Les multiples crises politiques et sanitaires dans le pays ne sont pas sans conséquences notamment dans les marchés de Conakry. Celui du KM36 fait partie des plus affectés. A cela s’ajoute l’état défectueux des routes du pays profond d’où viennent certaines marchandises. Pour toucher du doigt cette réalité, un journaliste de Laguinee.info s’est rendu au marché de KM36.
Le marché du KM36 est l’un des plus fréquentés de la capitale. Aujourd’hui, faute d’espace suffisant pour les vendeuses, certaines n’hésitent pas à envahir le trottoir. Mamata Camara écoule des bananes dans le coin depuis 20 ans. Du marché de Bonfi (où elle a commencé les ventes) à celui du KM36, la mère de famille a vu ses difficultés aller crescendo. <<Présentement nous avons assez de difficultés pour trouver la marchandise. Le prix est exorbitant vu que nous prenons les 1/2 entre quatre millions cinq cent mille (4.500.000) et quatre millions trois cent mille (4.300.000) francs guinéens. Cette marchandise vient généralement de N’zerekoré. Le problème que nous rencontrons est lié aussi au problème de route surtout pendant la saison des grandes pluies. Souvent, nous subissons d’énormes pertes causées par le manque de route. Or, une fois l’argent est versé même si toute la marchandise est pourrie, nous encaissons toutes les pertes nous-mêmes et nous n’avons aucune subvention>>, a-t-elle regretté.
Poursuivant, madame Camara a invité le gouvernement à faire de la construction des routes une priorité afin de les éviter des pertes souvent causées par des coupures du trafic à l’occasion de chaque saison de pluie.
Pour sa part, Mariam Camara, vendeuse de poisson, a décrit les difficultés auxquelles elle fait face dans son commerce:<<Chaque jour, je sors entre 4 heures et 5 heures en fonction de la facilité d’obtention des poissons. Côté prix, ça varie en fonction des quantités. Mais présentement, le marché est très dure et les achats sont rares malgré le faible prix des poissons actuellement. Comme tu le vois toi-même, depuis ce matin je suis sur mon premier bol et s’il y a l’achat, je peux vendre deux bols. En plus, le profit est très faible car par bol ou carton, nous gagnons entre dix mille (10.000) et vingt mille (20.000). Donc, quand il n’y a pas d’acheteurs, nous souffrons énormément>>, dit-elle.
Dans son intervention, Madame Camara est revenu aussi sur les types de poissons prisés du consommateur guinéen:<< Nous avons ici le Kessi-Kessi dont le carton est à six cent mille (600.000) francs guinéens, Bologui à quatre cent cinquante mille (450.000) et les Tokhöyé à cent dix mille (110.000) francs guinéens >>, explique-t-elle.
Non loin de Madame Camara, cette autre dame s’est montrée encore plus plaintive. Hawa Kaba, c’est son nom. Elle a lancé des appels au gouvernement: <<Actuellement il n’y a pas d’argent et c’est ce qui explique le manque de clients. Et nos maris ne travaillent pas et les frais de scolarité ont augmenté. Donc la dépense et les frais d’étude de nos enfants proviennent de ce commerce que nous faisons. Le Président n’investit pas beaucoup pour créer de l’emploi et donner du travail à nos maris, ce qui est très grave. Si nos maris travaillent, nous les femmes nous seront assistée pour l’entretien de la famille. Je demande donc au gouvernement de créer de l’emploi dans le pays>>, a-t-elle conclu.
Mamadou Saliou Balde pour laguinee.info