Au centre de traitement des données des élections, à Bangui, il y a une pièce dédiée à la correction des fiches de résultats, ces fiches où les responsables des bureaux de vote ont retranscrit après le dépouillement les chiffres clés du scrutin, issus des différents procès-verbaux. Théophile Mokoama, rapporteur général de l’Autorité en charge des élections, explique :
« C’est, en général, le nombre de votants sur la liste d’émargement, le nombre de votants par dérogation pour la présidentielle, où il y a souvent quelques erreurs, et les bulletins nuls. L’environnement global, où les gens ont eu peur à la fin des opérations, a fait qu’il y a eu des erreurs de ce type-là. Mais ce sont des erreurs matérielles, que l’on est en train de corriger. »
C’est ainsi que sur une feuille de résultats, le nombre de votants constatés par émargement passe de zéro à 120. « Car c’est une incohérence. Il ne peut pas y avoir un bureau de vote où il y a eu vote et où personne n’a voté », reprend Théophile Mokoama. Une nouvelle feuille de résultats est remplie, « sur la base des éléments qui sont dans le procès-verbal de dépouillement, sans que ça ne touche aux résultats obtenus par les différents candidats ».
Ce sont bien les procès-verbaux qui font foi, insiste le rapporteur général. Ces PV sont ensuite agrafés au dossier, pour « ne rien perdre en traçabilité ». Une pratique tout à fait légale, estime le rapporteur. Mais ces arguments ne convainquent pas Wilfriedo Mesheba, porte-parole de l’opposant Anicet Georges Dologuélé :
« Ça pose un problème puisque, pour faire simple, c’est une façon de contourner les mesures anti-fraudes mises en place pour le contrôle de la validité des résultats qui sont prévues par les serveurs. Et nous sommes en attente d’explications crédibles : en quoi ça correspond à des dispositions du code électoral ? »
En réponse, l’ANE invite les acteurs politiques à lui « faire confiance » et rappelle que les observateurs de tous les partis sont les bienvenus à toutes les étapes de la compilation.
Avec RFI