé. Alors, il faut être réaliste, couper la poire en deux, éviter de faire pleurer les populations. Même si je suis contre les occupants illégaux; mais ça se fait devant les autorités locales qui sont complices de ça. Personne d’entre eux n’a été inquiété alors qu’on tombe sur les pauvres populations qui ont quand-même le droit au logement dont l’État est le premier protecteur. Donc la première proposition que je fais, c’est que les occupants illégaux n’ont droit qu’à une assistance humanitaire pour les permettre au moins d’avoir une habitation ailleurs. La deuxième catégorie de personnes, c’est les occupants légaux. Pour ceux-ci, si l’État doit récupérer le domaine, ces personnes-là doivent être dédommagées financièrement et recasées. C’est ce que la loi prévoit. La troisième catégorie, ce sont des personnes qui occupent le lieu en attendant. Alors les occupants temporaires et les occupants illégaux ont droit à une assistance humanitaire et un délai conséquent pour leur permettre de trouver un abri », propose le Président du CNOCS-G.
La rédaction de Laguinee.info