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Déguerpissement à Kouriah : les populations entre stupeur et désolation

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Au mois de novembre passé le gouvernement, réuni en conseil des ministres, avait fait part de sa volonté d’engager une procédure de déguerpissement des habitants de toutes les zones réservées de l’État. Parmi les zones visées par cette décision, figurent quelques parcelles de Kouriah dans la préfecture de Coyah. Depuis, les occupants du domaine sont dans la stupeur. C’est en tout cas le constat fait par un journaliste de laguinee.info qui a rencontré sur place le chargé des négociations des occupants auprès des autorités dans la soirée d’hier mercredi, 9 décembre 2020.

L’annonce de cette décision gouvernementale est perçue comme un coup de tonnerre par les populations de Kouriah. Pour les occupants des domaines incriminés, il ne s’agit guère d’une réserve foncière de l’État. C’est en tout cas ce que pense Thierno Keita, rencontré sur place : « mon père a acheté ici depuis 1998 et s’est installé sur
cette terre. Ensuite j’ai aussi acheté un domaine et nous y avons déménagé depuis 2001 », rappelle-t-il.
Poursuivant, Thierno Keita parle même de manipulation dans cette affaire. « Ce problème est né suite à l’arrivée d’un marocain qui sollicitait une superficie de 2 hectares pour la construction d’une
usine en 2011. Par la complicité de l’ancien Maire de la Commune urbaine de Kouriah, monsieur  Koumila, ils ont réquisitionné 100 hectares pour motif que cette zone serait réservée par l’État pour y faire des industries. Nous avons dénoncé cette démarche malsaine et avons engagé une procédure auprès des autorités de Coyah. De multiples rencontres furent organisées sur instruction de l’ancien préfet Monsieur Ibrahima Barbosa. Lors d’une confrontation entre nous et les membres de l’habitat, l’équipe de Bakoyoko et Mr Sall, nous
avons exhibé tous les documents certifiant que nous avons légalement acheté avec des documents délivrés par ces mêmes autorités citées plus haut. Et, sur demande du préfet, les agents de l’habitat, complices des autorités locales, n’ont pas pu fournir le moindre document prouvant que cette zone est réservée par l’état », dit Thierno Keita.

Selon notre interlocuteur, après une dizaine des rencontres dont certaines avec le gouverneur de Kindia et la Direction Nationale de l’Habitat, les conclusions ont prouvé que nulle part dans les archives cette zone n’est classée réservée. Pour lui, le rebondissement dans ce dossier serait parti de l’interférence de certains cadres haut placés
: « c’est en 2017 que Monsieur Aboubacar Barry dit BIG UP, l’actuel ministre du Commerce a usé de son influence pour fabriquer un titre foncier farfelu pour prétendre que la zone serait reversée par l’État.
Après l’obtention de ce prétendu document arguant que ce domaine conflictuel est classé réservé par l’État, une nouvelle rencontre fut convoquée chez le Maire, a l’issue de laquelle ils ont présenté ce
document fabriqué de toutes pièces », a-t-il expliqué.
A la question de savoir dans quel état d’esprit se trouvent les occupants du domaine concerné, Thierno Keita répond: « nous sommes terrorisés aujourd’hui, car tous les jeunes qui ne sont pas arrêtés et détenus sont chassés. Nous avons reçu une lettre de préavis de déguerpir avant-hier avec seulement un délai de 8 jours. Mais depuis quelques jours nous sommes traqués comme des criminels et c’est pour cette raison même que vous nous rencontrez pendant que nous sommes hors de la zone pour nous sauver ».
Après avoir rappelé qu’ils avaient suivi toutes les procédures légales pour acquérir ces terres et qu’ils disposent de tous les documents légaux (de la donation au titre foncier) délivrés par les autorités
locales et nationales habilitées, il conclut en ces termes: « nous prions le gouvernement de bien vouloir prendre juste la quantité de terre dont il aura besoin et nous laisser le reste, car nous avions
même engagé une démarche d’entraide pour permettre aux premiers déguerpis d’avoir tous des espaces pour construire sur ce domaine qu’on avait cru avoir échappé à cette réquisition extrême du
gouvernent. Ici personne n’a des domaines clôturés dans le but de revendre quelque temps après. Nous avons tous acquis ces espaces pour vivre et y demeurer, car nous sommes aussi fils de ce pays et n’avons personne pour nous protéger et encadrer, que cet État qui nous détruits sans gêne ».Dans le souci d’avoir la version des autorités locales et préfectorales, le reporter de votre quotidien en ligne laguinee.info s’est rendu au bureau du secteur de Moriyakhory et à la Commune
Urbaine de Kouriah. Sur place, le tour de passe-passe est pour le moins déplaisant. Un fonctionnaire de la municipalité que nous avons
rencontré sur place a affirmé n’avoir aucun mot à dire sur cette affaire avant de renvoyer l’équipe de reportage au Maire de la Commune Rurale. Ce dernier a refusé de se prêter à nos questions, prétextant ne pouvoir parler qu’en présence d’une autorisation expressément délivrée par le gouvernement.

De retour de Kouriah, Coyah, Mamadou Saliou Balde envoyé spécial de Laguinee.info

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